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LE CHÂTEAU DANGEREUX

LE CHÂTEAU DANGEREUX

Titel: LE CHÂTEAU DANGEREUX Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Walter Scott
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nous la plus légère injure, et acceptez mes services au lieu de ceux de mon écuyer qui est allé en avant avec notre lettre ; ne croyez pas que je veuille tirer avantage de ma position si je vous porte dans mes bras à travers ces ruines où vous ne pourriez pas marcher aisément seule et les yeux bandés. »
    En même temps lady Augusta de Berkely se sentit soulevée de terre par les bras vigoureux d’un homme et portée avec la plus grande précaution sans plus avoir besoin de faire les pénibles efforts auxquels il lui avait d’abord fallu se résigner. Elle était bien honteuse de sa situation, mais si délicate que cette situation fût, ce n’était pas l’instant de s’abandonner à des plaintes qui auraient pu blesser des gens que son intérêt était de se concilier. Elle fit donc de nécessité vertu, et entendit les mots suivans qu’on prononçait tout bas à son oreille :
    « Ne craignez rien, on ne vous veut aucun mal ; et sir John de Walton lui-même, s’il vous aime comme vous le méritez, n’aura rien à redouter de notre part. Nous ne lui demandons que de rendre justice à vous-même et à nous ; et soyez convaincue que vous assurerez mieux votre propre bonheur en secondant nos vues, qui ne sont pas moins favorables à vos désirs et à votre délivrance. »
    Lady Augusta aurait voulu faire quelque réponse ; mais elle était tellement hors d’haleine par suite soit de sa frayeur, soit de la vitesse avec laquelle on la transportait, qu’il lui fut impossible de proférer des accens intelligibles. Cependant elle commença à sentir qu’elle était enfermée dans quelque édifice, probablement en ruines ; car, quoique la manière dont elle voyageait alors ne lui permît plus de reconnaître distinctement la nature du terrain, cependant l’absence de l’air extérieur… qui néanmoins tantôt cessait de se faire sentir et tantôt entrait par bouffées furieuses, annonçait qu’elle traversait des bâtimens en partie intacts, mais donnant dans d’autres endroits passage au vent à travers des crevasses et des ouvertures. En un certain moment, il sembla à la dame qu’elle traversait une foule considérable de gens qui tous observaient le silence, quoique parfois il s’élevât parmi eux un murmure auquel contribuaient plus ou moins toutes les personnes présentes, bien que le son général ne dépassât point un faible chuchottement. Sa situation lui imposait la loi de faire attention à tout, et elle ne manqua point de remarquer que ces personnes faisaient place à l’homme qui la portait, jusqu’à ce qu’enfin elle sentît qu’il montait les marches régulières d’un escalier, et qu’elle était alors seule avec lui. Arrivée, à ce qu’il lui sembla, sur un terrain plus égal, ils continuèrent leur singulier voyage par une route qui ne paraissait ni directe ni commode, et à travers une atmosphère presque suffoquante, en même temps humide et désagréable, qu’on eût dit produite par les vapeurs d’une tombe nouvellement faite. Son guide lui parla une seconde fois :
    « Du courage, lady Augusta, encore un peu de courage, et continuez à supporter cette atmosphère qui doit un jour nous être commune à tous. Ma situation m’oblige à vous remettre entre les mains de votre premier guide ; et je puis seulement vous assurer que ni lui ni personne ne se permettra envers vous la moindre impolitesse, le moindre affront… vous pouvez y compter sur la parole d’un homme d’honneur. »
    En prononçant ces mots, il la déposa sur un gazon uni, et, à son extrême soulagement, lui fit sentir qu’elle était revenue en plein air et délivrée des exhalaisons suffocantes qui l’avaient oppressée comme celles qui s’échappent d’un charnier. En même temps, elle exprima à voix basse le désir ardent d’obtenir la permission de se débarrasser du manteau dont les plis l’empêchaient presque de respirer, quoiqu’on ne lui eût entouré la tête que pour l’empêcher de voir la route qu’elle parcourait. Au même moment le manteau fut écarté comme elle le demandait, et elle se hâta, avec ses yeux dont elle recouvrait l’usage, d’examiner la scène qui l’environnait.
    Le pays était ombragé par des chênes épais, au milieu desquels s’élevaient quelques restes de bâtimens, ou du moins des ruines qui en avaient tout l’air, et les mêmes peut-être qu’elle venait de traverser. Une limpide fontaine d’eau vive jaillissait de dessous les

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