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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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plus tard, résigné, Djem déménageait pour Bourganeuf et Philippine, accompagnée d'Algonde et Mathieu, pour Bressieux.
    Une semaine plus tard, Bayezid rappelait sa première épouse en sa couche, signifiant ainsi à Mounia l'oubli dans lequel il avait décidé de l'enfermer.
    Une semaine plus tard, agenouillé dans la cour d'un palais abandonné, la mémoire revenue et le cœur en cendres, Enguerrand de Sassenage caressait de ses larmes l'endroit où ses sauveteurs avaient enterré en toute hâte quatre corps. Deux hommes, deux dames, avaient-ils dessiné de leur index sur le sable.
    S'il avait su que cette nuit-là, au moment d'emmener Mounia, Hugues de Luirieux avait poignardé une vieille femme attirée par le raffut alors qu'elle s'apprêtait à donner l'alerte, sans doute se serait-il mis en quête de celle qu'il aimait.
    Au lieu de quoi, certain que sa soif de vengeance le mènerait tôt ou tard sur les traces de son rival, il se fit une promesse. Celle de trouver les Hautes Terres puisque telle aurait été leur dernière volonté.
     

34
    La lettre du marquis de Saluces arriva ce 16 octobre au château de la Bâtie.
    Cher cousin, écrivait Louis II,
    Vous n'êtes pas sans connaître les différends qui depuis la mort de mon père m'opposent au duc de Savoie. Considérant ma terre sous la vassalité du roi de France et non plus sous la sienne comme ce fut le cas par le passé, je persiste à refuser de lui rendre hommage. Notre souverain, ce bon Charles le huitième, m'a fait savoir son soutien. Il tarde pourtant, et d'autant plus que le duc de Savoie vient ces jours derniers de me déclarer la guerre. Je crains que le château de Revel, d'où je vous écris et que mon épouse refuse de quitter, ne soit le premier assiégé au printemps. Ainsi que d'autres, Aymar de Grolée m'a confirmé son aide, mais elle sera, hélas ! insuffisante pour tenir tête à la vindicte du duc .
    En conséquence, mon cousin, sachant votre attachement, je viens quérir votre secours dans cette lutte légitime …
    Jacques leva la tête de dessus le pli qu'il avait parcouru à voix haute, les sourcils froncés. Assise face à lui, près de la cheminée crépitante, Sidonie avait suspendu son travail d'aiguille. Derrière eux, Marthe avait poursuivi le sien.
    — Qu'allez-vous faire ? demanda Sidonie.
    — Le nécessaire. Une fois repoussées les attaques du duc de Savoie, l'armée que j'aurai levée pourrait venir soutenir l'host de France contre la Bretagne. Mon renfort sera le bienvenu. Dans les deux cas.
    — Est-ce raisonnable ? À votre…
    Sidonie ne termina pas sa phrase et baissa la tête sur un fard. Jacques soupira. Il avait parfaitement entendu l'allusion.
    — L'âge n'a atteint que mon visage, ma mie. Ni mon cœur ni ma vaillance et encore moins mon courage ne souffrent de sénilité.
    Il se leva.
    — Je vais de ce pas préparer mon départ pour le Piémont. Il est urgent, avant que l'hiver ne frappe à notre porte, de dresser avec le marquis un plan de défense à soumettre au roi. Y voyez-vous quelque chose à redire ?
    Marthe, à laquelle il venait de s'adresser, consentit à lever son regard perçant sur lui.
    — Rien. Courez donc au secours de votre cousin, mon cher. Et puisqu'il s'est lui-même proposé d'en être, ayez soin d'emmener le sire de Bressieux. Je serais navrée qu'il se mette, tout comme vous, en travers de mon chemin au moment des couches d'Hélène.
    — Sa parole de ne rien empêcher ne vous suffit-elle point ? Elle vaut pourtant bien davantage que la vôtre, persifla Jacques de Sassenage, l'œil noir.
    Marthe haussa les épaules.
    — Qu'y puis-je, si votre Jeanne a trouvé moyen de se trancher les veines plutôt que d'attendre sagement que je la libère ? Elle est morte. Comme Sidonie, vous devriez au contraire vous en féliciter.
    Jacques tourna les talons. Seul le sanglot étouffé de Sidonie, qui avait repiqué son aiguille d'une main tremblante, lui fit mal. Il aurait voulu pouvoir lui dire, mais c'était prendre trop de risques. Aussi avait-il fait semblant d'accepter le mensonge du suicide de Jeanne quand Marthe le lui avait servi, après les noces de Philippine. Sidonie ne s'en remettait pas. Nul doute qu'elle craignait pour lui, pour elle, pour leur jeune fils Claude tout autant que pour Philippine la même sentence de mort, une fois que la Harpie aurait obtenu ce qu'elle voulait.
    *
    Au château de Bressieux, d'élégante facture avec ses tourelles circulaires,

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