Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
Vom Netzwerk:
d'une élégance rare le descendait. Si la richesse de ses atours la mettait en valeur, c'était plus sûrement la laideur et l'austérité macabre de sa compagne qui rehaussait sa beauté. Fuyant ces yeux de rapace qui s'étaient arrêtés sur lui et semblaient vouloir lui sonder l'âme, Djem se laissa entraîner par son hôte jusqu'au pied des degrés.
    — Prince Djem, laissez-moi vous présenter mon épouse, Sidonie de Sassenage.
    La main sur le cœur, Djem s'inclina devant elle à la mode orientale.
    — Je me sens, madame, comme un chardon devant une rose. J'envahis votre territoire de mes tristes épines quand il le faudrait tout entier dédié à votre splendeur.
    — Sans parterre pour l'admirer, la rose se mourrait, prince Djem, repartit Sidonie en lui offrant son plus joyeux sourire.
    — Alors, si votre époux y consent, permettez… osa Djem en arrondissant son bras, cette fois comme n'importe quel seigneur de France.
    — J'en serai honorée, répondit Sidonie en posant avec élégance ses doigts sur le pourpoint de soie moirée.
    Jacques de Sassenage éclata d'un rire clair. Avait-il été sot de retarder cette rencontre avec le prince.
    Car oui, décidément, cet homme lui plaisait !
    *
    Algonde délirait.
    Au petit jour elle s'était levée, nauséeuse, pour prendre dans ses bras Elora qui pleurait. L'enfançon s'était apaisée de son contact mais avait refusé son sein. Algonde s'en était aussitôt alarmée. La guérisseuse qui faisait aussi office de ventrière s'était précipitée, avait prélevé sur son index une goutte de lait maternel pour le porter en bouche, puis avait relevé la chemise de nuit pour lui inspecter le bas-ventre.
    — Vous êtes infectée. Je peux y remédier mais il vous faudra garder le lit quelques jours et mettre l'enfant en nourrice, avait-elle diagnostiqué.
    Le cœur déchiré, Algonde avait laissé une autre s'occuper de sa fille. Elle n'était pas dupe. La potion que Marthe l'avait forcée à avaler s'était sans doute transformée en poison en se mélangeant à son sang déjà souillé par la vouivre. Ses chairs tuméfiées pourrissaient. Elle avait lutté autant que possible, mais les fièvres l'avaient envahie malgré l'intervention de la guérisseuse. Quelques heures plus tard, alors que Philippine, prévenue, s'avançait dans sa chambre pour juger de son état, elle ruisselait de sueur et claquait des dents. Terrorisée par son teint cireux et ses propos incohérents, Philippine avait refusé de quitter son chevet.
    L'après-midi s'étirait mollement qu'elle était toujours là à prier, désespérée de voir qu'au lieu de la quitter le mal émaciait les joues d'Algonde d'heure en heure.
    — Ne peut-on rien ? demanda-t-elle une nouvelle fois à la guérisseuse qui venait d'entrer pour prendre le pouls désordonné de la jouvencelle.
    — Je vous l'ai déjà dit, damoiselle Hélène. Mes remèdes sont limités. Sa vie à présent est entre les mains de Dieu. Il faut attendre. Si elle passe la nuit, alors, peut-être…
    Philippine éclata en sanglots.
    — Dites-moi qu'elle ne mourra pas. S'il vous plaît, dame J'espérais. Dites-le-moi, supplia-t-elle.
    La ventrière contourna le lit de ses jambes torses. Elle était au service de cette maisonnée depuis bien longtemps, avait aidé Jeanne de Commiers à mettre ses enfants au monde et les considérait un peu comme les siens. La mort de Claudine l'avait bouleversée et même si elle comprenait mal que l'on pleure ainsi une servante, la peine qu'avait Philippine lui creva le cœur. Elle l'entoura de ses bras et l'attira contre sa poitrine généreuse.
    — Vous devriez vous changer les idées. Votre père a ramené de la chasse un cerf d'une ramure peu commune. C'est le Turc qui l'a abattu d'une flèche en plein front, dit-on. Il est en bas. C'est une curiosité. Puisque ici vous ne pouvez rien, ne préférez-vous pas le voir ?
    — Le cerf ? hoqueta Philippine.
    — Parbleu non, il est déjà en cuisine. Le prince Djem.
    Philippine tressaillit. Assembla les éléments qu'elle avait entendus sans les écouter vraiment. Elle s'écarta de dame J'espérais, une larme en suspens à l'arête du nez.
    — Le prince est ici ?
    — Puisque je vous le dis. Allez donc vous rafraîchir. Je resterai pour veiller Algonde. Il faut de toute manière que je nettoie ses linges.
    La ventrière lui pinça affectueusement la joue.
    — Vous me raconterez…
    Sans lui laisser le choix, elle prit Philippine par

Weitere Kostenlose Bücher