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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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avait toujours adoré ses enfants. Je l’avais
vu jouer avec eux. Sa religion lui permettait pourtant d’humilier une fille qu’il
aimait ? Parfois, quand je prie mes dieux, je les remercie avec ferveur de
m’avoir permis d’échapper au dieu d’Alfred.
    Erkenwald finit par ne plus savoir que dire. Il
se tut. Alfred se leva et se tourna vers nous.
    — La parole de Dieu…, dit-il en souriant.
(Les prêtres marmonnèrent des prières, puis Alfred secoua la tête comme pour l’en
débarrasser des questions religieuses.) La cité de Lundene est désormais
revenue à la Mercie. J’en ai confié le gouvernement civil à l’évêque Erkenwald,
et le seigneur Uhtred sera chargé de sa défense, dit-il en nous désignant tour
à tour.
    L’évêque s’inclina, mais je restai droit, Æthelflæd,
qui devait ignorer ma présence, se retourna alors en entendant mon nom. Je lui
adressai un clin d’œil et elle sourit. Æthelred n’en vit rien : il faisait
exprès de m’ignorer.
    — La cité, continua Alfred d’une voix
soudain glaciale car il avait surpris notre manège, sera bien sûr sous l’autorité
de mon bien-aimé gendre. Elle deviendra plus tard un joyau parmi ses
possessions, mais pour l’heure il a gracieusement accepté qu’elle soit
administrée par des hommes d’expérience. (Autrement dit, Lundene faisait partie
de la Mercie, mais Alfred n’avait nulle intention de la laisser quitter les
mains du Wessex.) L’évêque Erkenwald aura autorité pour fixer les octrois et
impôts, et les revenus seront répartis par tiers entre le gouvernement, l’Église
et la défense. Je sais que sous l’égide de l’évêque et avec l’aide du
Tout-Puissant, nous pourrons élever une ville qui glorifie le Christ et Son
Église.
    Je ne connaissais pas la plupart des hommes
présents, car c’étaient presque tous des thanes merciens mandés à Lundene
auprès d’Alfred. Aldhelm avait toujours le visage violacé et tuméfié par les
coups que je lui avais donnés. La convocation ayant été soudaine, peu de thanes
avaient fait le voyage ; ils écoutaient courtoisement Alfred, mais la
plupart étaient déchirés entre deux maîtres. La Mercie du Nord était sous
souveraineté dane et seule la partie sud, bordant le Wessex, pouvait être
qualifiée de terre saxonne libre, bien que constamment harcelée. Un thane
mercien qui voulait rester en vie, épargner l’esclavage à sa fille et son
bétail aux pillards, devait payer tribut aux Danes ainsi que des impôts à Æthelred :
en raison de ses possessions, de son mariage et de son lignage, il était de
plus haut rang qu’eux. Il aurait pu se faire appeler roi s’il en avait eu envie
– et il en avait envie. Mais pas Alfred ; et sans le roi, Æthelred n’était
rien.
    — Notre intention, reprit Alfred, est de
débarrasser la Mercie de ses envahisseurs païens. Pour cela, nous devions nous
emparer de Lundene et mettre un terme aux expéditions des navires norses sur la
Temse. À présent nous devons conserver Lundene. Comment allons-nous le faire ?
    La réponse était évidente, mais cela n’empêcha
pas une grande discussion qui tourna en rond. Je n’y pris point part. Je m’adossai
au mur du fond et notai quels thanes étaient enthousiastes, et lesquels
réservés. De temps en temps, l’évêque me lorgnait, se demandant d’évidence
pourquoi je me taisais. Æthelred écouta attentivement et finit par résumer :
    — La cité, seigneur, dit-il, a besoin d’une
garnison de deux mille hommes.
    — Merciens, dit Alfred, car ils doivent
être de Mercie.
    — Certes, s’empressa d’opiner Æthelred
alors que bien des thanes semblaient dubitatifs.
    Alfred s’en rendit compte lui aussi et s’adressa
à moi :
    — Ce sera ta responsabilité, seigneur
Uhtred. N’as-tu point d’opinion ?
    Je me retins de bâiller.
    — J’ai mieux que cela, seigneur. Je puis
t’exposer les faits.
    Alfred haussa les sourcils d’un air
réprobateur :
    — Eh bien ?
    — Quatre hommes pour chaque perche.
    Une perche mesurait six pas et cette
proportion était une décision d’Alfred et non de moi. Quand il avait ordonné
que les burhs soient édifiés, il avait méticuleusement calculé combien d’hommes
seraient nécessaires pour défendre chacun d’eux, et la longueur des murailles
avait permis d’obtenir ce chiffre. Les murs de Coccham mesurant mille quatre
cents pas, mes gardes et la fyrd devaient fournir mille hommes pour sa défense.
Mais

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