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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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encore en me voyant
avancer.) Egbert !
    Egbert se contenta d’arrêter ses hommes de la
main, sachant que si la moindre lame était tirée une bagarre s’ensuivrait. Il
eut le bon sens d’éviter ce massacre, mais Aldhelm ne l’eut pas.
    — Gueux impertinent ! me dit-il en
sortant un couteau et en le brandissant.
    Je lui brisai la mâchoire, le nez, les deux
mains et peut-être quelques côtes avant qu’Egbert me retienne. Quand Aldhelm
fit ses excuses à Gisela, ce fut en crachant ses dents dans un filet de sang, et
l’urne resta dans notre cour. Je donnai aux filles de cuisine son couteau, sans
doute parfait pour couper les oignons.
    Et le lendemain, Alfred arriva.
    Son navire accosta à
un quai en amont du pont. L’ Haligast attendit qu’un navire marchand s’en
aille pour toucher quai, mené par ses efficaces rameurs. Alfred, accompagné d’une
vingtaine de prêtres et moines et escorté de six hommes, débarqua sans se faire
annoncer, enjamba un ivrogne et passa par la petite porte du mur menant dans la
cour d’un marchand.
    J’appris qu’il était allé au palais. Æthelred
ne s’y trouvait pas, étant à la chasse, mais le roi se rendit dans la chambre
de sa fille et y resta longtemps. Ensuite, il redescendit la colline et, toujours
en compagnie de ses clercs, vint à notre demeure. J’étais parti surveiller les
réparations des murailles, mais Gisela, avertie de sa présence et se doutant qu’il
viendrait, avait préparé un repas de pain, fromage, bouillie de lentilles et ale.
Elle ne lui proposa point de viande, car Alfred n’en aurait pas mangé. Son
estomac était délicat et ses boyaux qui le faisaient constamment souffrir l’avaient
convaincu que la viande était une abomination.
    Gisela avait mandé une servante m’avertir de l’arrivée
royale, et je rentrai chez moi dans une cour envahie de frocs noirs, dont le
père Pyrlig et Osferth qui me lança un regard aigre, comme si j’étais
responsable de son retour dans le sein de l’Église.
    — Æthelred n’a rien dit de toi dans son
rapport au roi, me murmura Pyrlig en m’étreignant.
    — Nous n’étions pas là quand la ville est
tombée ?
    — Selon ton cousin, non, gloussa Pyrlig. Mais
j’ai dit la vérité à Alfred. Va, il t’attend.
    Alfred était assis sur un siège en bois sur la
terrasse, ses gardes alignés contre le mur. Je m’arrêtai à la porte, surpris de
voir une expression animée sur son visage habituellement pâle et solennel. Gisela,
auprès de lui, écoutait le roi qui lui parlait, penché vers elle. Je restai à
contempler ce spectacle des plus rares : Alfred heureux. Il appuya ses
paroles en tapotant de l’index sur le genou de mon épouse. Le geste n’avait
rien d’indécent, mais il lui ressemblait peu.
    Mais peut-être que cela lui ressemblait, finalement.
Alfred avait été un grand séducteur avant d’être pris au piège de la foi
chrétienne et Osferth était l’un des résultats de ses débauches de jeunesse. Alfred
aimait les jolies femmes, et il était évident que Gisela lui plaisait. J’entendis
soudain rire mon épouse et Alfred, flatté de son amusement, sourit timidement. Il
semblait ne pas se froisser qu’elle ne soit point chrétienne et porte au cou
une amulette païenne : il était simplement heureux de sa compagnie et je
fus tenté de les laisser seuls. Je ne l’avais jamais vu heureux en compagnie d’Ælswith,
sa glapissante fouine d’épouse.
    Il m’aperçut soudain. Son expression changea
aussitôt. Il se raidit, se redressa et à contrecœur me fit signe d’avancer.
    Je pris un tabouret et entendis le chuintement
des épées qu’on dégaine. Alfred fit signe à ses hommes, sachant que je ne
risquais point de l’attaquer en usant d’un tabouret de traite. Je confiai mes
épées à l’un d’eux en signe de respect et m’approchai.
    — Seigneur Uhtred, me salua-t-il d’une
voix glaciale.
    — Bienvenue dans notre demeure, seigneur,
dis-je en m’inclinant avant de m’asseoir, dos au fleuve.
    Il resta un moment sans parler. Il portait une
cape brune étroitement ramenée sur lui, une croix d’argent au cou, et un mince
cercle de bronze couronnait ses cheveux rares. J’en fus surpris, car il
arborait rarement les signes de sa royauté, les jugeant vains, mais il avait dû
décider que Lundene avait besoin de voir un roi. Il dut sentir ma surprise, car
il l’ôta.
    — J’espérais, dit-il, que les Saxons de
la nouvelle ville abandonneraient

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