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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Luirieux se doutait-il qu'il revêtait une importance autre que celle de contrepoison fabuleux ? Quoi qu'il en soit, cet individu ne pouvait plus rien contre elle. De fait, Bayezid le lui avait confirmé, il avait quitté le pays.
    Elle aurait aimé pouvoir faire de même, s'échapper de cette cage dorée. Bayezid lui avait autorisé la libre circulation dans le palais et son enceinte. Mounia s'était empressée dès le premier jour de le vérifier. On l'avait laissée aller et venir à sa guise, des bains de vapeur aux jardins luxuriants, sans qu'elle ressente la moindre surveillance. Pour finir, elle s'était approchée d'un des portails. Comme par magie, un eunuque armé d'une lame courbe à la ceinture s'était alors interposé, s'inclinant devant elle avec déférence, mais fermeté. Mieux valait ne pas réessayer et composer au mieux avec ces nouvelles données.
    Glissant sa main sous ses voiles, elle saisit le flacon et le plaça devant le soleil. Le bleu profond du verre filtrait tant son éclat que la pyramide semblait presque noire dans l'azur du ciel. Comment son père, si féru d'astrologie, n'avait-il pas fait le rapprochement plus tôt ? Il avait fallu ouvrir le sarcophage du Géant, découvrir l'étui de diorite entre les mains momifiées et s'émerveiller du parchemin qu'il contenait pour comprendre que les trois grandes pyramides étaient bien plus anciennes sur le plateau de Gizeh que l'Histoire ne le prétendait.
     
    Prévenue par le parfum capiteux de Bayezid bien avant son pas derrière elle, Mounia remit discrètement le flacon dans sa cache. Elle s'était abstenue d'en parler de crainte que Bayezid ne le lui prenne.
    Accrochant un éclat factice dans ses yeux, elle pivota pour accueillir le sultan et se jeter dans ses bras. Il ne devrait jamais, non jamais s'imaginer qu'elle feintait si elle voulait qu'il élève son fils comme le sien. Si elle voulait parvenir à ses fins.
     
    Bayezid l'étreignit avec chaleur, conquis autant par sa beauté que par son caractère trempé.
    — J'aimerais que tu m'accompagnes, dit-il après l'avoir embrassée voluptueusement. Hors la limite de ces murs.
    L'œil de Mounia pétilla de satisfaction.
    — Votre confiance m'honore, mon sultan.
    Bien moins séduisant que son frère Djem, Bayezid n'en possédait pas moins un charme puissant qu'une allure d'athlète accompli servait. Le sourire révélant une dentition parfaite s'étirait davantage sur la dextre, creusant une fossette dans sa joue. Aucune femme jusqu'alors n'y avait résisté. Comment aurait-il pu douter en conséquence de ce regard qui le dévorait ?
    — Je veux croire que tu m'aimes autant que je t'aime. Et te remercier aussi.
    — Me remercier, puissant sultan, se mit à rire Mounia, et de quoi donc ?
    — De la légende que tu m'as rapportée. Ce jourd'hui, grâce à ce que je veux te montrer, j'ai bon espoir qu'elle soit vraie.
    Le cœur de Mounia s'emballa dans sa poitrine. Était-il possible que, de la manière la plus improbable qui soit, son destin l'ait rattrapée ?
    *
    — Ne pouvons-nous nous reposer un peu? Je suis épuisée, insista Philippine. Le soleil était au zénith. Ils étaient en selle depuis près de douze heures, avaient changé trois fois de montures, deux de vêtements, ne s'accordant que le temps de boire ou manger les denrées emportées. Toujours habillée en homme, bien qu'elle ne soit plus en livrée, Philippine ne sentait plus ni ses reins, ni ses jambes, ni son dos, ni ses bras. De fait, il n'y avait plus une seule partie de son corps qui ne fût douloureuse.
    Djem pencha la tête de côté, échangea un regard avec Nassouh. Si tout se passait comme Algonde l'avait prévu, ils pouvaient se prévaloir de neuf à dix heures d'avance, mais l'un comme l'autre savaient la ténacité et l'endurance des hospitaliers. S'ils rognaient trop la marge, ils seraient rattrapés avant d'atteindre Turin. Nassouh hocha le menton. Philippine ne tiendrait pas davantage. Djem tira sur le mors et, quittant la route, obliqua vers la droite en direction d'un ruisseau qui courait en contrebas.
    — Ici, nous serons bien, décida-t-il, arrachant un soupir de soulagement à la damoiselle.
    Sautant à bas de sa monture, il l'aida à mettre pied à terre sur les petits galets qui tapissaient les abords du cours d'eau. Laissant à Nassouh le soin des bêtes sitôt qu'elles se seraient abreuvées, Djem fit quelques pas aux côtés de Philippine, pressée de détendre ses cuisses

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