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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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vue !
    — Jamais plus ! dit-il, encore pâle de frayeur.
    — Patrocle, je ne suis rien, je ne compte pour personne ! Laisse-moi sauter ! Lâche-moi !
    — Jamais plus ! Ta mort l’affecterait, crois-moi.
    Que de mystères. Jamais plus  ?
     
    Il nous fallut sept jours pour arriver à Assos. La plupart du temps je restais seule, dans une petite pièce isolée par un rideau sur l’arrière-pont. Toutes les fois que j’en sortais, Patrocle se précipitait à mes côtés. Achille ne se manifesta pas et je finis par apprendre qu’il se trouvait à bord du navire d’un certain Automédon.
    Nous abordâmes le matin du huitième jour. Je m’enveloppai dans mon manteau pour me protéger du vent et regardai les marins, fascinée, car je n’avais jamais rien vu de tel. Dès que l’échelle fut déroulée, je descendis sur les galets. Quand Achille passa à quelques coudées de moi, je relevai la tête, prête à affronter l’ennemi, mais il ne me remarqua même pas.
    Alors arriva sa gouvernante, une vieille femme enjouée du nom de Laodicé, qui me conduisit chez Achille.
    — Tu bénéficies d’un traitement de faveur, ma colombe, murmura-t-elle d’une voix mélodieuse. Tu vas avoir une chambre pour toi toute seule dans la maison du maître, ce qui n’est ni mon cas, ni celui des autres esclaves.
    — Il a pourtant des centaines de femmes !
    — Oui, mais elles ne vivent pas avec lui.
    — C’est parce qu’il vit avec Patrocle.
    — Autrefois, oui, jusqu’à ce qu’ils deviennent amants. Puis, quelques lunes plus tard, Achille lui a fait bâtir une maison.
    — Pourquoi donc ? C’est absurde.
    — Oh, pas du tout, quand on connaît le maître ! Il tient beaucoup à son indépendance.
    Je ne le connaissais peut-être pas encore, mais j’en apprenais davantage de jour en jour. Tous les éléments étaient là, devant moi, il ne me restait plus qu’à les assembler.
     
    Cela m’occupa tout l’hiver. Achille ne tenait pas en place, il dînait souvent à l’extérieur et dormait parfois hors de chez lui, sans doute avec Patrocle qui, le pauvre, semblait plus attristé que réjoui par cet amour. Les autres femmes s’étaient préparées à me haïr, parce que j’habitais chez le maître et pas elles. Mais je sais m’y prendre avec les femmes et nous fûmes bientôt en très bons termes. Elles me rapportaient tous les commérages concernant Achille.
    De temps à autre il était malade, tombant peu à peu sous l’emprise d’une sorte de sortilège (c’est le terme qu’il employait) ; il pouvait alors être étrangement renfermé. Sa mère, une déesse, était une néréide du nom de Thétis qui, en un clin d’œil, pouvait prendre toutes sortes d’apparences – seiche, baleine, crabe, étoile de mer, oursin, requin même. L’arrière-grand-père d’Achille était Zeus lui-même. Il avait été éduqué par un Centaure, créature fabuleuse qui avait la tête, les bras et le torse d’un homme et le reste du corps semblable à celui d’un cheval. Le géant Ajax était son cousin et il l’aimait énormément. Il vivait pour le combat et non pour l’amour. Non, elle ne pensait pas qu’il était attiré par les hommes, à l’exclusion de Patrocle. Mais il n’était pas non plus attiré par les femmes.
    Parfois il me demandait de chanter en m’accompagnant à la lyre, ce dont je lui savais gré, car ma vie était terne. Il restait alors assis, perdu dans ses pensées, n’écoutant qu’à demi. Aucune lueur de désir dans son regard, jamais. Je ne parvenais toujours pas à découvrir ce que Patrocle avait voulu dire, le jour où j’avais essayé de me jeter dans la mer. Jamais plus  ! Que s’était-il passé pour qu’Achille fût devenu si indifférent ?
    Je constatai amèrement que, peu à peu, Lyrnessos et mon père n’occupaient plus la première place dans mes pensées ; je m’intéressai davantage aux événements d’Assos qu’à ce qui s’était passé en Dardanie. À trois reprises, Achille dîna seul chez lui et, en ces occasions, il ordonna que ce fût moi qui le servît, nulle autre femme ne devant être présente. Laodicé me pomponnait alors sottement et me parfumait, persuadée que j’allais enfin être à lui mais, toutes les fois, il ne dit ni ne fit quoi que ce fût.
    À la fin de l’hiver, nous allâmes à Troie. Avant la guerre, Lyrnessos vivait sous le joug de Troie la toute-puissante, centre de notre monde, ce qui déplaisait fort au roi

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