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Le Chant des sorcières tome 1

Le Chant des sorcières tome 1

Titel: Le Chant des sorcières tome 1 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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s'était raccroché à sa joie de vivre. Sidonie avait fini par céder à ses avances contre la promesse qu'il l'épouserait lorsqu'il se sentirait prêt. Les années avaient passé, pourtant, sans qu'il donne suite. Le souvenir de Jeanne l'obsédait. Sidonie n'avait rien exigé, Jacques s'étant pris d'affection pour Enguerrand, le dernier de ses fils qui allait aujourd'hui sur ses dix-sept ans.
    Début juillet de cette année 1483, Jacques avait eu envie de rafraîchir la décoration de ses appartements à la Bâtie. Sidonie et lui étaient venus s'installer à Sassenage dans l'attente de la fin des travaux, d'autant que le baron avait commandité l'agrandissement d'un autre manoir de ses possessions, celui de la Rochette, placé sur la route de Grenoble. Manoir qu'il comptait offrir à Enguerrand.
    C'était pour juger de l'avancement des travaux qu'en cette belle matinée ensoleillée du 2 août, ils mirent pied à terre dans la cour intérieure de cette demeure modeste, mais non dépourvue de charme, située à une lieue à peine du château de Sassenage.
    Face à la porte qui clôturait l'enceinte de la Rochette se trouvaient deux tours, reliées entre elles par un long bâtiment rectangulaire de deux étages. La plus grande était flanquée d'un double escalier d'une quinzaine de marches, d'où le maître d'œuvre, un géant à la carrure de bûcheron, déboula avant de s'incliner avec déférence devant eux.
    — Bien le bonjour, mes seigneurs.
    — Bien le bonjour à toi, maître Dreux.
    — Votre visite ne saurait m'honorer davantage. Si vous voulez bien me suivre, invita-t-il avant de les devancer vers le perron.
    L'intérieur de la bâtisse se trouvait en plein chantier. Les murs étaient par endroits recouverts de chaux, à d'autres bruts encore de pierres, que des ouvriers enduisaient. Ici, on sciait une planche en équilibre sur deux tréteaux. Là, juché sur une échelle, un menuisier ponçait une poutre. Dans la petite chapelle, un maître verrier terminait la pose d'un vitrail. Sur leur passage, le travail cessait et les ouvriers s'empressaient de les saluer. Le baron s'attardait près de chacun, demandant des nouvelles des enfants, félicitant celui-ci, encourageant celui-là, satisfait des commentaires de maître Dreux tout autant que du travail lui-même.
    Une bonne heure durant, ils passèrent ainsi de pièce en pièce avant d'atteindre la salle de réception au deuxième étage de la grosse tour rectangulaire. Maître Dreux s'immobilisa devant une grande cheminée au manteau de laquelle une sculpture en pierre figurait Mélusine, la queue enroulée autour d'une épée.
    — Dans un mois, l'ensemble des travaux sera achevé à l'exemple de cette salle, assura-t-il, ravi de pouvoir leur montrer les finitions.
    Sidonie s'assura d'un regard qu'aucun ouvrier ne se trouvait alentour.
    — Et pour le souterrain ? demanda-t-elle.
    Le maître d'œuvre prit un air ennuyé.
    — Des carriers de Valence ont creusé jusqu'ici, prenant pour point de départ l'endroit de la forêt que vous m'avez indiqué, mais ils n'ont pas pu déboucher où vous vouliez, tant la roche était dure au-dessus d'eux. Alors je me suis débrouillé, expliqua l'homme en s'approchant de Pâtre.
    Il enfonça l'œil de Mélusine et s'écarta. Pivotant sans plus de bruit qu'un léger frottement, une porte dérobée se révéla dans le prolongement du mur.
    — C'est une coursive intérieure, elle permet de relier cette pièce à celle d'où part le souterrain, expliqua maître Dreux avec fierté.
    Sidonie s'avança sur le seuil tandis que l'homme se saisissait, pour l'allumer, d'une lanterne posée sur un linteau.
    — Ne risquons-nous pas d'étouffer ? s'enquit le baron.
    — L'air circule par des fentes à la base et au sommet des parois extérieures. J'ouvrirai aussi des œillets à hauteur des yeux quand le chantier sera terminé. Cachés dans le drapé d'une tapisserie, ils permettront de voir et d'entendre.
    — Maître Dreux, vous me surprenez, le complimenta Sidonie, sincère.
    Flatté, il la remercia d'une courbette avant de s'engager dans le passage et de tendre son falot pour les éclairer.
    Quelques minutes plus tard, ils parvenaient dans une petite salle barrée de l'intérieur que Sidonie ne se souvint pas d'avoir visitée préalablement. Deux tréteaux placés près de la fenêtre soutenaient une planche sur laquelle un plan de la demeure était étalé à côté d'autres, roulés. Plumes, encriers et

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