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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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l’Irlandais
approche avec son épée à la main, combien de temps estimes-tu que le jeune
Osferth vivra ?
    — Il aura de la chance s’il tient un jour,
précisa Finan, pensant que je lui demandais combien de temps il tiendrait dans
la bataille.
    — Tu vois ? dis-je au prêtre. Il est
malade. Il va mourir. Tu annonceras au roi que je partagerai sa peine. Et
signale-lui aussi que plus mon cousin attend, plus l’ennemi se renforce à
Lundene.
    — C’est le temps, seigneur, expliqua
Cuthbert. Le seigneur Æthelred ne parvient point à trouver assez de vivres.
    — Dis-lui qu’il y en a à Lundene.
    Æthelred finit par arriver à la mi-avril. Nos
troupes comptaient désormais presque huit cents hommes, dont seulement quatre
cents étaient utiles. Le reste provenait de la fyrd de Berrocscire ou des
terres de Mercie qu’Æthelred avait héritées de son père, le frère de ma mère. Ces
hommes étant des paysans, ils étaient armés de haches ou d’arcs de chasse. Quelques-uns
possédaient épée ou lance, et moins encore tout au plus une cotte de cuir. Une
houe est une arme redoutable dans une bagarre de rue, mais elle est impuissante
à abattre un Viking en maille armé d’un bouclier, d’une hache et de ses deux
épées.
    Les hommes utiles étaient ma garde, soit
autant que ceux d’Æthelred, et trois cents des gardes d’Alfred, menés par le
redoutable Steapa. C’étaient ces hommes aguerris qui mèneraient le vrai combat,
tandis que les autres ne servaient qu’à donner l’impression du nombre.
    Pourtant, Sigefrid et Erik sauraient évaluer
la menace. Durant l’hiver et le début du printemps, des voyageurs étaient
remontés de Lundene et certains étaient d’évidence des espions. Les deux frères
sauraient combien d’hommes nous possédions, lesquels étaient de vrais guerriers,
et ces mêmes espions avaient dû leur dire quand nous avions traversé le fleuve.
    Il nous fallut toute la journée pour passer
sur la rive nord en amont de Coccham. Æthelred pesta devant ce retard, mais le
gué, infranchissable durant l’hiver, était de nouveau en eau, et il fallut
convaincre les chevaux puis charger les vivres sur des navires, sauf celui d’Æthelred,
qui prétendit ne pas pouvoir prendre de fret.
    L’ Heofonhlaf était le plus petit de ses navires fluviaux, et Æthelred avait fait dresser un
dais à la poupe juste devant le timon. Il y avait coussins et peaux, une table
et des escabeaux, et c’est là qu’Æthelred passa la journée à contempler la
traversée pendant que des serviteurs lui apportaient ale et nourriture.
    À ma grande surprise, Æthelflæd accompagnait
son époux. Je l’avais vue sur le pont et elle m’avait salué de la main. À midi,
Gisela et moi fûmes mandés auprès de son mari, qui accueillit mon épouse comme
une vieille amie et fit chercher une cape de fourrure pour elle. Æthelflæd, témoin
de toutes ses prévenances, me jeta un regard perplexe.
    — Tu retournes à Wintanceaster, ma dame ?
    Comme elle était devenue femme et épouse d’ealdorman,
je lui devais cette déférence.
    — Je viens avec vous, dit-elle sans
émotion.
    — Tu viens… ? commençai-je.
    — Mon époux le désire, répondit-elle très
cérémonieusement, avant de me sourire brièvement comme l’enfant qu’elle avait
été et d’ajouter : Et cela me plaît. Je veux voir une bataille.
    — Une bataille n’est point un lieu pour
une dame.
    — Ne t’inquiète pas pour la femme ! cria
Æthelred, qui m’avait entendu depuis le pont. Mon épouse ne craindra rien, je
le lui ai assuré.
    — La guerre n’est pas faite pour les
femmes, insistai-je.
    — Elle souhaite voir notre victoire, répliqua-t-il,
et elle la verra, n’est-ce pas, ma petite cane ?
    — Coin-coin, murmura Æthelflæd à voix si
basse que je l’entendis à peine.
    Il y avait de l’aigreur dans sa voix, mais je
la vis sourire suavement à son époux.
    — Je viendrais si je pouvais, dit Gisela
en touchant son ventre.
    L’enfant n’était pas encore né.
    — Tu ne le peux, répondis-je.
    Elle m’adressa une grimace moqueuse puis nous
entendîmes un beuglement depuis la proue du navire.
    — On ne peut donc point dormir ? cria
la voix. Espèce de bout de cul de Saxon ! Tu m’as réveillé !
    Le père Pyrlig dormait sous la petite
plate-forme de proue, et un malheureux l’avait réveillé. Le Gallois sortit dans
le soleil et cligna des paupières.
    — Bon Dieu, dit-il d’un ton

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