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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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plus irascible et plus courageux.
    Les taureaux sauvages, les plus formidables de tous les habitans des antiques forêts calédoniennes, n’étaient cependant pas les pièces que les cavaliers anglais poursuivaient avec le plus de plaisir {15} . D’ailleurs les fanfares des cors de chasse, le retentissement du galop des chevaux, les mugissemens et les hurlemens furieux des bestiaux de la montagne, les soupirs du cerf pressé par les chiens haletans, et les cris sauvages, les cris de triomphe des hommes, formaient un vacarme qui s’étendait bien au delà du théâtre de la chasse, et semblait menacer tous les habitans de la vallée jusque dans les plus profondes retraites.
    Pendant le cours de la chasse, souvent lorsqu’on s’attendait à voir partir un daim ou un sanglier, c’était un taureau sauvage qui s’élançait, renversant les jeunes arbres, brisant les branches dans sa course, et en général renversant tous les obstacles qui lui étaient opposés par les chasseurs. Sir John de Walton fut le seul des chevaliers présens qui, sans être secondé par personne, réussit à terrasser un de ces terribles animaux. Comme un tauréador espagnol, il abattit et tua de sa lance un taureau furieux ; deux veaux déja grands et trois vaches périrent aussi accablés sous le nombre des flèches, des javelines et des autres projectiles que leur lancèrent les archers et les piqueurs ; mais beaucoup d’autres, en dépit de tous les efforts tentés pour arrêter leur fuite, gagnèrent leur sombre retraite au pied de la montagne de Cairntable, les flancs tout déchirés des marques de l’inimitié des hommes.
    Une grande partie de la matinée se passa de cette manière, jusqu’à ce qu’un air de cor particulier, donné par le chef de la chasse, annonçât qu’il n’avait pas oublié l’excellente coutume du repas, qui, en pareille occasion, était préparé sur une échelle proportionnée à la multitude réunie pour participer au divertissement.
    Une fanfare de cor propre à la circonstance réunit donc tous les chasseurs dans une clairière du bois, où tout le monde trouva place pour s’asseoir à l’aise sur l’herbe verte ; les pièces de gibier qu’on avait abattues devant, lorsqu’elles seraient rôties et grillées, suffire à tous les appétits, besogne dont s’occupèrent immédiatement tous les subalternes, tandis que des tonneaux et des barils, qu’on trouva sur place et qui furent habilement ouverts, versèrent en abondance le vin de Gascogne et la bonne ale, au gré de ceux qui venaient leur rendre visite.
    Les chevaliers, à qui leur rang ne permettait pas de s’asseoir parmi la multitude, formèrent un cercle à part et furent servis par leurs écuyers et leurs pages, à l’égard desquels ces fonctions domestiques étaient non comme basses, mais comme faisant partie de leur éducation. Au nombre des personnages de marque qui s’assirent en cette occasion à la table du pavillon, comme on appelait cet endroit, à cause d’un dôme de verdure qui l’ombrageait, étaient sir John de Walton, sir Aymer de Valence, et plusieurs révérends frères consacrés au service de Sainte-Bride, qui, quoique ecclésiastiques écossais, furent traités avec le respect convenable par les soldats anglais. Deux ou trois simples paysans écossais, montrant, peut-être par prudence, toute la déférence désirable à l’égard des chevaliers anglais, s’assirent à l’extrémité de la table, et autant d’archers anglais, particulièrement estimés de leurs chefs, furent invités, suivant la phrase moderne, à l’honneur de dîner avec eux.
    Sir John de Walton occupait le haut bout de la table. Ses yeux, quoiqu’ils semblassent ne rien regarder positivement, n’étaient cependant jamais immobiles, mais s’arrêtaient successivement sur toutes les physionomies des hôtes qui formaient un cercle autour de lui, quoiqu’il lui eût été difficile de dire sur quels motifs il avait fondé ses invitations, et même paraissait ne pas pouvoir s’imaginer, à l’égard d’un ou de deux, la raison qui lui procurait l’honneur de leur présence.
    Un individu surtout attirait les regards de sir Walton : il avait l’air d’un formidable homme d’armes, quoiqu’il semblât que la fortune n’eût pas depuis long-temps souri à ses entreprises. Il était grand et membru, d’une physionomie extrêmement rude, et sa peau, qu’on apercevait à travers les trous nombreux de ses vêtemens, avait une

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