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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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côte à côte dans
le mur de boucliers avait renforcée.
    — Il n’y a personne d’autre que je
préférerais avoir avec moi, dis-je chaleureusement alors que nous nous étions
arrêtés pour rechausser nos bottes.
    — Je viens avec toi parce que je dois te
tuer.
    — Tu dois… quoi ?
    — Je dois te tuer… si tu es du côté de
Sigefrid.
    — Mais je ne le suis pas.
    — Il veut juste être sûr. Et puis le
moine, Asser, il dit qu’on ne peut pas te faire confiance. Alors si tu n’obéis
pas aux ordres, je dois te tuer.
    — Pourquoi me l’avoues-tu ?
    — Peu importe que tu saches ou non, de
toute façon je te tuerai quand même.
    — Non, corrigeai-je. Tu essaieras de me
tuer.
    Il réfléchit longuement.
    — Non, je te tuerai.
    Et je n’en doutais pas.
    Nous partîmes au
cœur de la nuit, sous un ciel chargé de nuages. Les cavaliers ennemis qui nous
surveillaient étaient rentrés dans la ville au crépuscule, mais, comme j’étais
sûr que Sigefrid avait encore quelques éclaireurs, nous passâmes par les marais.
Le chemin était difficile, mais le sol finit par être plus ferme et monta jusqu’à
un village en torchis et chaume où brûlaient des feux.
    Je poussai une porte et trouvai une famille
recroquevillée de terreur auprès de son âtre. Ils étaient terrifiés, car ils
nous avaient entendus et savaient que rien ne marche la nuit, hormis les
créatures meurtrières et de mauvais augure.
    — Comment s’appelle ce lieu ? demandai-je.
    Un homme finit par me répondre qu’il se
nommait Padintune.
    — Padintune ? Le domaine de Padda ?
Est-il là ?
    — Il est mort, seigneur, dit l’homme, il
y a des années. Personne ici ne sait plus qui il était.
    — Nous étions amis, dis-je, mais
quiconque quitte sa maison ne sera pas mon ami. (Il ne fallait surtout pas qu’un
villageois file à Lundene alerter Sigefrid.) Tu as compris ?
    — Oui, seigneur.
    — Quiconque quitte sa maison est un homme
mort.
    Je rassemblai mes hommes dans la ruelle et fis
placer par Finan un homme devant chaque masure.
    — Personne ne doit sortir, ordonnai-je. Ils
peuvent dormir chez eux, mais personne ne doit quitter le village.
    — On ne doit pas marcher au nord ? questionna
Steapa dans l’obscurité.
    — Si, mais nous n’y allons pas, rétorquai-je.
Donc tu dois me tuer, car je désobéis aux ordres.
    — Ah…, grogna-t-il avant de s’accroupir.
    — Tu pourrais dégainer ton épée et m’étriper,
proposai-je. Un coup dans le ventre ? Sois prompt, Steapa. Ouvre-moi le
ventre et remonte la lame jusqu’au cœur. Mais laisse-moi tirer mon épée le
premier, je te prie. Je te promets de ne pas m’en servir contre toi. Je veux
juste arriver armé au banquet d’Odin quand je serai mort.
    — Jamais je ne te comprendrai, Uhtred, gloussa-t-il.
    — Je suis une âme simple, répondis-je. Je
veux simplement rentrer chez moi.
    — Pas au château d’Odin ?
    — À la fin, oui, mais pour l’heure, chez
moi.
    — En Northumbrie ?
    — Où je possède une forteresse au bord de
la mer, dis-je pensivement. (Je songeai à Bebbanburg sur son éperon rocheux et
à la mer grise déferlant sans fin sur les rochers dans le vent froid du nord et
les cris des mouettes.) Chez moi.
    — Celle que ton oncle t’a volée ? s’enquit-il.
    — Ælfric, dis-je d’un ton vengeur.
    Je repensai au destin. Ælfric, le cadet de mon
père, était resté à Bebbanburg alors que j’accompagnais mon père à Eoferwic. J’étais
un enfant. Mon père était mort devant Eoferwic sous une lame dane, et j’avais
été donné en esclave à Ragnar l’Ancien, qui m’avait élevé comme un fils, et mon
oncle, outrepassant la volonté de mon père, avait gardé Bebbanburg pour lui
seul. Cette traîtrise me rongeait le cœur et nourrissait une soif de vengeance.
    — Un jour, dis-je à Steapa, j’éventreraiÆlfric de bas en haut et je le regarderai mourir, mais pas trop vite. Je ne
lui percerai point le cœur. Je le regarderai agoniser et je lui pisserai dessus.
Puis je tuerai ses fils.
    — Et ce soir, qui tueras-tu ?
    — Ce soir, nous prenons Lundene.
    Je ne voyais pas son visage dans le noir, mais
je sentis qu’il souriait.
    — J’ai dit à Alfred qu’il pouvait te faire
confiance, lâcha-t-il.
    Je souris à mon tour. Quelque part dans le
hameau, un chien hurla et se tut.
    — Mais je ne suis pas sûr qu’il puisse, dis-je
après un long silence.
    — Pourquoi ? s’étonna

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