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Le Chant de l'épée

Le Chant de l'épée

Titel: Le Chant de l'épée Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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deux premiers et je priais chaque jour pour qu’il
en soit de même au troisième.
    — Je vomis chaque matin, dit Æthelflæd, puis
je me sens bien le reste du jour. (Elle toucha son ventre, puis elle caressa
celui de Gisela qui était distendu.) Tu dois me parler de l’enfantement, dit-elle
avec inquiétude. C’est douloureux, n’est-ce pas ?
    — Une femme oublie la souffrance, car
elle est inondée de joie.
    — Je déteste souffrir.
    — Il y a des herbes, tenta de la
convaincre Gisela, et on éprouve tant de bonheur quand l’enfant naît…
    Elles parlèrent pendant que, adossé au mur de
brique, je contemplais le pan de ciel bleu entre les poiriers. La femme qui
nous avait amenés nous avait laissés. Quelque part derrière le mur, un homme
donnait des ordres à des recrues qui s’entraînaient. Je pensai à la ville
nouvelle, la Lundene hors les murs, que les Saxons avaient faite leur. Ils
voulaient que j’y édifie une nouvelle palissade et la défende de ma garnison, mais
je refusais, conformément aux ordres d’Alfred et parce que, une fois la ville
ceinte d’un rempart, les murailles auraient été trop nombreuses à défendre. Quelques-uns
étaient venus s’établir dans la vieille ville, recherchant ma protection et
celle des remparts romains, mais la plupart s’étaient entêtés à demeurer chez
eux.
    — À quoi penses-tu ? questionna
soudain Æthelflæd.
    — Il remercie Thor d’être un homme et de
ne point avoir à enfanter, répondit Gisela.
    — C’est vrai, et je me disais que si des
gens préfèrent mourir dans la ville nouvelle plutôt que vivre dans l’ancienne, nous
n’avons qu’à les laisser faire.
    Æthelflæd sourit et vint me rejoindre. Elle
était pieds nus et semblait si menue.
    — Tu ne bats point Gisela, n’est-ce pas ?
me demanda-t-elle.
    — Non, ma dame, souris-je.
    Æthelflæd continua de me regarder. Elle avait
des yeux bleus mouchetés de brun, un petit nez et de jolies lèvres. Ses marques
avaient disparu, même s’il subsistait une trace plus sombre sur une joue. Elle
semblait fort grave, et des mèches d’or sortaient de sous sa coiffe.
    — Pourquoi ne m’as-tu point mise en garde,
Uhtred ?
    — Parce que tu ne le voulais point.
    Elle hocha la tête après réflexion.
    — Non, c’est vrai. C’est moi qui me suis
enfermée toute seule dans cette cage.
    — Eh bien, rouvre-la.
    — Je ne puis.
    — Non ? demanda Gisela.
    — Dieu en détient la clé.
    — Je n’ai jamais aimé ton dieu.
    — Il n’est pas étonnant dès lors que mon
époux dise que tu es mauvais, rétorqua-t-elle.
    — Le dit-il ?
    — Il dit que tu es méchant et traître.
    Je souris sans répondre.
    — Entêté, continua Gisela, simple d’esprit
et brutal.
    — C’est tout moi, dis-je.
    — Et très gentil, acheva-t-elle.
    — Il te craint, dit Æthelflæd, et Aldhelm
te hait. Il te tuerait s’il pouvait.
    — Il peut essayer.
    — Aldhelm veut que mon époux soit roi.
    — Et qu’en pense Æthelred ?
    — Il aimerait.
    Cela ne me surprit point. La Mercie manquait d’un
roi, Æthelred pouvait donc prétendre au trône ; mais mon cousin n’était
rien sans le soutien d’Alfred et Alfred ne voulait pas de roi en Mercie.
    — Pourquoi ton père ne se déclare-t-il
point simplement roi de Mercie ? demandai-je.
    — Je crois qu’il le fera, un jour.
    — Pas maintenant ?
    — La Mercie est une fière contrée, et
tous les Merciens n’aiment pas le Wessex.
    — Et tu es là afin qu’ils l’aiment ?
    — Peut-être que mon père veut que son
petit-fils soit roi de Mercie, dit-elle en touchant son ventre. Un roi avec du
sang de Saxon ?
    — Et du sang d’Æthelred, dis-je aigrement.
    — Ce n’est pas un mauvais homme, soupira-t-elle,
comme si elle voulait s’en convaincre.
    — Il te bat, ironisa Gisela.
    — Il veut être bon, dit-elle. Il veut
être comme toi, Uhtred.
    — Comme moi ?
    — Redouté, expliqua-t-elle.
    — Alors pourquoi perd-il son temps ici ?
Pourquoi ne prend-il pas ses navires pour aller combattre les Danes ?
    — Parce que Aldhelm le lui déconseille, soupira-t-elle.
Il dit que si Gunnkel demeure en Cent ou en Estanglie, mon père devra y
conserver des troupes. Il ne cesse de regarder vers l’est.
    — Il le doit, de toute façon.
    — Mais selon Aldhelm, si mon père doit
constamment se soucier d’une horde de païens dans l’estuaire de la Temse, il ne
remarquera peut-être point ce qui

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