Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
Gersende s'agita, menaçant, devant le visage de la pauvrette qui hocha la tête en reniflant. Il suffit à Gersende de tendre son doigt en direction de l'étage inférieur pour que la servante s'y précipite.
    — Suis-moi, intima l'intendante à sa fille.
    D'un pas pressé, Gersende gravissait déjà les degrés. Par-dessus son épaule, elle expliqua :
    — J'avais chargé cette sotte de débarrasser la table du baron. None sonnait et elle s'en allait lorsqu'elle l'a entendu crier. Crois-tu donc qu'elle serait allée voir de quoi il retournait ou m'alerter ? Penses-tu ! Elle a collé l'oreille à la porte de sa chambre et n'entendant plus rien est retournée vaquer.
    — Et en quoi est-ce mal ? demanda Algonde qui ne comprenait pas l'inquiétude de sa mère.
    Le baron à son sens était bien assez valeureux pour se garder lui-même. Gersende s'immobilisa et, se retournant vivement, domina sa fille d'une hauteur de marche.
    — Cela fait plus de trois heures. Il aurait dû se rendre à la chapelle pour l'office et il ne s'y est pas présenté.
    Algonde se tut. Quelque chose dans le regard de sa mère avait changé. Elle n'aurait su dire ce que c'était, d'autant que ce fut fugace, mais, comme lorsqu'elle avait glissé dans les eaux du Furon, la jouvencelle perçut la sensation froide et sournoise du danger.
    Elles pénétrèrent dans le logis seigneurial. La table rectangulaire aux piètements épais avait été nettoyée, et deux candélabres y encadraient une coupelle garnie de figues. Un plateau d'argent supportant une aiguière d'eau fraîche et un hanap reposait sur une autre table, carrée, entre les deux fenêtres. Tout était trop bien ordonné. Le baron ne s'était pas levé. Elles se dirigèrent vers la porte de la chambre d'un pas inquiet. Gersende y toqua :
    — Messire…
    Comme rien ne bougeait, elle insista. Un silence lourd de leur angoisse pesa sur la pièce.
    — Entrons, décida Gersende.
    Elle releva le loquet et pénétra dans la chambre. Le baron s'y trouvait bien, étendu sur son lit, les bras croisés. Algonde le crut mort tant il était pâle et demeura sur le seuil, effrayée, tandis que sa mère se précipitait.
    À peine l'intendante eut-elle approché du lit qu'elle se retourna vers sa fille.
    — Il est brûlant de fièvre. J'ai aperçu la sorcière tantôt qui entrait chez le forgeron. Elle y est peut-être encore. Cours la chercher.
    Algonde tourna les talons pour s'exécuter.
     
    Demeurée seule, Gersende défit les boutons du pourpoint de son maître. Il était resté habillé pour sa sieste et baignait dans sa sueur.
    — Baron, essaya-t-elle, en tapotant ses joues du plat de la main.
    Un gémissement lui répondit.
    — Souffrez-vous ?
    Les paupières se relevèrent au prix d'un effort qu'elle devina considérable.
    — Lumière, implora-t-il d'une voix morte en les refermant aussitôt.
    Gersende s'avança pour ramener les tentures devant la croisée, ne laissant filtrer dans la chambre qu'un filet de jour.
    — C'est fait, messire.
    Les yeux du baron s'ouvrirent en une fente douloureuse.
    — Migraine, articula-t-il.
    — J'ai envoyé quérir pour vous soigner, le rassura Gersende. Voulez-vous un peu d'eau ?
    Elle admit son râle pour un acquiescement et l'abandonna pour s'en revenir avec un hanap.
    — Il faudrait que vous vous redressiez un peu. En êtes-vous capable ?
    Il écarta les mains pour ce faire. Quelque chose s'en échappa qui tomba sur le plancher dans un bruit métallique. Sans s'y attarder, Gersende lui porta le gobelet en bouche, puis l'aida à se recoucher.
    — Me voici, s'annonça la sorcière en franchissant le seuil, comme Gersende se penchait enfin sous le lit.
    L'intendante empocha prestement sa trouvaille avant de se redresser.
    — Où se tient Algonde ? demanda-t-elle.
    — Ici, mère, lui répondit celle-ci en passant la tête par l'encadrement de la porte.
    — Restes-y, je vais avoir besoin de toi, ordonna-t-elle, tandis que la vieille femme qui, au castel, faisait office également de ventrière examinait le baron, crispé de douleur.
    — N'est-il pas resté au soleil tantôt ?
    — Si fait, un long moment et sans chapeau, au départ de notre dame, se souvint Gersende.
    — C'est une forte insolation, diagnostiqua la sorcière en se redressant autant que le lui permettait son dos voûté. Il s'en remettra sous peu. Entendez-vous, baron ?
    Un grognement lui répondit.
    — La fièvre tombera dans la nuit, mais vous

Weitere Kostenlose Bücher