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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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un instant, il posa sur l'échiquier le fou qu'il en avait enlevé. Guy de Blanchefort avait raison. Ils avaient bien trop d'orgueil l'un et l'autre pour accepter un jeu semblable. Il se promit d'être plus attentif lorsqu'ils le reprendraient.
    — Soyez le bienvenu, Louis ! Damoiselle Hélène ! s'exclama Guy de Blanchefort au moment où, repoussant sa chaise à l'instar de son geôlier, Djem se relevait.
    Il manqua renverser la table sous le coup de la surprise. Enveloppée d'un long mantel de velours bleu rehaussé de fourrure, parfaite dans sa robe de soie blanche qu'une ceinture d'argent ouvragée resserrait légèrement sur les hanches, la dame de ses rêves l'enveloppa d'un regard si doux qu'il en fut bouleversé. Ce fut furtif pourtant. Déjà, Louis de Sassenage qui s'était avancé pour l'étreindre chaleureusement la masquait.
    — Allez-vous bien ce jourd'hui, prince Djem ? lui susurra-t-il en le pressant sur son cœur comme un ami de toujours.
    Malgré son trouble, Djem se reprit aussitôt. Ne rien laisser paraître. Non. Ne rien laisser paraître. Malgré son souffle coupé. Malgré la détestable vérité. Hélène de Sassenage, promise par Louis à Philibert de Montoison, était celle qu'il aimait. Il se dégagea.
    — Comment pourrait-il en être autrement puisque chaque jour davantage vous me portez votre amitié ?
    — La vôtre m'est tout autant précieuse, Zizim. Laissez-moi vous présenter Philippine-Hélène, ma sœur, dont je vous ai parlé, ajouta Louis en se tournant vers elle, qui venait courtoisement de porter à Guy de Blanchefort les salutations de leur père.
    Le cœur battant la chamade, Philippine lui offrit son sourire le plus chaleureux. Saurait-il entendre ce qu'à mots couverts elle voulait lui expliquer ?
    — Je suis heureuse de vous rencontrer enfin, prince. Votre dernier combat hante les murs de la Bâtie. À dire vrai, votre geste à l'égard de cette bête traquée force le respect.
    Louis se mit à rire.
    — Ne vous avais-je pas dit qu'elle était ravissante ?
    — Si fait, le lui accorda Djem en plaquant une main sur son cœur pour la saluer à l'orientale.
    Un regard de biais pour accrocher le sien. Discret. Il ajouta avec élégance :
    — Je n'ai aucun mérite. Certaines chasses sont un frisson de liberté, damoiselle.
    — C'est ainsi que je le conçois, prince. Pour ma part, je préfère laisser les chevreuils courir que de les voir entraver. Accordez-moi une faveur voulez-vous ? N'abattez pas le prochain. Il saura en garder le secret.
    — En voici donc des lubies de femme ! Ne l'écoutez pas, prince, ou nos bois seraient infestés, se moqua Louis, forçant le rire de ses compagnons.
    Djem les fit taire d'un geste aérien de la main et d'un sourire étiré jusqu'aux oreilles.
    — Je ne peux rien pour les chevreuils, damoiselle, mais si quelque biche se trouvait en ma visée, je vous promets d'abaisser mon arc pour ne pas la blesser.
    Philippine se détendit d'un bloc. Djem avait compris, elle ne pouvait plus en douter. Elle s'en serait réjouie si à cet instant la voix de Philibert de Montoison n'avait résonné haut et fort sous la voûte d'ogive de la porte, pour les saluer.
    Alors que tous se tournaient vers lui, Guy de Blanchefort le premier, elle demeura sur place, retenue par le regard de Djem qui, profitant de la diversion, l'enveloppait de douceur. Il se rapprocha jusqu'à la croiser. Leurs épaules se frôlèrent et Philippine crut défaillir de bonheur. Se pouvait-il que cet homme l'aimât autant qu'elle l'aimait ? Profitant de ce que Louis et Philibert se saluaient, entourés de leurs comparses respectifs, il lui glissa en aparté :
    — Répondez brièvement. Voulez-vous cet homme pour époux ?
    — Non, jeta-t-elle dans un souffle. Jamais.
    — S'il vous contraint, je le tuerai, affirma-t-il avant de se détacher d'elle pour rejoindre, d'un pas léger, le groupe qui s'était formé.
    Philippine ferma un instant les yeux pour retenir en elle cette félicité soudaine et inespérée, puis, consciente qu'elle devait à tout prix en préserver le secret, se drapa dans une hautaine réserve et rejoignit son frère.
    *
    Jeanne de Commiers laissa un regard vide s'attarder sur les objets qui meublaient sa chambre.
    — Je suis navrée, sœur Albrante, mais je ne me souviens pas.
    — Faites un effort encore. Concentrez-vous.
    Jeanne ramena sur elle un visage las, marqué de fatigue. Cette fatigue qui l'habitait depuis qu'elle

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