Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
Vom Netzwerk:
à la ferme. Je les gardais à Lundene pour
renforcer les murs de la cité. Je serais rentré si j’avais été sûr qu’Æthelred
s’en charge, mais il semblait ne pas remarquer les faiblesses des défenses. Sigefrid
les avait réparées par endroits ainsi que les portes, mais il restait beaucoup
à faire. L’antique maçonnerie s’effritait et s’était même écroulée parfois dans
les fossés, et mes hommes coupèrent des arbres pour édifier des palissades. Puis
nous curâmes le fossé de la boue et y plantâmes des pieux pointus pour
accueillir les éventuels assaillants.
    Alfred fit ordonner que toute la vieille cité
soit rebâtie. Les bâtiments romains en bon état devaient être conservés, mais
les ruines abattues et remplacées par des constructions de bois et de chaume ;
or nous n’avions ni les hommes ni les fonds pour cela. Alfred s’était imaginé
que les Saxons de la ville nouvelle, non fortifiée, viendraient s’installer
derrière les remparts de l’ancienne Lundene ; mais ils craignaient
toujours les fantômes des Romains et refusèrent de quitter leurs foyers. Les
hommes de la fyrd avaient tout aussi peur, mais plus encore de moi ; ils
restèrent donc à travailler.
    Æthelred ne remarqua rien de mon travail. Son
mal avait dû lui passer, car il était fort occupé à chasser. Chaque jour, il
partait à cheval dans les collines poursuivre le cerf. Il n’emmenait jamais
moins de quarante hommes, car il y avait risque que quelque bande de Danes
vienne marauder près de Lundene. Ces bandes étaient nombreuses, mais le destin
ne voulut pas que l’une d’entre elles attaque Æthelred.
    Chaque jour, je voyais sur les collines des
guetteurs à cheval nous épier avant d’aller faire, sans nul doute, leur rapport
à Sigefrid.
    Je reçus des nouvelles de lui. On m’apprit qu’il
était en vie mais que sa blessure l’affligeait tant qu’il ne pouvait ni marcher
ni se lever. Il avait trouvé refuge avec son frère et Haesten à Beamfleot, d’où
ils envoyaient des expéditions à l’estuaire de la Temse. Les navires saxons n’osaient
pas faire voile vers la Franquie, car les Norses étaient d’humeur vengeresse
après leur défaite de Lundene. Un navire dane à proue de dragon s’aventura même
sur la Temse pour nous narguer depuis le pont brisé. L’équipage mit à mort un
par un des captifs saxons sous nos yeux. J’envoyai Finan et une dizaine d’hommes
sur le pont avec un pot à feu pour tirer des flèches enflammées sur les intrus.
Tous les navigateurs redoutent le feu, et les flèches, qui les manquèrent pour
la plupart, les convainquirent cependant de s’éloigner hors de portée. Ils y
restèrent en continuant leurs exécutions. Ils ne partirent que lorsque j’eus
rassemblé un équipage sur l’un des bateaux que nous leur avions pris.
    D’autres navires de Beamfleot traversaient le
large estuaire pour débarquer des hommes en Wessex. Cette région avait
autrefois été le royaume de Cent, avant sa conquête par les Saxons, et bien que
les habitants fussent saxons ils parlaient avec un curieux accent. La contrée
avait toujours été sauvage, tournée vers l’autre côté de la mer et victime des
expéditions des Vikings. À présent, les hommes de Sigefrid y débarquaient et
pillaient loin dans les terres, prenant esclaves et incendiant villages. Un
messager nous vint de Swithwulf, évêque de Hrofeceaster, pour demander de l’aide.
    — Les païens étaient à Contwaraburg, m’annonça
tristement le jeune prêtre.
    — Ont-ils tué l’archevêque ? m’enquis-je.
    — Il n’était pas là, seigneur, Dieu merci,
dit-il en se signant. Les païens étaient partout et personne n’est à l’abri. L’évêque
Swithwulf demande ton aide.
    Je ne pouvais pas. J’avais besoin de mes
hommes pour garder Lundene, et aussi pour protéger ma famille, car une semaine
après la chute de Lundene, Gisela, Stiorra et une demi-douzaine de servantes
étaient arrivées. J’avais envoyé Finan et trente hommes les escorter sur le
fleuve, et la maison de la Temse se réchauffait des rires des femmes.
    — Tu aurais pu nettoyer, me gronda Gisela.
    — Je l’ai fait !
    — Et qu’est cela ? fit-elle en
désignant un plafond.
    — Des toiles d’araignées qui soutiennent
les poutres.
    Elles furent balayées, et les feux allumés
dans la cuisine. Dans la cour, à l’angle d’un auvent, se trouvait une vieille
urne en pierre débordant d’ordures. Gisela la vida

Weitere Kostenlose Bücher