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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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regard et me fit un petit sourire entendu.
    — Aucun de vous n’a le courage de
combattre au côté d’Uhtred ? demanda Æthelflæd aux soldats. (Elle avait
quatorze ans, était pâle et menue, mais sa voix était celle d’une souveraine.) Mon
père voudrait que vous montriez du courage, cette nuit ! Ou bien dois-je
retourner à Wintanceaster et lui dire que vous êtes demeurés auprès de vos feux
pendant qu’Uhtred combattait ? ajouta-t-elle en regardant Egbert.
    — Vingt hommes ? demandai-je.
    — Donne-lui-en davantage ! dit
Æthelflæd.
    — Il n’y a de place dans les navires que
pour quarante, dis-je.
    — Alors qu’on lui en donne quarante !
    — Ma dame…, hésita Egbert, qui se tut en
voyant Æthelflæd lever la main.
    — Puis-je te faire confiance, seigneur
Uhtred ? me demanda-t-elle.
    La question parut étrange venant d’une enfant
que j’avais connue toute petite et elle me fit sourire.
    — Tu le peux.
    Il y eut un silence gêné. Egbert se racla la
gorge et fixa le sol.
    — Je n’ai jamais désobéi à ton père, dis-je.
    — Il craint que ta loyauté ne soit à
vendre, répondit-elle.
    — Il a ma parole.
    — Et je la veux moi aussi, dit-elle en
tendant une main menue.
    — Que dois-je jurer ? questionnai-je.
    — Que tu tiendras ta parole donnée à mon
père, que tu jures loyauté au Saxon sur le Dane, et que tu combattras pour la
Mercie, quand la Mercie le demandera.
    — Ma dame…, commençai-je, stupéfait de l’ampleur
de ses exigences.
    — Egbert ! coupa-t-elle. Tu ne
donneras nul homme au seigneur Uhtred s’il ne jure pas de servir la Mercie tant
que je vivrai.
    — Non, ma dame, murmura Egbert.
    « Tant que je vivrai » ? Pourquoi
avait-elle dit cela ? Je me rappelle m’être posé la question, je me
rappelle avoir aussi pensé que mon plan pour m’emparer de Lundene était enjeu. Æthelred
m’avait dépouillé des hommes dont j’avais besoin, et Æthelflæd avait le pouvoir
de me rendre mes soldats, mais pour remporter la victoire, je devais prêter un
serment de plus auquel je me refusais. Je ne me souciais guère de la Mercie. Mais
ce qui m’importait cette nuit, c’était de faire franchir le pont de la mort à
mes hommes pour prouver que j’en étais capable. Ce dont je me souciais, c’était
de ma réputation, de mon nom. De la gloire.
    Je tirai Souffle-de-Serpent, sachant que c’était
pour cela qu’elle tendait la main, et lui offris l’arme, pommeau en avant. Puis
je m’agenouillai et refermai mes mains sur les siennes posées sur la garde.
    — Je le jure, ma dame.
    — Tu jures que tu serviras fidèlement mon
père ?
    — Oui, ma dame.
    — Et que tu serviras la Mercie tant que
je vivrai ?
    — Tant que tu vivras, ma dame, dis-je, à
genoux dans la vase en songeant que j’étais un sot.
    Je voulais être au nord, libéré de la piété d’Alfred,
avec mes amis, et pourtant j’étais là à jurer fidélité aux ambitions d’Alfred
et de sa fille aux cheveux d’or.
    — Je le jure, dis-je.
    — Donne-lui des hommes, Egbert, ordonna-t-elle.
    Il m’en donna trente et, je le reconnais, c’étaient
les plus jeunes et les plus robustes. J’avais désormais soixante-dix hommes et
le père Pyrlig.
    — Merci, ma dame.
    — Tu pourrais me récompenser, dit-elle en
reprenant son ton d’enfant malicieuse.
    — Comment ?
    — En m’emmenant avec toi.
    — Jamais !
    — Es-tu fâché contre moi ? demanda-t-elle,
surprise de la dureté de ma réponse.
    — Non, contre moi-même.
    — Uhtred ! s’écria-t-elle, désolée.
    — Je respecterai mes serments, ma dame, dis-je.
    J’étais furieux d’avoir dû les renouveler, mais
au moins j’avais soixante-dix hommes à bord de deux navires pour prendre une ville.
    J’étais à bord du navire de Ralla, celui que
nous avions pris à Jarrel, le Dane dont le cadavre pendu n’était depuis
longtemps plus que squelette. Ralla tenait la barre.
    — Je ne sais pas si nous devrions faire
cela, seigneur, me dit-il.
    — Pourquoi ?
    — L’eau est rapide. Elle va couler par la
brèche comme cascade. Même en eau calme, seigneur, cette brèche est traîtresse.
    — File droit, et prie le dieu auquel tu
crois, quel qu’il soit.
    — À condition de voir la brèche, répondit-il
en scrutant derrière le navire d’Osric. Je l’ai vu faire au jusant, mais en
plein jour et pas par temps de crue.
    — La marée descend ? demandai-je.
    — Comme

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