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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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réaliste aujourd'hui compte tenu de l'affection que lui porte Hélène.
    Les deux hommes en restèrent bouche bée. Jacques hocha la tête.
    — Je crois aussi que Jeanne connaissait l'identité de l'homme qui engrosserait sa fille. Le visage du diable.
    — Comment l'aurait-elle pu ? Pour ce que j'en connais, les visions apportent des images, pas des noms, souligna Aymar.
    — Sauf si pour avoir déjà rencontré cet homme, elle l'a reconnu tournant dans son futur cauchemardesque autour de sa fille en âge de procréer.
    — Philibert de Montoison, s'exclama François.
    Un moment de silence les faucha.
    — Mais enfin où…
    Jacques cueillit le doute sur les lèvres d'Aymar de Grolée.
    — À Sassenage. Nous nous y sommes rendus à l'invitation de Sidonie un mois après son installation. Obligé sur place de m'absenter pour régler une affaire de vassalité, j'ai laissé Jeanne seule là-bas. À mon retour, elle était fébrile. Pressée de rentrer. J'ai mis son impatience sur le compte des enfants alors qu'il est évident ce jourd'hui que la présence de Marthe la tourmentait. Je suis certain qu'elle a rencontré Philibert de Montoison à cette occasion.
    — Le chevalier ? À Sassenage ? Pourquoi donc ? s'étrangla François.
    — Amant de Sidonie à l'époque, il est aussi le père d'Enguerrand, assena-t-il.
    Le silence se fit, chacun jaugeant à sa manière de la probabilité des faits. Puis Jacques reprit, le cœur plus léger d'avoir pu partager son fardeau.
    — Je veux croire que Jeanne avait découvert quelque chose susceptible de modifier le cours des événements. Une nouvelle prémonition peut-être, qui l'a forcée à braver son propre destin. Tant que son esprit est malade, Marthe n'avait pas à s'en inquiéter, et c'est sans doute la raison pour laquelle elle n'a pas jugé bon de l'achever. Si Jeanne recouvre la mémoire, par contre, elle sera en danger. Et nous tous avec elle.
    — Que veux-tu que nous fassions ? demanda Aymar en bombant le torse.
    — Agir en apparence ainsi que le veut Marthe. Donner le change. Montrer la plus grande des servilités. Je sais que Louis complote avec Philibert de Montoison. Je te charge, François, de feindre d'être de son avis pour mieux les espionner l'un et l'autre et tout me rapporter.
    — Vous croyez Louis perverti par le diable ? se tourmenta François pour qui son aîné était un modèle.
    — Non pas, mon fils. Seulement agacé des manières de ta sœur et pressé de me marcher sur les pieds. Il sera bon le moment venu de le remettre à sa place. Hélène sera sauvée et si cela n'est pas possible, il faut permettre à Algonde d'accomplir sa destinée en les éloignant toutes deux de Marthe. Pour cela je ne vois qu'un moyen, Aymar. Te donner ma fille en épousailles. Si tu le veux encore, au regard de ce que tu sais désormais.
    Aymar lui empoigna le bras avec une vigueur fraternelle.
    — Ta confiance m'honore, mon ami, et je saurai m'en montrer digne, tu le sais. Mais Hélène voudra-t-elle de moi ?
    — Pour l'heure sans doute pas, c'est pourquoi nous ne lui dirons rien. Souviens-toi de nos batailles auprès du sire Louis. Prendre l'ennemi à revers, toujours, et au moment où il se croit vainqueur, fondre sur lui sans quartier.
    Aymar hocha la tête.
    — Et pour Jeanne ?
    — Me rendre à Saint-Just éveillerait les soupçons de Marthe. Là encore je ne vois que toi pour la sauver. Dès que sœur Albrante estimera Jeanne apte au voyage, tu l'éloigneras. Tu ne manques pas, je le sais, d'endroits où la cacher. Alors nous aviserons. Si Dieu nous vient en aide.
    — Il le fera, père, assura François repris par une vague de courage.
    Jacques de Sassenage froissa d'une main plus légère sa chevelure bouclée.
    — J'en suis persuadé, fils. Le sacre du diable ne sera pas proclamé.

26
    Tandis qu'elle allongeait son pas en direction de l'arrière-cuisine où elle avait tantôt consigné Mathieu et maître Janisse, Philippine songeait qu'elle allait une fois encore déroger à toute bienséance. Tant pis. Elle n'était plus à une anomalie près dans le protocole. Si Louis venait à le lui reprocher, elle le moucherait en lui rappelant les méchantes manières de Philibert de Montoison. Pour Algonde elle était prête à tout, et se moquait bien désormais des conséquences.
    Et puis, ce n'était pas comme les laisser seuls dans la même chambre, Mathieu et elle. Gersende leur servirait de chaperon. Elle sourit à cette

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