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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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Algonde s'y serait bien employée elle-même, mais elle avait craint que la Harpie ne reconnaisse son odeur dans les boyaux et déplace sa prisonnière. Il valait mieux l'utiliser à d'autres fins. Elle en avait une. Dresser l'un contre l'autre Philibert de Montoison et Marthe et, de fait, se protéger.
    À huit heures exactement, passée dans la chambre de Philippine, elle en ouvrit la porte qui donnait sur le couloir pour se retrouver nez à nez avec le garde en faction derrière.
    — Où est partie dame Hélène ? lui demanda-t-elle, l'air le plus innocent possible.
    Il se liquéfia.
    — Mais nulle part…
    Algonde le toisa de la tête aux pieds.
    — Comment nulle part ? Elle n'est pas chez elle, c'est donc qu'elle est sortie.
    Le malheureux se tourna aussi sec vers son confrère qui veillait devant l'huis d'Algonde un peu plus loin. L'autre secoua la tête avec incompréhension. Ni l'un ni l'autre n'avaient rien vu.
    Algonde pinça les lèvres d'un air entendu qui les mit encore plus mal à l'aise.
    — Je vous assure que le sommeil ne nous a pas pris, dame Algonde, se justifia le premier.
    — Gardez cela pour qui vous emploie. Moi, je crois ce que je vois.
    Sur ce, elle leur claqua la porte au nez et s'activa à préparer le bain de Philippine comme si de rien n'était. Elle venait juste d'apporter un baquet d'eau chaude lorsque la porte s'ouvrit en grand, laissant passer Philibert de Montoison, livide.
    — Où est-elle ? gronda-t-il en fondant sur elle.
    Algonde haussa les épaules.
    — Qu'en saurais-je ? La pièce était vide quand je suis arrivée et le lit défait.
    Ils s'affrontèrent du regard. Algonde ne baissa pas le sien.
    — Elle n'a pas pris son petit déjeuner en bas, j'en reviens.
    Algonde osa un œil vers la pendule. Huit heures vingt.
    — Elle l'a commandé pour neuf heures ici. Sans doute a-t-elle eu envie de prendre l'air.
    — Ce n'est pas dans ses habitudes.
    — Se marier non plus, le moucha Algonde.
    Furieux, il repassa la porte comme il était venu.
    Algonde étouffa un rire joyeux. La première manche lui appartenait et elle comptait bien se réjouir des suivantes. Marthe n'avait rien dit, comme elle s'y attendait, trop heureuse à l'idée que Djem et Philippine fautent enfin loin des regards de son protégé. Tout était pour le mieux. Il suffisait d'attendre. Et de s'amuser.
     
    À neuf heures précises, le plateau du matinel arriva en même temps que Philibert. Cette fois, il trouva Algonde qui scrutait la fenêtre dont le meneau avait été débarrassé de la corde. Elle tourna dans sa direction un visage rongé de doute.
    — Je suis inquiète, se contenta-t-elle de dire, pour qu'il fût convaincu qu'elle l'était véritablement.
    Il repartit en courant.
    « Cette fois c'est gagné », songea Algonde en perdant de nouveau son regard vers les jardins qui s'animaient. Une fraction de seconde, ils s'émoussèrent pour laisser place au visage de Philippine, lumineux malgré les marques de sa fatigue. Algonde étendit les bras pour s'étirer. Chevauchant à perdre haleine, celle que Philibert recherchait connaissait enfin le bonheur.
     
    Assailli d'un doute détestable, ce dernier traversa les longueurs interminables de couloirs jusqu'à l'aile ouest et s'adressa aux hospitaliers qui veillaient à la porte des appartements du prince.
    — Il n'est pas sorti encore, lui répondit-on.
    Pris d'angoisse, Philibert en força le seuil. La pénombre régnait dans la chambre. D'un pas vif, il gagna la fenêtre pour écarter les rideaux, inondant de clarté la couche, intacte. Il jura. Passa dans la salle voisine, faisant hurler de pudeur les épouses du prince qui vaquaient à leur toilette, à demi nues dans leur harem.
    Il fonça sur Almeïda et, laissant les autres se cacher derrière des paravents près des baignoires, lui secoua violemment le bras.
    — Où est le prince ?
    — Je l'ignore, messire, il a refusé ma compagnie hier soir.
    Il la planta là, investit les appartements mitoyens de Nassouh, en ressortit les poings serrés. Comme pour Philippine, personne n'avait rien vu ni entendu, mais tous trois s'étaient volatilisés.
    — Qu'on batte le château et les jardins alentour, le plus discrètement possible. Dans une heure au plus tard je veux être fixé, ordonna-t-il, refusant d'alerter ou d'accuser quiconque tant que le doute demeurait. Il se pouvait encore qu'ils soient enlacés quelque part et que le tchélébi fasse le guet. Auquel cas, c'était

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