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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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que nulle maladie n’avait
marqué. Elle portait une robe bleu clair brodée de saints auréolés et de croix,
ceinte d’une écharpe d’or ornée de glands et de clochettes d’argent, et, agrafée
par une broche en cristal, une cape blanche qui balayait le sol. Ses cheveux d’un
or resplendissant étaient tressés sur sa tête et retenus par des peignes d’ivoire.
En cette journée de printemps, la première où elle était coiffée, signe du
mariage, elle révélait son cou long et mince. Elle n’était que grâce.
    Elle croisa mon regard en avançant vers l’autel
drapé de blanc et ses yeux, déjà ravis, semblèrent pétiller plus encore. Elle
me sourit, j’en fis autant, et c’est avec un rire joyeux qu’elle rejoignit son
père et celui qui allait être son époux.
    — Elle est très éprise de toi, murmura
Gisela.
    — Nous sommes amis depuis qu’elle est
enfant.
    — C’est encore une enfant.
    Je me rappelle avoir pensé qu’Æthelflæd était
sacrifiée sur cet autel, mais si tel était le cas, c’était une victime plus que
consentante. Elle avait toujours été une enfant malicieuse et volontaire, et j’étais
certain qu’elle souffrait sous la férule austère de son père et le regard aigre
de sa mère. Pour elle, le mariage était l’occasion de fuir la cour sinistre et
dévote d’Alfred ; en ce jour, l’église résonnait de son bonheur. Je vis
pleurer Steapa, qui était peut-être le plus grand guerrier du Wessex. Comme moi,
il aimait beaucoup Æthelflæd.
    Il y avait près de trois cents personnes dans
l’église. Des envoyés étaient venus des royaumes francs de l’autre côté de la
mer, d’autres de Northumbrie, de Mercie, d’Eastanglie et des royaumes des
Galles. Et ces hommes, tous prêtres ou nobles, avaient eu droit aux places d’honneur
auprès de l’autel. Les ealdormen et les grands baillis de Wessex étaient là
aussi, mais les plus proches de l’autel étaient la horde sombre des prêtres et
des moines. J’entendis fort peu la messe, car Gisela et moi étions au fond et
parlions avec nos amis. De temps en temps, un prêtre ordonnait sèchement le
silence, mais personne n’y prêtait attention.
    Hild, l’abbesse du couvent de Wintanceaster, étreignit
Gisela. Mon épouse avait deux bonnes amies chrétiennes. La première était Hild,
qui avait naguère fui l’église pour être ma maîtresse, et l’autre Thyra, la
sœur de Ragnar, avec qui j’avais grandi et que j’aimais comme une sœur. Thyra
était dane, bien sûr, et avait été élevée dans la foi de Thor et d’Odin, mais
elle s’était convertie et était venue s’établir en Wessex. Elle était vêtue
comme une nonne, d’une austère robe grise dont la capuche dissimulait son
éblouissante beauté. Une ceinture noire prenait sa taille, habituellement aussi
fine que celle de Gisela, mais désormais ronde car elle était grosse d’enfant.
    — Encore un ? demandai-je en posant
la main sur son ventre.
    — Et bientôt, dit-elle.
    Elle avait donné naissance à trois enfants, dont
un seul, le garçon, avait vécu.
    — Ton époux est insatiable, me moquai-je.
    — C’est la volonté de Dieu, dit-elle.
    L’humour que je lui avais connu dans son
enfance l’avait quittée avec sa conversion, ou plus probablement quand elle
avait été réduite en esclavage à Dunholm par les ennemis de son frère. Elle
avait été violée et maltraitée par ses ravisseurs ; Ragnar et moi avions
pris Dunholm pour la délivrer, mais c’était la foi chrétienne qui l’avait
libérée de la folie qui l’habitait alors et en avait fait la femme sereine qui
me considérait aujourd’hui si gravement.
    — Et comment va ton mari ? demandai-je.
    — Bien, merci, dit-elle en s’éclairant.
    Thyra avait trouvé l’amour, non seulement de
Dieu mais aussi d’un brave homme, et j’en étais heureux.
    — Tu appelleras cet enfant Uhtred si c’est
un garçon, dis-je d’un ton sévère.
    — Si le roi le permet, dit-elle, nous le
baptiserons Alfred, et si c’est une fille ce sera Hild.
    Hild en versa des larmes, puis, Gisela
révélant qu’elle aussi était grosse, les trois femmes se lancèrent dans une
interminable discussion sur les enfants. Je les laissai pour retrouver Steapa, qui
dépassait toute l’assemblée de deux bonnes têtes.
    — Sais-tu que je dois chasser Erik et
Sigefrid de Lundene ? lui demandai-je.
    — J’ai ouï dire, répondit-il.
    — Tu viendras ?
    Je pris son rapide

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