Le clan de l'ours des cavernes
deux filles qui toutes deux deviendront de bonnes guérisseuses. Ayla pourra achever l'éducation d'Uba.
- Non ! coupa Ayla. C'est toi qui le feras ! Tu vas te rétablir. Maintenant que nous sommes de retour, nous allons te soigner.
- Ayla, mon enfant, les esprits m'attendent. Je vais les rejoindre bientôt. Ils ont exaucé mon dernier souhait : revoir mes deux filles bien-aimées avant de partir, mais je ne peux pas les faire attendre plus longtemps.
Le bouillon et le remède avaient stimulé les dernières forces d'Iza dont la fièvre ne cessait d'augmenter, faisant briller ses yeux et rougir ses joues. Mais son visage avait un éclat translucide que Brun connaissait bien ; on l'appelait l'éclat de l'Esprit. C'était la dernière apparition de l'énergie vitale avant qu'elle disparaisse à tout jamais.
Oga avait gardé Dure au foyer de Broud et ne l'avait ramené que longtemps après que le soleil se fut couché. Uba l'allongea sur les fourrures d'Ayla.
La fillette se sentait complètement perdue, sans personne vers qui se tourner. Elle n'osait détourner l'attention d'Ayla, qui veillait Iza.
Creb n'avait passé que quelques instants dans son foyer pour tracer sur le corps d'lza des symboles magiques à l'ocre rouge et à la graisse d'ours.
Puis il avait gagné la petite grotte sacrée pour ne plus en bouger.
Uba avait tout rangé dans le foyer, préparé un repas que personne n'avait pris et qu'elle avait fini par mettre de côté. Ne sachant que faire, elle s'assit à côté du bébé qui dormait. S'activer lui avait permis de contenir tant bien que mal son angoisse, mais à présent il n'y avait qu'un grand vide devant elle et sa mère qui mourait. Elle se rapprocha de l'enfant endormi et se coucha contre lui, pour trouver quelque chaleur et une présence dans cette solitude désespérante.
Ayla ne quittait pas Iza des yeux. Elle la veilla toute la nuit, sans oser la laisser un seul instant de peur qu'elle s'éteigne en son absence. Cette nuit-là, elle ne fut pas la seule à rester éveillée. Si les petits enfants dormaient, dans tous les foyers, les hommes et les femmes contemplaient d'un air absent les braises des feux mourants ou bien restaient allongés sur leurs fourrures, les yeux grands ouverts.
Dehors, la nuit était noire, le ciel sans étoiles. La pénombre régnait dans la caverne, et un mur de ténèbres cachait toute vie au-delà des faibles lueurs des feux couvant sous la cendre. Dans le profond silence qui précéda l'aube, Ayla sursauta, brusquement tirée d'un moment de somnolence.
- Ayla, répéta Iza, en un murmure rauque.
- qu'y a-t-il ?
- J'ai quelque chose à te dire avant de partir, dit la vieille femme qui avait à peine la force de faîte les gestes indispensables pour se faire comprendre.
- N'essaie pas de parler, maman. Repose-toi. Tu te sentiras mieux au matin.
- Non, mon enfant, il faut que je parle maintenant ; je ne serai plus là au matin.
- Mais bien s˚r que tu seras là ! Il le faut. Tu ne peux pas t'en aller, répondit Ayla.
- Ayla, mon heure est venue, et il te faut l'accepter. Laisse-moi finir, je n'ai pas beaucoup de temps.
Iza se tut quelques instants sous le regard douloureux d'impuissance d'Ayla, puis elle reprit :
- Ayla, je t'ai toujours aimée plus que personne. Je ne sais pas pourquoi, mais c'est ainsi. J'ai voulu que tu restes près de moi avec le clan, mais je vais bientôt partir. D'ici peu, ce sera le tour de Creb de rejoindre le monde des esprits, et Brun aussi se fait vieux... Alors Broud sera le chef.
Ayla, tu ne pourras pas rester ici le jour o˘ Broud sera le chef.
Iza se tut de nouveau et ferma les yeux en essayant de rassembler ses dernières forces.
- Ayla, ma fille, mon étrange enfant, j'ai fait de toi une guérisseuse afin que tu aies un rang dans le clan, même si tu ne trouvais pas de compagnon. Mais tu es une femme, il te faut un homme, et un homme comme toi. Tu n'es pas du Clan, tu appartiens aux Autres. Tu dois partir, mon enfant, et retrouver les tiens.
- Partir ? gémit Ayla, bouleversée. Mais o˘ donc pourrais-je aller, Iza ? Je ne connais pas les Autres, et je ne saurais même pas o˘ les chercher.
- Il y en a beaucoup au nord, au-delà de la péninsule, sur la terre ferme.
Tu ne peux pas rester ici, Ayla. Trouve ton propre peuple, trouve ton compagnon.
Les mains d'Iza retombèrent brusquement et ses yeux se iermercuL. Mais elle lutta pour prendre une dernière inspiration et rouvrit les yeux.
- Dis à Uba que
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