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Le Chant des sorcières tome 3

Le Chant des sorcières tome 3

Titel: Le Chant des sorcières tome 3 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Mireille Calmel
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prendre ma place. Toutes. Avec ou sans le soutien de la Khanoum.
    Mounia la fixa.
    — Moi, tu ne me briseras pas.
    — Je sais, et je ne m'y risquerai pas. Si j'osais la moindre chose contre toi, on me trancherait la tête dans l'heure.
    Mounia sursauta.
    — Non. Bien sûr que non. Tu es la mère de son fils aîné. Jamais Bayezid ne te condamnerait.
    Ihda eut un petit rire désabusé.
    — Tu ne le connais pas comme je le connais. Sa cruauté n'a aucune limite. Aucune, lorsqu'il se croit trahi.
    — Djem est de même nature. J'en ai fait les frais.
    — On le dit. Et je ne doute pas que ce soit vrai.
    Elle s'arracha à son appui et s'écarta avec grâce.
    — Nous allons devoir composer, toi et moi. Mais pas pour longtemps. Il t'offre la liberté, ce qu'il ne m'a jamais consenti. Fais-moi la grâce de ne pas t'en réjouir trop fort au moment de quitter ce lieu. Mes privilèges ne seront jamais les tiens, mais ils me sont précieux.
    Mounia la laissa descendre deux marches.
    — Tu te trompes sur moi, dit-elle.
    Ihda pivota d'un quart, surprise.
    — Je garde l'enfant.
    Un voile de terreur passa sur le visage de la Grecque, vite balayé d'un sourire satisfait.
    — C'est ton droit… Et je m'en réjouis, car il ne te le pardonnera pas.
    *
    À peine Jacques de Sassenage les eut-il laissés seuls dans son cabinet de travail que Philippine se jeta dans les bras de Djem. Il la serra contre lui, les yeux fermés, le nez dans ses cheveux parfumés.
    — Mon amour, ma vie, mon âme, murmura-t-il en la couvrant de petits baisers jusqu'à trouver ses lèvres et se taire.
    Souffle coupé, ils ne pouvaient pourtant se défaire l'un de l'autre, tant la soif les tenait. La soif et la désespérance. Quelques minutes. Guy de Blanchefort n'en avait pas concédé davantage. Et encore l’avait-il consenti en souvenir de l'amitié qu'il éprouvait pour Djem malgré sa déception et son amertume.
    Djem avait eu beau lui certifier ne rien savoir de la disparition de Philibert de Montoison, Guy de Blanchefort avait du mal à le croire. Montoison n'était pas homme à renoncer. S'il n'avait reparu, c'est qu'il était mort. « Surpris par les loups, nombreux en ces montagnes », avait suggéré leur dernier passeur. Guy de Blanchefort avait finalement choisi d'adhérer à cette option. Plus confortable. Tout en gardant le doute en son cœur déchiré.
    Djem n'avait pas tenté d'infléchir le sort qui l'attendait à Bourganeuf, dans cette tour que les hospitaliers avaient fait rénover en secret pour l'accueillir. Une prison. Solidement gardée. Il ne voulait rien dire à Philippine. À quoi bon ? Ce moment devait se nourrir seulement de tout ce qu'il voulait emporter avec lui là-bas, entre ces quatre murs trop hauts pour qu'il puisse s'échapper. Tout ce dont il aurait besoin pour survivre. Sans elle.
    — Ils ne savent pas. Pour Mont… voulut-elle lui dire. Il l'en empêcha.
    — Chut… C'est sans importance. Plus rien n'a d'importance. Je t'aime. Je t'aime… Je t'aime. Je veux que tu t'en souviennes, chaque jour, chaque heure, chaque minute. Je veux que tu sentes ma présence à tes côtés. Dans le chant d'un oiseau, le souffle du vent, la chaleur de l'été. Je veux qu'en fermant les yeux, le soir dans ta couche, le parfum de nos étreintes vienne en ton souvenir et donne à tes rêves la couleur de mes baisers.
    Elle pleurait, le visage emprisonné dans ses mains, les yeux dans les siens, d'un bleu d'océan à grande marée. Il continuait, buvant après chaque mot une goutte de cette pluie qui coulait.
    — Je veux qu'il naisse. Cet enfant. Je veux qu'il grandisse pour te nourrir de moi.
    — Je l'aimerai, Djem. Je l'aimerai autant que je t'aime.
    — Tu l'aimeras, oui, tu l'aimeras et moi aussi. Moi aussi.
    Il la reprit contre lui. La serra à l'étouffer.
    — C'est un homme bon. Aymar de Grolée, dit-il encore.
    — Jamais un autre que toi. Il le sait.
    — Oui. Oui, répéta-t-il, fou de douleur.
    Déjà on frappait à la porte.
    Ils gémirent d'un même cœur torturé. S'embrasèrent encore. S'étreignirent.
    Trois coups supplémentaires contre le battant.
    Djem arracha une bourse qui dormait sur son cœur, la pressa sur le sien.
    — Pour toi… Parce qu'il est éternel.
    La porte s'entrouvrait derrière lui.
    Il la repoussa.
    — Adieu Hélène.
    Jacques de Sassenage le prit affectueusement par les épaules. Ravagée, Philippine ne bougea pas tandis que Djem se laissait emmener.
    *
    Une semaine

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