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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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accommodait, elle n'avait aucune raison de ne pas faire de même. Mais son insouciance du moment était irrémédiablement gâtée.
    — Je vous demande pardon. Chahuter n'est plus de mon âge, et je ne saurais dire ce qui m'a prise, sinon peut-être le souvenir de cet endroit et des belles heures que j'y ai passées, dit-elle à Sidonie.
    — Ne t'excuse pas surtout. Nous avons beaucoup ri, n'est-ce pas, Marthe ?
    — En effet, madame. Je vous souhaite la bienvenue, damoiselle Philippine.
    Philippine lui rendit son salut avant de détourner la tête. Décidément, sa raison n'y suffisait pas. Même cette voix rocailleuse, comme sortie des entrailles de la terre, lui déplaisait.
    Sidonie enroula un bras affectueux autour des épaules de Philippine. Elle l'entraîna vers l'escalier.
    — Veux-tu que je te dise, mon Hélène ? À défaut de savoir comment on fait les enfants, il me semble que tu sais d'instinct t'en faire aimer. Car avec ce petit monstre, crois-moi, c'était loin d'être gagné !
     
    Figée dans la cour, Marthe sentit son rythme cardiaque s'accélérer et une jubilation malsaine la gagner. Hélène. Sidonie avait appelé la jouvencelle Hélène.
    Elle retint un ricanement. Si Jeanne de Commiers avait voulu protéger sa fille en la baptisant Philippine, elle s'était trompée. Visiblement, le destin de la jouvencelle l'avait rattrapée alors que sa mère n'était plus en mesure de rien empêcher. Le temps était venu. Enfin !
    Elle accompagna la jouvencelle d'un regard vorace, jusqu'à ce que, en compagnie de Sidonie, elle disparaisse à sa vue, avalée par la porte. Marthe allongea son pas pour les rejoindre avant de s'immobiliser brusquement. Les sens exacerbés par cette nouvelle autant que par l'approche de la pleine lime, elle pivota, certaine qu'on l'observait. À quelques pas d'elle, une servante, qui peinait à ramener du puits voisin son seau empli d'eau, s'était arrêtée pour s'éponger le front. L'œil de Marthe se rétrécit encore.
    — N'as-tu rien de mieux à faire ?
    La jouvencelle, plus jeune que Philippine et chétive, renifla dans son col, s'empressa, trébucha et s'affala devant la chambrière en lui inondant les jupes. Sa maladresse exaspéra Marthe tout autant qu'elle l'excita. Empoignant la servante par le bras, elle la releva et la gifla à la volée avant de rugir d'une voix sourde :
    — Pour ta peine, tu viendras me trouver à la nuit tombée. Et ne t'avise pas d'en parler à quiconque ou il t'en coûtera bien pire que ce qu'on a pu te raconter !
    Terrorisée, la jouvencelle rampa vers son seau, se releva, courut le remplir et trouva cette fois la force de le porter jusqu'aux cuisines en priant Dieu pour qu'il détourne avant ce soir cette démone de son projet.
     

12
    L'histoire qu'avait révélée Gersende à sa fille ressemblait à un de ces contes colportés par les ménestrels. Algonde ne parvenait pas à y croire, et, cependant, elle savait confusément que tout était vrai.
    Elle en avait perdu le sommeil. Cette nuit encore, comme les précédentes depuis qu'elles avaient franchi la porte de la chambre maudite, elle se retourna sur sa couche. De l'autre côté du lit qu'elles partageaient, sa mère ronflait, épuisée par sa dure journée.
    Les événements, de fait, n'avaient cessé de s'enchaîner ce jourd'hui. Tout d'abord, la fièvre avait enfin daigné quitter le baron Jacques, disparaissant comme elle était venue. Après quatre jours de délire, il s'était éveillé sur sa couche avec le sentiment qu'il venait de s'y étendre après le départ de Sidonie. Gersende avait été contrainte de démentir, mais surtout de lui expliquer qu'il avait, de toute évidence, brisé les scellés de l'appartement du dernier étage avant de s'effondrer.
    — Êtes-vous sûre, Gersende ? Je ne m'en souviens pas.
    — Je l'ai vérifié moi-même, mon seigneur.
    — Et alors?
    — Alors rien, avait répliqué l'intendante de la maisonnée avec aplomb.
    — Mélusine ?
    — Elle ne s'est pas montrée.
    — La cheminée. Y avait-il un portrait sur la cheminée ? avait-il insisté, rattrapé par l'image de son rêve.
    — Non, messire. Aucun.
    Il avait semblé soulagé.
    — On raconte pourtant qu'il en existait un de la fée, était intervenue la sorcière toujours au chevet du baron.
    — Il faut croire que la légende n'est rien de plus que ce qu'elle est, lui avait objecté Jacques, bien heureux visiblement de pouvoir l'affirmer.
    La sorcière

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