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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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dorés étaient rejetés en arrière. J’étais confuse et troublée.
    À côté de lui se trouvait un homme très grand et de noble maintien. Des boucles rousses lui retombaient sur le front, sa peau blanche paraissait satinée. Sous ses sourcils d’un noir de jais brillaient des yeux gris, au regard perçant, les plus extraordinaires que j’aie jamais vus. Sa poitrine était couverte de profondes cicatrices.
    À la droite d’Agamemnon se trouvait un autre homme roux, à l’air bien moins noble. Quand il leva sa coupe, je vis trembler sa main. Son voisin était un vieillard d’allure royale, grand, le buste droit, la barbe argentée, de grands yeux bleus. Il était vêtu très simplement, mais ses doigts disparaissaient sous les bagues. Ajax, le géant, trônait à ses côtés. Il me fallut faire un effort pour reconnaître en lui l’homme qui avait dégagé le cadavre de mon père.
    Le garde poussa Chryséis en avant et lui arracha son voile. Mon cœur palpita. Elle était fort belle, vêtue ainsi de vêtements si différents des longues robes droites que portent les femmes à Lyrnessos ! De toute évidence les Grecques s’habillaient comme des putains. Rouge de honte, Chryséis couvrait sa poitrine nue de ses mains, jusqu’à ce que le garde lui donne une claque pour qu’elle les enlève afin que les hommes silencieux puissent admirer le galbe parfait de ses seins et sa taille de guêpe. Dès lors Agamemnon ne fut plus Zeus mais Pan. Il se tourna vers Achille.
    — Par Kubaba, elle est vraiment exquise !
    — Nous sommes heureux qu’elle te plaise, seigneur, dit Achille en souriant. Elle est à toi. Elle se nomme Chryséis.
    — Viens ici, Chryséis. Regarde-moi donc ! N’aie crainte, ma fille, je ne vais pas te faire de mal !
    Il sourit et lui caressa le bras sans paraître remarquer qu’elle avait tressailli.
    — Menez-la tout de suite à mon navire.
    Ce fut alors mon tour. Le garde ôta mon voile. J’apparus dans cette tenue indécente mais me redressai autant que je pus, les bras le long du corps et le visage sans expression. Je forçai le roi à détourner son regard concupiscent. Achille ne disait mot. Je remuai un peu les jambes pour faire tinter mes fers.
    — Elle est enchaînée ? Qui a donné cet ordre ? demanda Agamemnon en levant les sourcils.
    — Moi, seigneur, je n’ai aucune confiance en elle.
    — Vraiment ?
    Ce simple mot semblait en dire beaucoup plus long.
    — Et à qui appartient-elle donc ? poursuivit le grand roi.
    — Elle est à moi. Je l’ai capturée moi-même, dit Achille.
    -- Tu aurais dû me laisser le choix entre les deux filles, protesta Agamemnon, mécontent.
    -- Je te l’ai dit à l’instant, seigneur. Je l’ai capturée, elle est donc mienne de plein droit. De plus, je n’ai aucune confiance en elle. Notre monde grec peut fort bien survivre sans moi, mais non sans toi. Et je suis convaincu que cette fille est dangereuse.
    — Hum ! fit le roi, pas véritablement convaincu. Je n’ai jamais vu de tels cheveux, roux aux reflets d’or, ni des yeux d’un bleu aussi lumineux. Elle est plus belle qu’Hélène, ajouta-t-il en soupirant.
    L’homme nerveux à la droite du grand roi, le roux, donna un coup de poing si violent sur la table qu’il fit tressauter les coupes.
    — Hélène est sans pareille ! s’exclama-t-il.
    — Oui, mon frère, nous le savons, dit Agamemnon avec douceur. Calme-toi.
    Achille fit un signe à son officier myrmidon.
    — Emmène-la.
     
    Assise sur une chaise, je l’attendis longtemps dans sa cabine, les paupières lourdes. Je n’osai m’endormir ; une femme est plus vulnérable encore quand elle dort.
    Enfin Achille entra. Je somnolais malgré ma résolution et tressaillis, apeurée et me tordant les mains. Le moment fatal était arrivé mais Achille ne semblait pas dévoré de désir. Il ne me prêta aucune attention, alla jusqu’à son coffre, l’ouvrit, puis ôta son collier, ses bagues, ses bracelets, sa ceinture ornée de pierres précieuses. Il garda son pagne.
    — J’ai toujours hâte de me débarrasser de tous ces colifichets, dit-il en me regardant.
    Je lui rendis son regard, désorientée. Comment donc commençait un viol ?
    La porte s’ouvrit et un homme plus petit qu’Achille entra. Il m’examina avec appréhension.
    — Patrocle, voici Briséis.
    — Agamemnon avait raison. Elle est plus belle qu’Hélène. Je m’en vais. Je venais simplement voir si tu avais besoin de quelque

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