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Le cheval de Troie

Le cheval de Troie

Titel: Le cheval de Troie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Colleen McCullough
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juré.
    — Même pour l’amour de toi, je ne peux te faire une telle promesse. Tu m’as enlevée à une vie pour m’en donner une autre. Il ne peut y en avoir une troisième. Je dois partager ta mort, Achille.
    Je la relevai en souriant.
    — Quand tu verras mon fils, tu changeras d’avis. Les femmes sont faites pour survivre. Tout ce que tu me dois, c’est une autre nuit. Ensuite, je te donnerai à Néoptolème.

28
    Récit d’Automédon
     
    Nous traversâmes les gués le cœur léger, prêts à affronter une armée déjà presque anéantie. Achille était étrangement silencieux. Il rayonnait comme un soleil dans son armure couverte d’or, le beau plumet doré de son casque ondulait au vent et retombait sur ses épaules alors que nous faisions des embardées sur le terrain inégal. Il regardait droit devant lui. Son visage habituellement tourmenté avait pris un air à la fois sévère et serein. J’eus soudain l’impression de conduire un inconnu. Il ne prononça pas un mot alors que nous nous dirigions vers le champ de bataille, il ne m’adressa pas le moindre sourire. Cela aurait dû me démoraliser mais, chose curieuse, ce ne fut pas le cas. Au contraire, je me sentais plein d’entrain, comme si quelque chose en lui déteignait sur moi.
    Il se battit mieux que jamais, résolu à faire de cette journée la plus glorieuse de toutes. Au lieu de s’abandonner à sa folie meurtrière, il veilla à ce que les Myrmidons gagnent du terrain. Il se servit de son épée et pas de sa hache, silencieux, comme le fait le roi lors du grand sacrifice annuel au dieu. Tout à coup je sus ce qu’il y avait de différent en lui. Il avait toujours été le prince, il n’avait jamais été le roi. Ce jour-là, il était le roi. Je me demandai s’il n’avait pas le pressentiment de la mort de Pélée.
    Tout en conduisant le char, je regardais de temps à autre le ciel avec méfiance. Dès l’aube il avait été couvert et lugubre, présageant non pas le froid mais l’orage. Maintenant la voûte céleste était d’une singulière teinte cuivrée. Vers l’est et le sud s’amoncelaient de gros nuages noirs sillonnés d’éclairs. Sur le mont Ida les dieux s’étaient rassemblés pour observer la bataille, nous en étions certains.
    La déroute ennemie fut totale. Les Troyens ne pouvaient nous contenir. Chaque chef de notre armée semblait avoir reçu en partage un peu de la grandeur d’Achille. Tout auréolé de lumière, tel un second Hélios, il était devenu le plus grand de tous les rois.
    Il ne fallut pas longtemps aux Troyens pour rompre les rangs et s’enfuir. Je cherchai Énée, me demandant pourquoi il ne faisait aucun effort pour les rassembler. Mais je ne le vis nulle part. Plus tard, j’appris qu’il était resté à l’écart et avait refusé d’envoyer ses hommes en renfort là où on avait besoin d’eux. Nous avions appris qu’il y avait un nouvel héritier, Troïlos. Alors je me rappelai ce que m’avait dit Achille : Priam avait insulté Énée le jour même où il avait fait de Troïlos le nouvel héritier. Aujourd’hui, Énée avait démontré au vieux roi de Troie qu’insulter un prince dardanien, également héritier, avait été des plus stupides.
    Nous avions déjà aperçu Troïlos sur le champ de bataille, quand Penthésilée puis Memnon combattirent. Il avait eu la chance de ne jamais rencontrer Achille ou Ajax. Aujourd’hui, c’était différent. Achille le poursuivait implacablement, se rapprochant de lui toujours davantage. Quand Troïlos se rendit compte qu’il ne pourrait lui échapper, il appela à l’aide, car ses hommes avaient déjà fort à faire. Je vis le messager qu’il avait envoyé à Énée lui parler. Énée se pencha vers lui, apparemment avec un certain intérêt, mais il ne leva pas le petit doigt pour venir en aide à Troïlos. Il changea plutôt de direction et partit avec ses hommes.
    Frère d’Hector à part entière, Troïlos aurait pu, avec quelques années de plus, valoir son aîné. Mais étant donné son âge, il n’avait aucune chance. Tandis que je m’approchais, il leva sa lance. L’aurige immobilisa le char pour qu’il pût la lancer. Je sentis le bras d’Achille frôler le mien. Je savais qu’il levait la Vieille Pélion. La grande lance prit son envol, droit vers le but, telle une flèche envoyée de la main même d’Apollon. Sa pointe barbelée se planta profondément dans la gorge du jeune homme, l’abattant sans qu’il

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