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Le Chant des sorcières tome 2

Le Chant des sorcières tome 2

Titel: Le Chant des sorcières tome 2 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Jacques ait pu écarter la lame, la glotte de la Harpie en était transpercée.
    — Comme ceci, baron ? se moqua-t-elle d'une voix assourdie.
    Il retira son branc et recula, bien certain de la voir s'écrouler, morte, à ses pieds, désespéré de ce suicide qui lui laisserait toujours au cœur le doute de la culpabilité de Sidonie.
    Elle resta debout, face à lui, et il tressaillit de voir le sang cailler autour de la blessure qui se refermait. Diablerie, songea-t-il. Le combattant en lui réagit le premier. Il se rua sur elle, la pointe en avant à hauteur du cœur. D'un mouvement du poignet, Marthe le désarma avant même qu'il l'eût approchée. L'épée ricocha contre le bureau, écornant un angle avant de tinter lourdement sur le parquet. Jacques eut à peine le temps de comprendre ce qui venait de se passer qu'il était soulevé de terre et plaqué contre un mur, les pieds battant le vide, comme maintenu au cou par une main invisible que la Harpie manœuvrait de la sienne.
    — Je pourrais te tuer, Jacques de Sassenage, mais ce faisant, je perdrais le bénéfice de toutes ces années de faux servage. Lors, tu vas laisser Jeanne où elle est et nous garder Sidonie et moi à tes côtés.
    — Ja… Jamais… hoqueta-t-il, le souffle oppressé.
    Un nouveau geste et il passa d'un mur à l'autre avec une telle violence qu'il s'y cassa le nez. Il s'écroula à terre, sanguinolent. La Harpie ne bougea pas tandis qu'il se relevait, s'écorchant les ongles sur les jointures de la pierre.
    — Je crains que tu n'aies pas le choix, baron.
    Il cracha du sang, passa, malgré la douleur, un revers de manche sur son visage pour l'essuyer et lui fit face, l'œil noir.
    — Je ne laisserai pas le diable régner sur ces terres, affirma-t-il.
    La Harpie le toisa.
    — Et que feras-tu donc pour l'empêcher ?
    Il secoua la tête. De fait, il l'ignorait. Le guerrier en lui n'aspirait qu'à récupérer ce poignard à sa ceinture et à se jeter sur elle, mais il avait compris qu'elle esquiverait cette attaque comme les autres. Et quand bien même il l'atteindrait, elle était immunisée. Au vu de toutes ces années où elle les avait suivis à l'église, communiant même aux côtés de Sidonie, il fallait exclure toute protection divine. Restait la ruse. Mais pour en user il fallait d'abord comprendre. Endolori, il s'approcha d'une étagère ouvragée qui supportait une carafe d'étain. Il en ôta le bouchon de verre et fit couler dans sa gorge une rasade d'alcool de prunelle. Instantanément il se sentit mieux.
    — Je veux la vérité concernant Sidonie, osa-t-il d'une voix nasillarde en se tournant vers elle.
     
    Marthe le toisa de mépris.
    — Asseyez-vous, Jacques de Sassenage, vous pissez le sang et sortir de cette pièce dans pareil état ne vaudrait rien à votre réputation.
    Insister aurait été vain. Marthe le tenait. Il obtempéra, curieux de l'étendue de ses pouvoirs. Elle se contenta de marmonner. L'instant d'après, il respirait de nouveau sans difficulté et le miroir qui lui faisait face lui renvoya une image de lui exempte de toute meurtrissure. Ses vêtements eux-mêmes avaient retrouvé un aspect soigné. Il tiqua. Cette sorcière ne serait pas facile à éradiquer.
    — Ne vous avisez plus de me contrarier, baron, ou de ce lieu et de votre descendance même ne resteraient que cendres. Quant à Sidonie, elle n'est pour rien dans ce qui est advenu à Jeanne. Au contraire. Lorsqu'elle l'a appris elle a voulu vous prévenir. Je l'en ai empêchée.
    — Pourquoi ?
    — Elle vous aime et vous n'étiez pas insensible à sa beauté. Deux arguments favorables à mes projets. Je ne laisserai pas Jeanne de Commiers les ruiner. Elle restera où elle est. Me suis-je bien fait comprendre ?
    Il hocha la tête, la rage au cœur. Pour autant…
    — Que voulez-vous pour nous laisser en paix ?
    — Rien qu'aujourd'hui vous puissiez me donner. Lorsque l'heure sera venue pour moi de le prendre, vous serez libre.
    Il se dressa :
    — Dois-je entendre que nous sommes vos prisonniers ?
    Elle éclata d'un rire sardonique :
    — En avez-vous jamais douté ?
    Le temps qu'il en prenne la mesure, elle avait passé la porte et l'avait refermée.

21
    Philippine leva les yeux pour mieux embrasser sur son éperon rocheux la silhouette austère du château de Rochechinard, à quelques encolures du chemin rocailleux et escarpé sur lequel elle avançait prudemment. Escortée de son frère aîné et de plusieurs de

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