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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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elle sonna et attendit qu'une autre de ses servantes lui prépare un bain pour la délasser.
    *
    Les mères sentent ces choses. C'est comme une agonie qui préfigure la leur. Au château de Sassenage, Gersende se dressa brusquement sur sa couche. Si elle ne cria pas, c'est que la violence de sa souffrance était au-delà de l'expression. Pas de cauchemar. Rien d'autre qu'une certitude. Sans raison apparente. D'autant plus effrayante que rien ne le prédisait. Algonde se mourait.
    Elle ramena les draps sur sa poitrine tel un linceul qu'il faut déjà préparer et se mit à grelotter.

18
    Philippine chancela de fatigue au moment de monter dans la litière. Sidonie déjà venait d'y prendre place. Louis, qui lui avait offert le poing pour descendre les marches du perron, perçut aussitôt son malaise.
    — Je ne comprends pas pourquoi tu t'abîmes au chevet d'une servante ! Si j'avais quelque autorité en cette maison, j'y mettrais bon ordre, tu peux m'en croire ! lui grinça-t-il à l'oreille.
    La cour était déserte si l'on exceptait l'escorte du sire Dumas à cheval, deux laquais debout au bas des marches et le conducteur qui maintenait par la longe les bêtes à l'arrêt. Philippine se troubla. N'avait-elle pas assez de peine qu'il lui faille encore affronter Louis ? Elle n'eut pas le temps de répondre que déjà, son père qui la talonnait le mouchait d'une voix glacée.
    — Il te faudra pour cela attendre que je sois passé, mon fils…
    Louis baissa le nez. Sans doute n'avait-il pas mesuré que ses paroles, chuchotées dans le silence du petit jour, porteraient jusqu'à lui.
    — Je vous demande pardon, père. Mais vous ne pouvez nier que tant de condescendance soit déplacée, voire injurieuse pour nos invités…
    — Nos invités n'ont aucune raison de douter de la qualité d'Algonde. Qui les renseignerait en serait aussitôt châtié, ajouta le baron pour clore l'entretien.
    La menace était claire. Louis n'insista pas. Il ne les accompagnait pas. En prenant son matinel avec eux, il avait annoncé qu'il pousserait jusqu'à Rochechinard. La veille, le prince Djem lui avait aimablement proposé une partie d'échecs.
    Cela étant, Louis n'avait cessé de sous-entendre qu'il était regrettable que Philippine n'ait pas daigné se montrer, même souffrante comme elle le prétendait, pour saluer le Turc. Elle n'avait pas relevé.
    Philippine s'installa sur la banquette, aux côtés de Sidonie. Pas le courage de s'en mêler. Malgré ses bonnes résolutions, elle était épuisée.
    Courbant sa haute stature, et ayant renoncé à les accompagner à cheval pour les entretenir en toute discrétion, Jacques de Sassenage prit place à son tour. La porte se referma sur la voix de Louis qui leur souhaita un agréable voyage.
    La voiture s'ébranla, passa les cours successives et s'engagea sur le chemin qui ramenait vers la Bourne. Le regard perdu par la fenêtre sur les vapeurs rosées que le soleil grandissant illuminait peu à peu, Philippine n'avait plus même la force de prier et se serait endormie si son père ne lui avait demandé des nouvelles d'Algonde.
    — Elle est à l'agonie. Mais je garde l'espoir que les élixirs de sœur Albrante pourront la sauver, dit-elle d'une voix pâteuse.
    Repoussant sa propre tristesse, Jacques de Sassenage hocha la tête.
    — C'est une excellente idée. Algonde est robuste. Elle se remettra, j'en suis persuadé. Lors, j'aimerais que tu profites du tournoi, comme tes sœurs, pour jauger de la valeur de tes prétendants. Je n'aime pas les manières de ce Philibert de Montoison. Si demain il m'arrivait malheur, ton frère s'y rallierait.
    Le cœur de Philippine manqua un battement.
    — Qu'est-ce à dire ?
    — Aymar de Grolée les a surpris qui parlaient de toi à l'occasion d'une des visites du chevalier. Face aux arguments que lui présentait Philibert de Montoison, Louis n'émettait d'autre réserve à vos épousailles que ma propre volonté… et mon vivant.
    — J'aimerais mieux à tout prendre épouser Aymar de Grolée, grimaça Philippine en étouffant un bâillement derrière sa main.
    Au silence qui succéda à cette remarque, Philippine supposa que cette idée n'était sans doute pas pour déplaire à son père. Il ne renchérit pas pourtant. Il l'aimait assez pour la préférer heureuse avec un jouvenceau plutôt qu'un homme de son âge, si vif et généreux soit-il. Pour autant, il tenait à son sujet.
    — Et pourquoi pas Laurent de Beaumont ? Il est

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