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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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bouchonnés de liège.
    Elle les fit rouler dans sa paume ouverte, du bout de ses ongles démesurément crochus.
    — Que me voulez-vous ? demanda Algonde, dans un dernier hoquet.
    L'œil sournois de la Harpie la tenait en alerte malgré son apparente compassion.
    Un rictus étira les lèvres sèches.
    — Tu joues un jeu dangereux, Algonde.
    La jouvencelle refusa de laisser la peur la gagner. Marthe ne pouvait rien connaître de la vérité. Était-ce la prédominance de son instinct de survie, ou de celui de sa fille en elle ? Les contractions se calmaient. Algonde se sentit plus forte.
    — Je ne vois pas de quoi vous voulez parler, affirma-t-elle en haussant les épaules.
    — Tu as été de bon conseil pour Hélène. Philibert de Montoison est reparti la queue entre les jambes. Ce que je me demande en revanche, c'est la raison pour laquelle tu tenais à ce que Sidonie soit informée de ce viol et de ses possibles conséquences…
    — Pour les prévenir justement. Croyez-vous que dans mon état je puisse agir par moi-même ? se défendit Algonde.
    Cette démone pouvait-elle avoir percé ses intentions cachées ?
    — C'est un argument, il est vrai, soupira la Harpie en soupesant les deux fioles d'un noir charbonneux dans sa main.
    Elle se leva, et s'approcha jusqu'à lui permettre de prendre celui qu'elle lui tendait.
    — Qu'est-ce ?
    — Un philtre qu'Hélène devra avaler dès ce soir. Il empêchera toute fécondation, et davantage même puisqu'il a aussi un pouvoir abortif.
    — Êtes-vous certaine de son efficacité ?
    — Qui aurait intérêt au contraire ?
    — En effet. Je le lui donnerai, assura Algonde en l'empochant.
    Lorsqu'elle releva les yeux, elle constata avec terreur que les narines de la Harpie s'étaient pincées. Fuir, le plus loin possible, les mains sur les oreilles, lui avait conseillé Présine. Avant qu'elle ait seulement esquissé le moindre geste, un son s'élevait des lèvres à peine entrouvertes, étouffant toute rébellion dans son sortilège. Algonde la vit déboucher le second flacon et lui présenter le poison.
    — N'est-ce pas la meilleure façon pour moi de m'assurer de son efficacité ? éclata une voix cruelle dans sa tête.
    « Non ! » hurla le cœur d'Algonde. Elle devait résister. Ces mots-là, la Harpie ne les avait pas prononcés. Sa bouche n'était qu'un souffle. Ensorceleur. Dévastateur. Qui créait l'illusion pour mieux la perdre. Elle se mit à trembler. Sous sa peau tendue, comme consciente du danger, sa fille labourait son bas-ventre de coups effrénés.
    — Bois ! ordonna la voix.
    Crucifiée, Algonde tendit le bras. Ses doigts se refermèrent sur le contenant.
    — Bois, Algonde. Cet enfant doit m'être dévoué. Ne vois-tu pas déjà avec quelle vigueur maléfique il te torture ? N'as-tu pas envie d'en être délivrée ? Bois.
    La main d'Algonde tremblait. Une autre qu'elle aurait cédé depuis longtemps. Elle le voyait aux sourcils froncés de Marthe, à son étonnement. Lutter. Sauver sa fille. Marthe s'accroupit devant elle et posa une main sur son ventre. Une pointe de feu transperça Algonde, tandis que le chant se faisait plus entêtant encore. Il lui vrilla la tête et soudain, il lui sembla que son esprit, sa mémoire, et sa volonté étaient avalés par Marthe. La surprise d'ailleurs se peignit sur ses traits tout autant que la jouissance devant la détresse d'Algonde. Lui retirant tout espoir, la Harpie ne prit pas même la peine de feinter.
    — En t'affranchissant de la vérité, Présine aurait dû savoir que tôt ou tard il me suffirait de lire en toi pour découvrir votre connivence. Tu es perdue, Algonde. Et ta fille aussi. Vous mourrez toutes deux ou vous m'appartiendrez ! Bois !
    Incapable de se soustraire cette fois, la jouvencelle porta le poison à ses lèvres et l'avala comme on monte au bûcher.
     
    Elle s'éveilla alors que les vêpres sonnaient. En sursaut. Assoupie dans le faudesteuil, les jambes à l'horizontale sur le petit tabouret, Algonde était seule. Avait-elle cauchemardé ? Point de douleur en son ventre. Les contractions avaient cessé. Un petit rire soulagé la gagna, brisé net par un élancement intense sous sa coiffe et un goût de fiel en bouche. Elle s'essuya le front. Il était humide de sueur et brûlant de fièvre. Elle fouilla la bourse à sa ceinture. La fiole retrouvée roula sous ses doigts et de nouveau la peur fut là.
    Elle porta la main à son ventre. Pas un seul

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