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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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ses amis, elle se sentait prisonnière. Quelque chose était arrivé. Elle ignorait ce que c'était, mais depuis leur retour de Saint-Just, il régnait une atmosphère étrange au château de la Bâtie. Elle aurait voulu l'attribuer à la guérison miraculeuse d'Algonde, à ce lien ténu entre la petite Elora et elle, qui ce jourd'hui encore l'avait empêchée de parler de cette lumière bleutée, mais elle sentait que c'était autre chose.
    De fait, bien que mieux indiscutablement depuis qu'elle s'était réveillée, Algonde ne parvenait pas à quitter le lit. À peine mettait-elle le pied à terre qu'elle partait en vertiges et s'évanouissait. La guérisseuse avait affirmé qu'il faudrait du temps pour qu'elle se remette. Pour autant, Elora refusant tout autre sein, elle l'avait autorisée à garder l'enfançon près d'elle. Philippine aurait voulu y rester, mais son père avait exigé qu'elle prenne l'air. Et d'une voix qu'elle ne lui connaissait pas, chargée d'une autorité pressante, avait ajouté qu'elle devait au plus tôt se décider à choisir un époux.
    Ce matin, à peine avait-elle pris son petit déjeuner que Louis, son frère aîné, lui avait imposé une visite au prince Djem. Philippine n'était pas dupe de ses manigances. Il voulait la rapprocher de Philibert de Montoison avec lequel il avait sans doute passé de sombres accords. S'il croyait pouvoir la contraindre, il se trompait. À présent qu'Algonde était sauve, Philippine était plus que jamais résolue à se garder de ce fourbe.
    Elle cligna des yeux sous la lumière du soleil.
    — Nous arrivons, ma sœur, crut bon de lui indiquer Louis dans un sourire mielleux en se portant à sa hauteur.
    Elle le lui retourna avec l'envie secrète de le gifler. Son père avait raison. Il allait falloir qu'elle se presse. Louis la détestait. Elle en était sûre. Il ne comprenait pas son attachement à Algonde, lui qui sans cesse relevait les jupons des servantes et les couchait sous lui sans le moindre ménagement, consentantes ou pas. Ils étaient semblables, Philibert de Montoison et lui. Que pouvait donc lui avoir promis le chevalier en échange de ce mariage ? Philippine refusa d'y penser, d'autant qu'ils passaient le corps de logis. Elle sentit son cœur battre plus vite. Sa décision, sa vie elle-même, dépendraient de Djem. Il n'était plus temps de se dérober aux sentiments qu'elle lui portait depuis cette course-poursuite. Si la peur de perdre Algonde les avait émoussés ils n'en étaient que plus forts à présent. Elle devait l'en convaincre dès l'instant si elle voulait se garder de sa lame.
    Le raidillon grimpé, ils mirent pied à terre près des écuries. Prenant le bras que lui offrait Louis, Philippine gravit les marches abruptes jusqu'au corps de logis.
     
    Djem avança un pion sur l'échiquier et Guy de Blanchefort poussa un soupir affligé :
    — Décidément mon ami, cela en devient vexant…
    — Quoi donc? s'étonna Djem en reprenant corps avec la réalité.
    — Vous voudriez me laisser gagner que vous n'agiriez pas autrement. Là… Voyez…
    Il lui enleva sa dame avec une déconcertante facilité. Djem tordit la bouche. Depuis son retour du château de la Bâtie et bien que le jeune Louis de Sassenage s'en vienne chaque jour le visiter, il était morose de n'avoir pas rencontré la jouvencelle qui l'obsédait.
    — Je vous demande pardon, mon ami. De fait, je rêvassais.
    Les traits de Guy de Blanchefort accusèrent un voile de tristesse.
    — Je devine à quel point Houchang vous manque, Zizim, mais j'avais espéré que l'amitié des Sassenage émousserait votre peine.
    — Remplace-t-on jamais ce qu'un cœur a aimé ?
    Guy de Blanchefort ne répondit pas. La porte du petit salon dans lequel ils se trouvaient attablés sous la lumière douce d'un vitrail venait de s'ouvrir. Djem qui, de même, avait levé les yeux, reconnut le jeune Louis aux côtés de l'hospitalier qui l'avait introduit.
    En peu de temps, il avait appris à apprécier le tempérament bravache du jeune seigneur, et même s'il le trouvait trop sévère à l'égard de sa sœur, cette Hélène dont Philibert de Montoison était épris, Djem avait accepté, comme promis au grand prieur d'Auvergne, de servir les intérêts de ce mariage. L'inconnue du bois ayant contrecarré ses projets, Djem avait résolu, à défaut de séduire la sœur, de s'attacher le frère, plus à même finalement de l'aider à rencontrer le roi de France.
    Baissant la tête

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