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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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m’éloignai de Thétis, qui aspirait à concevoir d’autres fils encore pour l’Olympe. Puis, à la fin de la deuxième année, je fis l’offrande, en présence de mon peuple, d’un étalon blanc pour Poséidon.
    — Retire ta malédiction et accorde-moi le bonheur d’avoir un fils vivant ! suppliai-je.
    Un grondement se fit entendre dans les entrailles de la terre, le serpent sacré sortit de l’autel sous lequel il était caché, aussi prompt que l’éclair. Le sol trembla. Un pilier s’écroula à côté de moi. Je restai debout sans bouger. La terre se fissura entre mes pieds et exhala des vapeurs de soufre. Je restai immobile, attendant que la terre s’apaise et que la fissure se referme. L’étalon blanc gisait sur l’autel, vidé de son sang. Trois lunes plus tard, Thétis fut enceinte de notre septième enfant.
    Pendant toute sa grossesse je la fis surveiller de près ; j’obligeai Arésuné à dormir dans le même lit qu’elle tous les soirs, je menaçai les esclaves des pires tortures si elles la laissaient seule un instant, quand Arésuné n’était pas là. Thétis supportait avec patience et bonne humeur ce qu’elle appelait mes « caprices ». Jamais elle ne discuta ou n’essaya d’enfreindre mes ordres. La délivrance devenait imminente. Je me pris à espérer. J’avais toujours craint les dieux. Ils me devaient bien un fils qui fût vivant.
     
    J’avais une armure qui jadis avait appartenu à Minos. Je ne possédais rien de plus précieux. Elle était merveilleuse : trois couches d’étain, quatre de bronze et par-dessus un revêtement d’or. Des incrustations de lapis-lazuli, d’ambre, de corail et de cristal de roche y dessinaient un motif ravissant. La cuirasse, les cnémides, le casque et les brassards étaient faits pour un homme plus grand que moi. Je respectais le défunt qui s’en était revêtu et s’était pavané ainsi dans son royaume de Crète, sans nul besoin d’une telle protection, simplement pour montrer à son peuple combien il était riche. Et dans sa chute, provoquée par l’ire de Poséidon, elle ne lui avait été d’aucun secours.
    Près de l’armure de Minos, j’avais posé une lance de frêne à pointe d’acier provenant du mont Pélion. Bien que légère comme une plume dans ma main, elle atteignait son but sans jamais dévier. Aussi, quand je n’en eus plus besoin pour guerroyer, je la plaçai auprès de l’armure. La lance s’appelait la Vieille Pélion.
    Avant la naissance de mon premier fils, j’avais exhumé ces curiosités pour les nettoyer, certain qu’il serait un jour assez grand pour pouvoir les porter. Mais comme, les uns après les autres, mes fils périrent, je reléguai ces objets dans ma cave aux trésors, là où les ténèbres étaient aussi profondes que mon désespoir.
    Environ cinq jours avant la date prévue pour l’accouchement de Thétis, je descendis l’escalier de pierre qui conduisait dans les entrailles du palais, puis me faufilai dans les couloirs jusqu’à me trouver devant la grande porte de bois qui interdit l’accès au trésor. J’ignorai la raison de ma venue en ce lieu. En entrant, j’aperçus une flaque de lumière dorée tout au fond de l’immense salle. J’éteignis ma lampe et avançai avec précaution, la main sur mon glaive. Comme je m’approchais, j’entendis les pleurs d’une femme. Ma nourrice Arésuné, accroupie dans un coin, entourait de ses bras le casque d’or qui avait appartenu à Minos. Elle pleurait à chaudes larmes et gémissait. Était-il possible qu’elle pleurât déjà la mort de mon septième fils ?
    Je fus incapable de m’éclipser comme si je n’avais rien vu, rien entendu. Arésuné avait patiemment veillé sur moi, sous le regard indiffèrent de ma mère ; elle m’avait suivi dans ma quête pour un royaume, fidèle et dévouée. Je m’approchai, lui touchai délicatement l’épaule et la suppliai de ne pas pleurer. Elle finit par se calmer et de ses doigts osseux, elle me tira par la manche.
    — Pourquoi la laisses-tu faire ? gémit-elle.
    — Que dis-tu ? Qui, elle ? Faire quoi ?
    — La reine, dit-elle en sanglotant.
    Éperdue de douleur, elle était près de me livrer son secret. Je la serrai avec une telle force qu’elle grimaça et geignit.
    — Que fait-elle donc, la reine ?
    — Elle assassine tes fils.
    — Thétis ? Mes fils ? Explique-toi !
    Elle se calma un peu et me dévisagea, s’étant aperçu avec horreur que je

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