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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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pour autant ?
    Elle allait lui parler de la sorcière lorsqu'un pas léger leur parvint. Algonde tourna la tête. Philippine venait d'entrer.
    — Sidonie m'envoie vous chercher, chuchota-t-elle.
    Gersende se leva aussitôt pour répondre à l'appel de la baronne. Philippine s'approcha du lit.
    — Il semble si paisible…
    Algonde haussa les épaules.
    — Il le sera moins lorsqu'il s'éveillera et découvrira ce qu'il en est.
    — Je peux rester avec toi ? demanda Philippine.
    — Ce n'est pas votre place, damoiselle.
    Philippine haussa les épaules.
    — Tu as raison, c'est à la sienne que je devrais être…
    — Ce n'est pas ce que je voulais dire.
    — Alors laisse-moi le veiller. Tous trois, nous sommes liés, désormais.
    Algonde n'eut pas le cœur de la repousser. Elle joignit ses mains en prière à l'exemple de sa maîtresse et baissa la tête. Sa décision était prise. Sa pensée se cristallisa sur l'escouade de Dumas.
     
    Depuis qu'on ouvrait d'autres ports sur la Méditerranée, celui d'Aigues-Mortes, longtemps le seul qui fût français, était devenu un repaire de brigands de toute espèce. Certains se mêlaient à la population de marins, pour mieux tromper leur monde, guettant l'occasion de s'enrôler sur un riche navire en partance. Au cours de la traversée, l'oreille aux aguets, ils glanaient des informations sur sa cargaison, sa route, puis s'enfuyaient au premier mouillage pour revendre un bon prix aux pirates leurs informations. Enguerrand le savait, qui franchit la porte face à la mer entre les tours des Bourguignons et de la Poudrière, sous un soleil de plomb. Depuis qu'il était entré dans le bourg, il était attentif à tous ceux qui serraient les flancs de sa monture d'un peu trop près.
    Déjà, sur la place principale, il avait vu un trousse-chemise s'emparer de la bourse d'un pèlerin et disparaître dans l'ombre de l'église Notre-Dame-des-Sablons, sous les haros de sa victime, sans qu'on songe seulement à l'arrêter. L'envie l'en avait saisi, mais la foule était si compacte en ce jour de marché qu'elle lui sembla infranchissable. Il jugea plus sûr de se tenir en alerte pour n'être pas lui-même détroussé.
    Il déboucha sur le port encombré. Une dizaine de navires y battaient pavillon. Vénitiens pour la plupart. D'autres catalans et génois rappelaient que saint Louis avait été aidé dans son entreprise de construction de cette forteresse. Au pas de son cheval, Enguerrand longea les échoppes jusqu'aux entrepôts. Au milieu des caisses, des fûts, des ballots qu'on chargeait à dos d'homme, des rats filaient que des enfants en guenilles poursuivaient à l'aide de lance-pierres. Un gaillard ventru, les mains sur les hanches, un long fouet à la ceinture de toile, donnait un peu de monnaie à l'un d'eux en échange de leur capture. Dame, on savait que trop de ces bestioles sur un navire gâtait le chargement avant qu'il ne parvienne à son destinataire. Si l'on ne pouvait les éradiquer, au moins pouvait-on les contenir un peu. Ceux que les garnements ne pouvaient attraper devenaient la proie des chats, sur le quai ou dans les navires. C'était toujours ça de gagné.
    Enguerrand aborda un des drôles, qui lui indiqua qu'un vaisseau aux couleurs des Hospitaliers était au mouillage à l'extrémité du quai.
    Il s'y rendit dans un nuage d'épices. Rongée par la vermine, la corde d'un des palans qui servait à décharger une nef en provenance d'Orient venait de lâcher. Le ballot s'était écrasé sur le quai, fort heureusement sans faire de victimes. Il n'en restait pas moins que le poivre, le girofle, la cannelle et le gingembre étaient perdus. Enguerrand passa sa route, éternua une fois, deux fois, trois fois. A la quatrième lui répondit le sifflement aigu du fouet. De toute évidence, celui qui maniait le palan connaîtrait le sort de ceux qui l'avaient rongé.
    — Holà du navire ! appela-t-il les mains en porte-voix.
    Il insista jusqu'à voir une tête se pencher à la rambarde. Un mousse. Le garçonnet écarquilla les yeux puis disparut. L'instant d'après, un homme dévalait la passerelle en balayant le quai d'un regard étonné.
    — Où sont les Turcs ? demanda-t-il à Enguerrand.
    — Là où ils doivent être, en Orient, je présume, se moqua le chevalier de Sassenage.
    La réponse fit froncer les sourcils de l'homme, qui le détailla davantage.
    — Vous n'êtes pas Philibert de Montoison.
    — Pas que je sache.
    L'homme hocha la tête,

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