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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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seigneur, même si
je suis un Gallois et un prêtre, et tu aurais mauvais gré à me tuer. J’aurais
trois coups devant moi avant que tu comprennes le danger. Alors oui, seigneur, je
te tuerais. Je posai ma main sur le crucifix.
    — Je le jure, dis-je.
    Et je fus de nouveau l’homme d’Alfred.

3
    Nous arrivâmes à Coccham le soir et Gisela, qui
aimait aussi peu les chrétiens que moi, fut conquise par le père Pyrlig. Il lui
fit des compliments extravagants et joua avec nos enfants. Nous en avions deux,
et nous avions eu de la chance, car les nouveau-nés avaient survécu tout comme
leur mère.
    Uhtred était l’aîné. Mon fils. Il avait quatre
ans et des cheveux du même or que les miens, un petit visage décidé avec un nez
camus, des yeux bleus et le menton volontaire. Je l’adorais alors. Ma fille
Stiorra avait deux ans. Je trouvais le nom étrange et il m’avait tout d’abord
déplu, mais Gisela m’avait supplié et je ne pouvais presque rien lui refuser, et
certainement pas le choix du prénom d’une fille. Stiorra signifiait simplement « étoile » :
Gisela m’avait juré que nous nous étions connus sous une bonne étoile et que
notre fille était née sous la même. À présent, je m’étais habitué à ce nom et
je l’aimais autant que l’enfant, qui avait les cheveux noirs, le long visage et
le sourire malicieux de sa mère. Elle était belle quand elle jouait avec mes
bracelets et que je la chatouillais.
    Je jouais avec elle la nuit qui précéda notre
départ pour Wintanceaster. C’était le printemps et la Temse avait décru. Les
prairies n’étaient plus inondées, et tout était nimbé d’une brume de verdure et
de jeunes pousses. Les premiers agneaux titubaient dans les champs et les
merles chantaient. Le saumon était de retour et nos nasses de saule tressé nous
fournirent d’abondance. Les poiriers de Coccham étaient en fleur et
grouillaient de bouvreuils que des garçonnets chassaient sans relâche pour que
nous ayons des fruits à l’été. C’était une belle saison, celle où le monde s’éveillait
et où j’avais été mandé dans la capitale d’Alfred pour les noces de sa fille
Æthelflæd et de mon cousin Æthelred.
    Cette nuit-là, alors que Stiorra chevauchait
mon genou, je songeai que j’avais promis d’offrir un cadeau de noces à Æthelred.
Une ville : Lundene.
    Gisela filait la laine. Elle avait haussé les
épaules quand je lui avais annoncé qu’elle ne serait point reine de Mercie, et
gravement opiné quand j’avais déclaré que je tiendrais mon serment à Alfred. Elle
acceptait le destin plus aisément que moi. Le destin et une bonne étoile, dit-elle,
nous avaient réunis alors que tout un monde nous séparait.
    — Si tu tiens ton serment, dit-elle
soudain, dois-tu reprendre Lundene à Sigefrid ?
    — Oui, dis-je, fasciné que ses pensées
rejoignent si souvent les miennes.
    — Le peux-tu ?
    — Oui.
    Sigefrid et Erik se trouvaient encore dans la
vieille ville, leurs hommes gardant les murailles romaines réparées avec des
palissades. Comme aucun navire ne pouvait désormais remonter la Temse sans
payer aux frères un octroi exorbitant, la circulation sur le fleuve avait cessé
et les marchands avaient découvert d’autres voies d’approvisionnement du Wessex.
Le roi Guthrum d’Estanglie avait menacé Sigefrid et Erik de guerre, mais n’était
pas passé aux actes. Guthrum ne voulait pas de conflit et cherchait seulement à
prouver à Alfred qu’il s’efforçait de respecter leur traité ; si Sigefrid
devait être chassé, ce serait aux Saxons de l’Ouest de s’en charger, et à moi
de les mener.
    J’avais formé mes plans. J’avais écrit au roi,
qui avait à son tour mandé les ealdormen des comtés, et j’avais reçu promesse
de quatre cents guerriers accomplis à ajouter à la fyrd de Berrocscire. La fyrd
était une armée de fermiers, forestiers et paysans, et bien que nombreuse elle
serait sans expérience. C’était sur les quatre cents hommes aguerris que je
devrais compter et, selon les espions, Sigefrid avait désormais au moins six
cents hommes sous ses ordres. Selon ces mêmes espions, Haesten était retourné à
son camp de Beamfleot, mais c’était proche de Lundene et il accourrait en
renfort, tout comme les Danes d’Estanglie qui réprouvaient la conversion de
Guthrum et voulaient qu’Erik et Sigefrid entreprennent leur guerre de conquête.
L’ennemi atteindrait le millier et serait versé dans

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