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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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secret.
    — Comme pour Mélusine ?
    Algonde soupira.
    — Tu n'as pas confiance en moi, voilà la vérité, tu as tort, Algonde, car je le jure devant Dieu, je tuerais pour te défendre s'il le fallait. Je tuerais parce que je t'aime et que je préférerais me balancer au bout d'une corde que de te perdre jamais.
    Algonde ne sut que répondre et fut heureuse de voir s'avancer vers eux le meunier qui les attendait.
     
    Jacques de Sassenage ne savait pas bien s'il était réveillé ou s'il cauchemardait, mais de son corps baigné de sueur des écailles semblaient vouloir pousser, emprisonnant ses jambes dans un étau qui se resserrait à le faire hurler. Il essaya de réfléchir. À l'exception de Mélusine, avait-on jamais entendu dire que quiconque se soit ainsi transformé ? Et puis, que faisait-il dans cet endroit ? De toute évidence il s'agissait d'une chambre, mais elle ne ressemblait à aucune de connue avec ce lit richement sculpté au ciel duquel pendaient des rideaux déchirés. Un des montants de bois, rongé par la vermine, avait craqué en son milieu. Tout puait l'humidité et le délabrement. Seule la cheminée restait belle avec ses montants de pierre ouvragés. Il aurait voulu s'approcher d'elle pour mieux examiner le portrait sur bois qui s'y trouvait d'une belle dame en robe d'azur, retenant dans son tablier une brassée de fleurs des champs. La jouvencelle, pour sûr, il la connaissait avec sa chevelure châtaine, mais que faisait-elle là, dans toute cette vétusté ? Au diable la vérité et la douleur dans ses mollets, Jacques était attiré vers elle. Dans ses oreilles, une voix douce l'enchantait d'une mélodie qu'il jugea ancienne. Il se laissa bercer avant de se rendre compte qu'il se dandinait sur le parquet poussiéreux comme un serpent, les jambes collées. Lors il plaqua ses mains sur ses oreilles et ferma les paupières, le cœur battant la chamade. Lorsqu'il les rouvrit, il se découvrit allongé sur la courtepointe de son lit, un rayon de soleil sur son front. Il se redressa, avisa que ses jambes étaient bien celles qui le portaient depuis sa naissance et qu'elles bougeaient librement. Il se mit à rire de sa bêtise avant de retomber en arrière sur l'oreiller, fauché par la douleur. Sa migraine avait empiré.
     
    Algonde s'était remise à chanter en retrouvant sa place sur la charrette, et cette fois, rattrapé par son tempérament, Mathieu, à ses côtés, l'accompagnait d'une voix de fausset. Le meunier avait aidé le jouvenceau à charger les sacs de farine, tandis qu'Algonde faisait sauter sur ses genoux le plus petit des enfants de la maisonnée, soulageant ainsi sa mère occupée à éplucher des légumes. Algonde aimait bien la douceur tranquille du foyer de ce couple, et profitait souvent des visites que le métier de Jean, le père de Mathieu, nécessitait. Avant de rentrer, les deux jouvenceaux que rien ne pressait descendaient toujours au village pour se baigner les pieds sous le pont, là où le Furon était le plus sage. Ils y retrouvaient d'autres de leur âge qui s'accordaient une pause dans leur dure journée, profitant des dernières lueurs de l'été. Fidèles à leur habitude, ils attachèrent les bœufs à un piquet le long du chemin et les laissèrent paître, car nul ne toucherait à leur chargement qu'on savait destiné au château, puis dévalèrent le sentier. Parvenus à la berge, ils ôtèrent leurs souliers et se mêlèrent avec insouciance au petit groupe qui s'aspergeait à grand renfort de rires.
    Ils atteignirent les tours portières deux heures plus tard, sans avoir échangé autre chose que des plaisanteries et des banalités, pour se séparer devant la porte du donjon, humides encore de leurs jeux, mais tristes pareillement de devoir retourner à leurs corvées.
    Alors qu'elle montait pour remettre un peu d'ordre à sa mise avant d'aller se présenter au service du baron, Algonde perçut le timbre exaspéré de sa mère au-dessus d'elle dans l'escalier.
    — Tu aurais dû me prévenir.
    — Je n'ai pas pensé…
    — Penser, penser, te le demande-t-on ? Obéir me suffirait, gronda Gersende.
    La jouvencelle à laquelle elle s'adressait éclatait en sanglots comme Algonde parvenait à leur hauteur.
    — Ah ! te voici enfin, grommela sa mère à son encontre, avant d'ajouter à l'intention de la servante : Cesse donc de pleurer. Le mal est fait. Je trouverai bien le moyen de m'en accommoder. Mais à l'avenir…
    L'index boudiné de

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