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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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de ses prétendants et s'amuse de les voir languir. De là à supposer qu'elle ait essayé ce jeu sur nos querelleurs…
    Sidonie resta un instant pensive, rattrapée par ce constat, puis baissa la tête, penaude.
    — Il me faut hélas le reconnaître. M'en voulez-vous de l'avoir défendue ?
    — Grand Dieu non ! s'exclama le baron en la pressant contre lui.
    Sidonie frotta sa joue contre la barbe.
    — J'aimerais tant que l'amour, le véritable, trouve le chemin de son cœur comme il a frappé au mien.
    — Je vous ai donné ma parole, ma mie, et ne la reprendrai pas. Hélène épousera qui elle voudra. Il en sera de même de ses sœurs. J'espère seulement qu'elles auront le bon goût de s'éprendre d'un riche parti, quitte à leur en conseiller deux ou trois, ajouta-t-il dans un éclat de rire.
    *
    Le baron reparti, Algonde, perplexe, avait longuement tourné ses arguments dans sa tête avant de s'assoupir, frappée comme souvent depuis quelques semaines par une fatigue qui n'admettait aucune résistance. Elle émergea d'un bloc et en sursaut en entendant la porte de communication entre son appartement et celui de Philippine claquer derrière sa maîtresse. Elle n'eut que le temps de tourner la tête vers le passage pour la trouver devant elle, la rage au bord des lèvres et les yeux larmoyants. Philippine se jeta à ses genoux et nicha ses joues dans ses jupes en hoquetant :
    — Le porc ! La brute ! J'ai mal ! J'ai mal, tudieu ! Jamais je ne l'épouserai ! Je me tuerai plutôt ! Oui là ! Je le hais ! Je le hais ! Je le hais !
    Ses poings emprisonnèrent la soierie de la robe d'Algonde qui ébroua un reste de lassitude d'un clignement de paupières. Elle passa une main apaisante sur le dessus de la tête de la damoiselle, échevelée d'avoir ôté trop vivement sa coiffe.
    — En voilà une colère ! De qui parles-tu ? Du seigneur de Melle ?
    Un ricanement lui répondit, étouffé par le tissu dans lequel Philippine s'obstinait à cacher son visage. Algonde se pencha autant que le lui permettait sa grossesse pour lui relever le menton.
    — Vas-tu me dire ?
    — Il m'a forcée, voilà ! Ce verrat m'a forcée et du temps que je te parle, il se trouve chez mon père pour m'obliger aux épousailles !
    — Mais qui enfin ? gronda Algonde en plantant un regard inquiet dans le sien, dévasté.
    — Philibert de Montoison, lâcha Philippine d'une voix morte.
    Le souffle d'Algonde se figea un instant. Impossible, hurlait en elle la voix des fées. Le spectre de la prophétie.
    — Raconte-moi, ordonna-t-elle.
    Philippine n'omit rien. Ni sa rencontre fortuite dans la forêt, ni la course-poursuite qui en avait découlé, et pour finir expliqua le sinistre plan que Philibert de Montoison avait fomenté.
    — Le Turc sait-il qui tu es ? demanda Algonde.
    A en juger par la manière dont Philippine, malgré les circonstances, venait de lui en parler, il était évident qu'elle s'était éprise de Djem au premier regard. Philibert de Montoison n'en devenait que plus gênant.
    — Il s'agit bien de cela ! se désespéra Philippine. Oh ! Algonde, que vais-je devenir, mariée à ce monstre ?
    — Tu ne l'épouseras pas, assura Algonde avec fermeté.
    — Non?
    — Non.
    — Mais si je porte sa semence ? trembla Philippine.
    — Il est trop tôt pour l'affirmer et de surcroît, je connais le moyen d'y remédier.
    Une moue sceptique accompagna le regard de biais que consentit Philippine à son ventre proéminent.
    — Je voulais cet enfant, Hélène. C'est pourquoi je n'ai rien empêché, mais dans ton cas, en agissant dès demain…
    Une lueur d'espoir brilla dans l'œil éteint de Philippine, vite retombée pourtant.
    — Comment pourrais-tu m'aider dans cet état…
    — Aie confiance en moi.
    — Admettons. Mais pour père, cela ne changera rien. Mon honneur est perdu.
    Algonde sourit.
    — Vous a-t-on vus ensemble, Philibert de Montoison et toi ?
    — Il m'a raccompagnée jusque devant la porte de ma chambre, en paradant comme un coq sous l'œil même de mes prétendants. À l'heure qu'il est, tous font des gorges chaudes sur la date de nos épousailles, j'en jurerais. Si tu avais vu la tête du seigneur de Melle justement, tu comprendrais, se désola Philippine en étouffant un nouveau spasme de colère dans sa gorge.
    Algonde s'accorda un instant de réflexion. Une idée venait de germer en elle. Une idée qui pourrait bien le moment venu soutenir ses projets.
    — Je crois,

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