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Le clan de l'ours des cavernes

Le clan de l'ours des cavernes

Titel: Le clan de l'ours des cavernes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: J. M. Auel
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exprimait toute sa douleur, et elle s'identifiait totalement à lui, comme s'il avait été en elle, souffrant avec son coeur à elle. Elle n'était pas la seule à faire sienne la peine du sorcier. Ebra poussa une longue plainte gutturale, que reprirent les c autres femmes. Mais Ayla ne se joignit pas à leurs lamentations ; elle demeura le regard vide, confinée dans une détresse muette, fixant des yeux les flammes qu'elle ne voyait pas, jusqu'à ce qu'Ebra la secoue pour la faire revenir à elle.
    - Ayla, il faut que tu manges un peu. C'est le dernier repas que nous allons partager avec Iza.
    La jeune femme se servit, porta machinalement un morceau de viande à sa bouche et, prise d'un haut-le-coeur, le recracha. Elle se leva brusquement et se précipita hors de la caverne. Se frayant un chemin à travers les broussailles et trébuchant sur les pierres, elle se dirigea tout d'abord vers la petite grotte qui lui avait si souvent servi de refuge. Puis elle se ravisa. Depuis qu'elle avait dévoilé à Brun l'emplacement de sa cachette, elle s'en sentait dépossédée, et puis son dernier séjour là-bas était un souvenir pénible. Elle préféra grimper au sommet de l'escarpement qui, l'hiver, protégeait la caverne des vents du nord et détournait les bourrasques de l'automne.
    Fouettée par des rafales de vent, elle se laissa tomber à genoux et là, elle s'abandonna à son chagrin, laissant la douleur s'exprimer en une longue plainte déchirante, se balançant au rythme de ses sanglots. Creb, qui avait quitté la caverne quelques instants après elle, aperçut sa frêle silhouette qui se détachait dans le couchant.
    Il n'arrivait pas à comprendre comment elle pouvait préférer la solitude au réconfort des autres. En dépit de sa perspicacité habituelle, il ne se doutait pas que la peine n'était pas l'unique raison de la détresse de la jeune femme.
    Car Ayla était rongée de remords, et ne cessait de se reprocher d'avoir abandonné sa mère malade pour se rendre au Rassemblement du Clan, ce qui lui semblait indigne d'une guérisseuse. C'était encore à cause d'elle qu'lza, malade, était allée loin pour lui trouver la racine qui l'aiderait à garder cet enfant qu'elle désirait tant. Elle avait trahi Creb en surprenant la cérémonie secrète des mog-ur et avait causé beaucoup de chagrin à celui qui l'avait élevée avec tant d'amour. Enfin, outre la douleur du deuil, elle était affaiblie par son je˚ne et par la fièvre qui accompagnait sa rétention de lait, laissant ses seins gonflés et crevassés.
    Iza l'aurait soignée si elle avait été encore de ce monde.
    Durc lui manquait cruellement. Elle avait besoin de le nourrir, de répondre à ses demandes afin de revenir à la réalité, de comprendre que la vie continuait. Mais quand elle regagna la caverne, elle trouva son enfant endormi auprès d'Uba. Creb l'avait confié à Oga, qui l'avait allaité. Ayla se coucha mais elle ne put trouver le sommeil, sans songer un instant que sa fièvre et ses douleurs aux seins étaient responsables de son insomnie. Toute à son désespoir, elle n'entendit pas le signal d'alarme que lui transmettait son corps.
    Le lendemain matin, quand Creb se leva, elle avait repris sa position au sommet de l'escarpement.
    - Dois-ie aller la chercher ? demanda Brun, aussi déconcerté que le vieux sorcier devant la réaction d'Ayla.
    - Laissons-la, on dirait qu'elle préfère rester seule, répondit Creb. Le vieil homme ne commença à s'inquiéter sérieusement qu'à la nuit tombée, et il demanda à Brun de se rendre auprès d'elle. quand il vit Brun la reconduire à la caverne, il regretta de ne pas l'avoir envoyé plus tôt. La fatigue et la fièvre avaient achevé ce que l'affliction et le découragement avaient commencé. C'est Uba et Ebra qui s'occupèrent de la guérisseuse du clan. Ayla délirait, secouée de frissons et br˚lante de fièvre, et hurlait de douleur dès qu'on lui frôlait les seins.
    - Elle va perdre son lait, dit Ebra à la petite fille. il est trop tard, Dure ne pourra plus la téter. Son lait a tourné.
    - Mais on ne peut pas le sevrer déjà, il est trop petit. que va-t-il devenir ? Et elle, que peut-on faire pour la soulager ?

    quelque chose aurait pu être tenté si Iza avait été là, ou si Ayla avait conservé ses sens. Uba elle-même savait qu'il existait des cataplasmes et des remèdes efficaces, mais elle était encore trop jeune et trop peu s˚re d'elle. quand la fièvre tomba, le sein

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