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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Sept avant de sentir ses jambes la lâcher. Étonnant comme l'esprit pouvait s'attacher à ces détails dès lors que l'on était au-delà de la douleur elle-même. Qui pouvait comprendre à quel point elle l'aimait ? Elle-même était incapable de l'expliquer.
    Aurait-elle le courage de relever les yeux, le nez, la tête ? Aurait-elle encore le courage de marcher ? Alors même qu'elle se le demandait comme une question de plus, improbable, la lumière caressa ses cheveux. Main secourable. Si douce. Si perceptible qu'elle se demanda si ce n'était pas celle de Dieu lui-même venu la réconforter. Elle redressa le front et resta bouche bée.
    Dans un halo intense et bleuté, les corps mêlés d'Algonde et de sa fille flottaient au-dessus du lit, si haut que Philippine aurait pu s'y allonger sans les toucher.
    Elle se signa par réflexe, et les yeux rivés sur cet étrange phénomène guetta l'instant où un ange surgirait pour les emporter au paradis des âmes de pureté.
    *
    Mortifiée, Sidonie passa le seuil de sa chambre pour se trouver nez à nez avec Marthe qui l'attendait, immobile et froide. En finir. Vite.
    — Jeanne a recouvré la mémoire. Il sait. Il nous congédie, chevrota Sidonie en se jetant à ses genoux. Par pitié, Marthe ! Ne lui fais pas de mal. Laisse-le en paix, supplia-t-elle en s'accrochant à deux mains à son tablier.
    — Ôte-toi de mon chemin, grinça méchamment la Harpie en avançant son pied.
    Sidonie secoua la tête.
    Marthe se contenta d'un geste de la main dans l'air lourd de cette fin de journée et Sidonie roula sans ménagement sur le côté. À peine la Harpie eut-elle refermé la porte qu'elle se recroquevilla sur elle-même pour pleurer.
    *
    Ils ne venaient pas. Décidément non. Les anges ne venaient pas. Et la lumière s'intensifiait. Au point que Philippine dut mettre ses mains en visière. Sept pas. Lui avait-on demandé de les compter ? Car si le halo la frôlait, elle n'en goûtait pas les effets. C'était incompréhensible. D'étrangeté et de beauté. Elle ferma les yeux, aveuglée. Lorsqu'elle les rouvrit quelques minutes plus tard, c'était terminé. Algonde et sa fille reposaient de nouveau sur le lit. Tourné vers elle, le visage d'Algonde était apaisé, aussi rose que celui d'un nouveau-né. Malgré ses yeux clos, elle souriait. Quant à Elora, elle suçait son pouce comme si rien n'avait été.
    Philippine étouffa un cri de joie, oscilla sur ses genoux tétanisés, s'appuya des mains pour se redresser et gagna le lit, emplie de la certitude du miracle divin auquel elle venait d'assister. Elle secoua légèrement l'épaule d'Algonde pour la réveiller. Puis plus fort et encore plus fort au risque d'émouvoir la petiote. Algonde ne bougea pas. Pourtant, les mains nouées autour du corps de sa fille, elle vivait, c'était une évidence. Alors pourquoi ? Philippine voulut s'acharner lorsque son regard tomba sur celui d'Elora, qui la fixait. Jamais elle n'en avait vu de semblable. Non jamais. Entre le vert et l'or, il ressemblait, hypnotisant, à celui d'un reptile. Un chant éclata dans sa tête. Envoûtée par celui-ci, elle répéta à voix haute ce qu'il lui imposait.
    — Protéger… le… secret.
    *
    Marthe s'avança dans le bureau de Jacques sans attendre qu'il l'ait invitée à entrer. Il ne s'en étonna pas.
    — Vous me vouliez voir, messire.
    Abandonnant sa réflexion amère, il referma la croisée qu'il avait ouverte par besoin d'air et lui fit face, hostile.
    — Épargnez-moi ces civilités. Je ne doute pas que vous étiez au fait de la vérité concernant Jeanne de Commiers.
    L'œil sournois de Marthe se rétrécit dans ses orbites. Elle avait assez perdu de temps à l'épargner.
    — Je n'ai qu'un seul regret à ce sujet. Celui de ne pas l'avoir achevée.
    Jacques de Sassenage sursauta.
    — Je vous demande pardon ?
    Marthe ricana méchamment.
    — Alors quoi ? Me prêteriez-vous ce jourd'hui plus d'humanité qu'hier ?
    Furieux, il arracha une épée accrochée au mur et lui piqua la gorge. Marthe ne bougea pas. Ce jeu l'amusait.
    — Vous en avez trop dit ou pas assez…
    — Allons baron. La seule chose que vous voulez vraiment savoir, c'est si Sidonie a commandité cette tentative de meurtre.
    Le cœur de Jacques manqua un battement. Ce rictus cruel à ces lèvres putrides. Il fit perler un peu de sang noir sous la pointe.
    — Parle, sorcière. Parle ou je t'embroche !
    Marthe se mit à rire en avançant son cou. Avant que

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