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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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combattre. Je le regardai de côté. C’était mon fils, Antiloque, le plus jeune et celui qui m’était le plus cher, l’enfant du crépuscule de ma vie. Il avait douze ans quand j’étais parti de Pylos. J’avais répondu par la négative à tous ceux qui, en son nom, m’avaient supplié de le laisser venir à Troie. Aussi s’était-il embarqué clandestinement à bord d’un navire, le polisson. En arrivant, il était allé trouver Achille et, à eux deux, ils m’avaient persuadé de ne pas le renvoyer. Il s’agissait de sa première bataille mais, au fond de moi, je regrettais qu’il ne fût pas resté loin d’ici, sur les rivages sablonneux de Pylos.
    Nous nous alignâmes face aux Troyens, sur un front de près d’une demi-lieue. Je notai qu’Ulysse avait raison. Ils étaient bien plus nombreux que nous, ce qui aurait été également le cas si toute la Thessalie avait été à nos côtés. Je parcourus du regard leurs rangs pour en repérer les chefs et aperçus tout de suite Hector, au centre de l’avant-garde. La nôtre comprenait mes troupes venues de Pylos, ainsi que celles des deux Ajax et de dix-huit petits rois. Agamemnon, le chef de notre avant-garde, faisait face à Hector. Notre flanc gauche était commandé par Idoménée et Ménélas, notre flanc droit par Ulysse et Diomède, les deux amants si mal assortis. Le feu et la glace.
    Debout sur son char, Hector conduisait un attelage de magnifiques chevaux noirs comme le jais. On aurait dit Arès en personne. Aussi grand et droit qu’Achille. Je ne vis cependant aucun vieillard parmi les Troyens. Priam et ses semblables étaient restés au palais. J’étais donc le plus vieux sur le champ de bataille.
     
    On battit du tambour, on fit sonner les trompes et les cymbales. Une fois le défi lancé, la bataille s’engagea de part et d’autre de l’espace qui, sur cinq cents pas, nous séparait encore les uns des autres. Les javelots volèrent, les flèches fondirent comme des aigles, les chars virevoltèrent, l’infanterie chargea et fut repoussée. Agamemnon déployait une énergie et une vigueur que je ne lui soupçonnais pas. Nous étions nombreux à n’avoir pas encore eu l’occasion de voir comment les autres rois se comportaient au combat. C’était donc réconfortant de constater qu’Agamemnon avait les qualités requises pour être à la hauteur face à Hector.
    Hector fulminait et lançait continuellement ses chars sur nous sans jamais parvenir à percer notre front. Je fis plusieurs sorties au cours de la matinée, tandis qu’Antiloque poussait le cri de guerre de Pylos et que je gardai mon souffle pour le combat. Plus d’un Troyen mourut sous les roues de mon char. En bon aurige, Antiloque savait me tirer des difficultés et battre en retraite au moment opportun.
    Ma gorge se desséchait et la poussière eut tôt fait de couvrir mon armure. Je fis signe à mon fils et nous nous retirâmes derrière nos lignes pour boire quelques gorgées d’eau et reprendre notre souffle. Quand je regardai le soleil, je vis à ma grande surprise qu’il était près du zénith. Nous retournâmes aussitôt en première ligne et, dans un élan d’audace, mes hommes enfoncèrent les rangs troyens. Nous fîmes du bon travail à l’insu d’Hector, puis je donnai le signai de la retraite et nous retournâmes dans nos lignes sans avoir perdu un seul homme. Hector, lui, en avait perdu une bonne douzaine.
    À midi, Agamemnon envoya un héraut sonner de la trompe pour annoncer la trêve. Les deux armées déposèrent les armes en maugréant. La faim, la soif, la peur et la fatigue devinrent des réalités pour la première fois depuis le commencement de la bataille, peu de temps après le lever du soleil. Quand je vis tous les chefs se diriger vers Agamemnon, je demandai à Antiloque de me conduire aussi vers lui.
    — Que se passe-t-il, seigneur ? demandai-je.
    — Les hommes ont besoin de repos. C’est la première fois depuis des lunes qu’on se bat avec une telle violence. J’ai donc envoyé un héraut à Hector pour lui demander à lui et à ses chefs de nous rencontrer pour parlementer.
    — Parfait, dit Ulysse. Avec de la chance on peut gagner du temps, pendant que les hommes récupèrent et mangent.
    — Comme ce stratagème marche dans les deux sens, Hector ne peut refuser mon offre.
    Les non-combattants ôtèrent les cadavres qui gisaient sur la bande de terrain entre les deux armées. De part et d’autre, les chefs partirent

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