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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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mon drain, sinon il urinera dans les draps et, avec cette chaleur, l'odeur nous deviendrait insupportable », lui avait expliqué celle-ci par-dessus son épaule.
    Pour confirmer ses dires, le pot de chambre posé près du lit et dans lequel trempait la paille s'était immédiatement rempli. Quand sœur Albrante s'était détournée, Philippine avait soulevé la couverture. Par curiosité. Comme elle le regrettait ! Elle avait cherché la nuit durant pourquoi son bas-ventre à elle était différent, jusqu'à acquérir la certitude que si l'on faisait autant de mystère d'un point d'anatomie, c'était de toute évidence qu'il était lié à la procréation. Évidemment, cela ne lui avait pas amené de réponse quant à la façon de procéder, mais l'idée d'avoir un jour à faire avec cette excroissance pisseuse lui soulevait l'estomac. Au point de se demander si au mariage, finalement, elle n'aurait pas préféré rester dans cette communauté. Réflexion qui la renvoyait à sa misère, sa misère à Philibert de Montoison, Philibert de Montoison à Laurent de Beaumont, et Laurent de Beaumont au mariage.
    Sa nausée atténuée par les effluves mentholés, elle s'en revint auprès du chevalier. S'activer sans le regarder, voilà à quoi elle en était réduite pour pouvoir accomplir la tâche qu'on lui avait confiée. Elle changea le seau empli d'urine par un autre, propre, et voulut se précipiter à la fenêtre pour vider le premier dans la rigole qui courait au fossé lorsque l'abbesse souleva la tenture.
    — Comment va-t-il ?
    — Son état est stationnaire, débita Philippine, la gorge piquée par l'odeur fétide, si proche de son nez.
    — Sœur Albrante m'a informée qu'il avait parlé cette nuit alors que vous étiez de veille.
    Reprise par la nausée, la jouvencelle hocha la tête.
    — Laissez cela et venez, lui proposa l'abbesse, vous terminerez plus tard votre corvée.
    Pour un peu, Philippine l'aurait embrassée ! Elle se retrouva bientôt face à elle, débarrassée de son fardeau, à l'écart des deux hommes.
    — Je vous écoute, mon enfant.
    — J'ai dû rêver, madame, car le chevalier n'avait pas bougé, expliqua-t-elle.
    — Laissez-moi en juger, voulez-vous ? Qu'avez-vous entendu ?
    — « Prince ou pas, il en fera une tête, le Turc, quand je la lui aurai coupée. » Voilà ce qu'il a dit. Vous le voyez bien, madame, un songe, tout au plus.
    L'abbesse fronça les sourcils, intriguée.
    — Et rien d'autre ?
    — Rien d'autre.
    — En ce cas, ma fille, vous pouvez vaquer.
    — Des nouvelles de mon père ? osa Philippine.
    — Pas la moindre. Mais je me réjouis toutefois de vous avoir autorisée à assister sœur Albrante. Vous avez meilleure mine, lui affirma l'abbesse comme l'infirmière, ayant raccompagné sœur Aymonette, les rejoignait.
    Laurent de Beaumont s'était assoupi sous l'effet de son médicament. Comprenant qu'elle gênait l'échange entre les deux femmes, Philippine retourna d'où elle venait, non sans avoir de nouveau tamponné son nez.
     
    — Cette affaire, sœur Albrante, me semble bien mystérieuse, dit l'abbesse en baissant le ton.
    — Avez-vous fouillé ses affaires comme je vous l'ai recommandé ?
    — Si fait, mais elles ne m'ont fourni aucun indice. Force est de constater que ce chevalier nous pose souci, car enfin, cette phrase, cette nuit…
    — … fait référence à un meurtre, de toute évidence, madame. Ce qui me semble incompatible avec la fonction des Hospitaliers.
    — Un meurtre, comme vous y allez… Il est question d'un Turc, tempéra la grande abbesse.
    Le visage de l'infirmière s'empourpra.
    — Et en quoi cela fait-il une différence ?
    — Voyons, Albrante, se moqua l'abbesse, ces Turcs sont des païens. Nous n'allons pas refaire l'Histoire…
    — Mais une croisade, pourquoi pas…
    L'abbesse considéra le dédain de l'infirmière avec surprise, avant de hausser les épaules.
    — Il faut toujours que vous exagériez, ma fille. Et puis cette affaire ne nous regarde point.
    — Pardon, madame, mais il me déplaît d'héberger un assassin.
    Cette fois, la grande abbesse s'exaspéra.
    — Mais enfin, que vous arrive-t-il ?
    — Il m'arrive, grinça l'infirmière dans un souffle mauvais, que si ce chevalier est ce qu'il est, peut-être Philippine est-elle innocente de ce dont on l'a accusée.
    — Ne péchez pas par angélisme, ma fille, se moqua l'abbesse, qui savait l'ampleur de son indulgence.
    — La phrase

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