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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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équipage de cinquante ? suggéra-t-il.
    — Peut-être davantage, répondis-je. Soixante-dix ?
    Nous étions quarante-trois, et tous, sauf nous
quinze, étaient dissimulés dans la cale, couverts d’une vieille toile de voile,
comme si nous transportions sel ou grain qui doit être protégé de la pluie.
    — Ce sera un beau combat s’ils sont
autant, se réjouit Finan.
    — Il n’y en aura point, parce qu’ils ne
seront pas prêts, répondis-je.
    C’était vrai : nous avions l’air d’une
proie facile, avec notre poignée d’hommes sur un vaisseau ventru. Le loup nous
prendrait par le flanc, une dizaine d’hommes sauteraient à notre bord pendant
que les autres contempleraient le massacre. Du moins l’espérais-je. Les autres
pouvaient aussi être armés, bien sûr, mais ils ne s’attendraient pas à la
bataille, et mes hommes étaient plus que prêts.
    — N’oubliez pas ! rappelai-je à ceux
qui étaient cachés. Nous les tuons tous !
    — Même les femmes ? demanda Finan.
    — Non, dis-je, doutant qu’il y en eût à
bord.
    — Pourquoi tous, seigneur ? interrogea
Sihtric.
    — Pour qu’ils apprennent à nous craindre.
    À l’horizon, l’or pâlissait. Le soleil était
sorti des nuages et la mer scintillait.
    — Sur tribord, criai-je, nagez en
désordre !
    Les rameurs sourirent et entreprirent de
frapper l’eau gauchement tout en faisant virer notre navire de bord pour donner
l’impression que nous tentions de fuir. Ce que nous aurions raisonnablement dû
faire si nous avions été aussi innocents et vulnérables que nous en avions l’air,
aurait été de ramer jusqu’à la rive sud, échouer le navire et détaler à terre. Au
lieu de quoi nous faisions semblant d’essayer de ramer à contre-courant dans un
grand fracas de rames entrechoquées, comme si nous étions aussi maladroits que
terrifiés.
    — Il a mordu à l’hameçon, dis-je à mes
hommes.
    Le Viking se précipitait droit sur nous en
ramant à toute force. Nous continuâmes de feindre la panique, nous agitant
beaucoup pour avancer peu. Au loin à l’ouest, où le ciel était assombri par les
fumées de Lundene, je distinguais un petit trait noir que je savais être le mât
d’un autre navire venant vers nous. L’ennemi aussi devait l’avoir aperçu et se
demander s’il était ennemi ou ami.
    Cela n’avait pas d’importance, car il lui
suffirait de quelques minutes pour s’emparer de notre navire marchand
sous-équipé. Et il faudrait une heure avant que la marée descende et que ce
second navire n’ait plus à ramer à contre-courant. Le Viking arrivait à vive
allure, ramant bien à l’unisson, mais à telle vitesse ses hommes seraient aussi
fatigués que peu préparés quand ils nous atteindraient. Sa fière figure de
proue était un aigle au bec ouvert et peint en rouge, comme s’il venait de
déchiqueter une proie. Au-dessous, une dizaine d’hommes s’amassaient : c’étaient
ceux qui devaient nous aborder et nous tuer.
    Vingt rames par bord, cela faisait quarante
hommes. S’y ajoutait ce groupe, ainsi que deux hommes à la barre.
    — Entre cinquante et soixante, criai-je.
    Les rameurs ennemis ne portaient point de
maille. Ils ne comptaient pas se battre, et la plupart devaient avoir leurs
armes et boucliers à leurs pieds dans la cale.
    — Cessez de nager ! ordonnai-je. Rameurs,
debout !
    Le Viking était tout près. J’entendais le
grincement des écoutes et le fracas des rames. Je vis les lames des haches
scintiller et les visages casqués de ces hommes qui croyaient nous tuer. Mes
rameurs couraient en tout sens en feignant la panique. Sur un dernier coup de
rame du Viking, j’entendis le capitaine donner l’ordre de rentrer les avirons, tandis
que le navire glissait vers nous et que les hommes de proue levaient leurs
boucliers.
    J’attendis que l’ennemi soit trop près pour
pouvoir nous éviter, puis je donnai mon ordre.
    La voile fut arrachée et soudain notre petit
navire se hérissa d’hommes en armes. Je défis ma cape, et Sihtric me tendit mon
casque et mon bouclier. Sur le navire ennemi, un homme donna l’alerte et le
timonier pesa de tout son poids sur la barre. Le Viking vira à peine, trop tard,
et sa proue vint fracasser nos rames.
    Depuis la proue, Clapa lança un grappin pour
arrimer l’ennemi. Mes hommes, des guerriers expérimentés, portant maille et
avides de massacre, sautèrent à son bord sur les rameurs qui ne s’y attendaient
point. La dizaine

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