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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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guerres, à laquelle il n’ait participé ; quand même ma vie en aurait dépendu, il m’aurait été impossible de ne pas le prévenir des soupçons que j’ai contre lui ; qu’il prenne la chose comme il lui plaira. »
    En parlant ainsi, le chevalier pressa son cheval, et, arrivant au château de Douglas sans autre aventure, demanda d’un ton de plus grande cordialité que celui qu’il prenait d’ordinaire, s’il pouvait être introduit chez sir John de Walton, attendu qu’il avait des choses importantes à lui communiquer. Il fut aussitôt conduit dans une pièce où le gouverneur déjeûnait seul. Vu le pied sur lequel ils étaient depuis quelque temps, le gouverneur de la Vallée de Douglas fut un peu surpris de l’air d’aisance et de familiarité avec lequel de Valence s’approchait alors de lui.
    « Quelque nouvelle extraordinaire sans doute, dit sir John d’un ton plutôt froid, me procure l’honneur d’une visite de sir Aymer de Valence ? »
    « Il s’agit, répliqua sir Aymer, de choses qui paraissent devoir vous intéresser vivement, sir John de Walton ; c’est pourquoi je serais blâmable de différer d’un instant à vous les communiquer. »
    « Je serai fier de profiter de vos découvertes » ajouta sir John de Walton.
    « Et moi, reprit le jeune chevalier, je regrette de ne pouvoir prétendre à l’honneur d’avoir pénétré un mystère qui aveuglait sir John de Walton. En même temps, je voudrais que vous ne me crussiez pas capable de plaisanter avec moi, ce qui pourrait bien vous arriver si mes fausses craintes faisaient que je vous donnasse une fausse clef de cette affaire. Avec votre permission, donc, nous procéderons ainsi : Allons ensemble trouver le ménestrel Bertram, qui est retenu prisonnier. J’ai entre les mains un billet du jeune homme qui fut confié aux soins de l’abbé Jérôme ; il est écrit par une main délicate de femme, et autorise le ménestrel à déclarer le motif qui les a amenés dans ce pays. »
    « Il en sera comme vous dites, répliqua sir John de Walton, quoique je ne voie guère la nécessité de faire tant de cérémonie pour un mystère qui peut être si vite expliqué. »
    Les deux chevaliers, précédés d’un garde qui leur montrait le chemin, se rendirent donc au cachot où le ménestrel avait été renfermé.

CHAPITRE XIII.
 
Le Secret.
 
    Lorsque les portes de la geôle furent ouvertes, on put voir un cachot qui alors interdirait aux victimes toute espérance d’évasion ; mais dans lequel un adroit coquin des temps modernes ne daignerait pas même rester plusieurs heures. Il était facile de voir, pour peu qu’on y prêtât attention ; que les larges anneaux par lesquels les fers étaient réunis ensemble et attachés au corps du prisonnier, ne se tenaient que par une rivure si faible, que frottés avec un acide corrosif ou patiemment usés avec un morceau de grès, les fers pouvaient être aisément séparés les uns des autres, et leur but devenir ainsi tout-à-fait inutile. Les serrures aussi, énormes et en apparence très solides, étaient si grossièrement faites, qu’un captif même de peu d’adresse pouvait par des moyens semblables lever les obstacles qu’elles opposaient à son évasion.
    Le jour ne pénétrait dans ce cachot souterrain qu’à midi, et par une ouverture qu’on avait à dessein rendue oblique, de manière à exclure les rayons du soleil, tandis qu’elle n’arrêtait ni le vent ni la pluie. La doctrine qu’un prisonnier doit être regardé comme innocent jusqu’à ce qu’il soit déclaré coupable par ses pairs n’était pas admise dans ces temps de force brutale, et on lui accordait seulement une lampe et quelque autre soulagement à sa misère si sa conduite était tranquille, et s’il ne paraissait pas disposé à causer au geôlier le moindre embarras en essayant de s’échapper. Telle était la cellule où était renfermé Bertram, à qui pourtant la douceur de caractère et sa résignation avaient valu tels adoucissemens à son destin que pouvait lui accorder le geôlier. On lui avait permis d’emporter dans sa prison le vieux volume des poésies de Thomas-le-Rimeur, dont la lecture charma les instans de sa solitude, ainsi que tout ce qu’il fallait pour écrire, et tels autres moyens de passer le temps que permettait son séjour dans une chambre taillée au milieu du roc, outre les talens qu’il devait à sa profession de ménestrel. Il leva la tête de dessus la

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