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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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les épaules, l'accompagna jusqu'à la porte de communication de sa chambre, la poussa gentiment à l'intérieur et referma les battants sur elle.
     
    Plantée derrière, Philippine renifla, le cœur écartelé. Pouvait-elle abandonner Algonde ? Certes, depuis sa rencontre fortuite dans la forêt et malgré les événements qui lui avaient succédé, elle n'avait cessé de penser à Djem. Là, encore, le simple fait de l'imaginer quelque part dans une des salles de réception lui mettait le feu aux joues et au corps. Elle s'adossa à la porte. Coupable de ce sentiment, quand à l'aube peut-être… Non. Elle ne devait pas y penser. Algonde vivrait. Elle ne voulait pas la perdre. Encore moins la remplacer par un homme qui peut-être n'était venu ici ce jourd'hui que pour la rechercher et la réduire au silence. Cette idée la terrifia tant elle était plausible. Voilà pourquoi Djem ne l'avait pas pourchassée plus avant la veille. Il ignorait qui elle était et s'était fait introduire au château pour le découvrir. Étouffant un cri de désespoir dans la paume de sa main, elle se laissa glisser contre le bois massif jusqu'à s'asseoir sur le parquet. Son souvenir accrocha l'azur déterminé du regard de Djem lorsqu'il avait arraché son cimeterre de sa ceinture. Le choc des lames. Le prince était un guerrier. Qui n'avait pas hésité à accuser son meilleur compagnon de traîtrise. Il n'aurait donc aucun scrupule à se débarrasser d'elle pour protéger son secret. Il lui suffirait de soudoyer une servante. Un peu de poison dans un breuvage. Philippine se liquéfia. Voilà à défaut d'amour le sort qui l'attendait si elle descendait cet escalier. Elle y renonça. Dès qu'Algonde serait remise, elle se rendrait à Rochechinard avec son frère. Là, Djem devrait se rendre à l'évidence qu'elle ne le trahirait pas. Oui, c'était la seule solution pour rester en vie.
    Elle ne pouvait cependant renoncer à l'idée de l'apercevoir. Sa fenêtre donnait sur les jardins. Elle s'y précipita, écarta les tentures, juste assez pour observer sans être vue, et fouilla le parterre de damoiselles et damoiseaux qui disputaient une partie de colin-maillard ou déambulaient en caquetant.
    Leur ressemblait-elle quand elle se trouvait parmi eux ? Elle se sentait parfois si différente ! Un autre l'était, solitaire sur un banc. Aymar de Grolée, le seigneur de Bressieux, l'ami de ses parents, le parrain de feu la petite Claudine, qui avait accueilli Enguerrand comme écuyer. Bel homme encore, il semblait maussade. Par dépit sans doute. Depuis qu'elle savait qu'il avait chéri sa mère et avait renoncé à elle en la sachant éprise de Jacques, Philippine ne doutait plus des sentiments ambigus qu'il lui portait. Ne ressemblait-elle pas trait pour trait à Jeanne de Commiers ? Cette pensée la ramena à Djem et un frisson la parcourut tout entière. Irait-il dans le bureau de son père ? Le portrait de sa défunte mère ornait le manteau de la cheminée. Pour autant, distante et échevelée dans sa course, pourrait-il la reconnaître ? Elle rongea ses ongles. Comme la vie était triste et compliquée !
    Elle finit par laisser retomber la tenture. Soit Djem était reparti, soit il préférait la fraîcheur de la bâtisse. La mine basse et le cœur lourd, elle s'en fut reprendre sa veille, évita le regard de reproche de dame J'espérais qui venait de terminer ses soins et, soulagée d'entendre que l'infection était enrayée, s'agenouilla pour prier.
     
    Peu avant minuit, on toqua à la porte et Philippine vit entrer Marthe, soucieuse.
    — Comment va-t-elle ? demanda la chambrière de Sidonie en s'approchant du lit qu'éclairait un falot.
    Algonde respirait péniblement, les traits tourmentés et pâles. Agacée par sa présence, épuisée de lutter contre le sommeil, angoissée à l'extrême, Philippine la foudroya du regard :
    — Quelle importance cela peut-il avoir ? Vous la détestez, comme moi, comme tous ! Sortez !
    Le visage de Marthe se durcit. En d'autres lieux et circonstances elle aurait éventré cette petite garce d'un seul ongle pour lui apprendre le respect ! Elle se domina pourtant. La mort d'Algonde n'était pas acceptable. Marthe ne comprenait pas pourquoi elle dépérissait ainsi. Craignant qu'Algonde n'essaie de la tromper, elle avait préféré réduire elle-même l'œuf noir en poudre et ajouter la part que la jouvencelle devait ingérer dans cette potion. Contrairement à celle qu'elle avait

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