Le clan de l'ours des cavernes
d'Ayla était complètement tari. Elle se trouvait désormais incapable de nourrir son propre fils.
- Je ne veux pas de ce sale avorton chez moi, Oga ! Je ne veux pas qu'il devienne le frère de tes fils !
Broud était fou de rage, tandis qu'Oga, à ses pieds, s'efforçait de le convaincre.
- Mais Broud, ce n'est qu'un bébé. Aga et Ika n'ont pas assez de lait, alors que moi j'en ai pour deux, j'en ai toujours eu trop. Autrement, il va mourir de faim.
- «a m'est complètement égal. On n'aurait jamais d˚ le laisser vivre dans ce clan, le premier de tous les clans. Il n'habitera pas dans mon foyer.
Oga cessa de trembler devant son compagnon et le regarda droit dans les yeux. Elle s'était attendue à ce qu'il peste et tempête tant et plus, mais elle avait cru qu'il finirait par se laisser fléchir. Comment pouvaitil se montrer aussi cruel, quelle que f˚t la haine qu'il portait à la mère de Dure ?
- Broud, Ayla a sauvé Brac, comment peux-tu laisser mourir son fils ?
- N'en a-t-elle pas été amplement récompensée ? On l'a autorisée à vivre et même à chasser. Je ne lui dois rien.
- On ne l'a pas autorisée à vivre, on l'a condamnée à la Malédiction Suprême. C'est à son totem protecteur qu'elle doit d'être revenue du monde des esprits, protesta Oga.
- Si on l'avait maudite une bonne fois pour toutes, elle ne serait pas revenue pour donner naissance à ce laideron. Et si son totem est si puissant, pourquoi n'a-t-elle plus de lait ? Tout le monde a dit que son fils était voué au malheur, et quel plus grand malheur pour lui que de perdre le lait de sa mère ? Veux-tu donc attirer le mauvais sort sur notre foyer ? Je te l'interdis, Oga, un point c'est tout Oga jeta à Broud un regard froid et déterminé.
- Non, Broud, ce n'est pas tout, répliqua-t-elle sans manifester la moindre peur envers son compagnon, dont la surprise se peignit sur son visage.
Tu'peux empêcher Dure d'habiter chez toi, c'est ton droit le plus strict et je ne peux pas m'y opposer. Mais tu ne peux m'interdire de l'allaiter. Ayla a sauvé mon fils, je ne laisserai pas mourir le sien. Dure sera le frère de mes fils, que tu le veuilles ou non.
Broud était abasourdi. Jamais il n'aurait cru sa compagne capable de lui désobéir, elle qui s'était toujours montrée soumise et respectueuse. Sa stupeur se transforma vite en fureur.
- Comment peux-tu oser me tenir tête, femme ? Je vais te chasser d'ici !
menaça-t-il en gesticulant comme un forcené.
- Eh bien, dans ce cas, je partirai avec mes fils, Broud, et je demanderai à un autre homme de me prendre avec lui. Si personne ne veut de moi, Mog-ur acceptera peut-être de me laisser vivre chez lui. Mais je nourrirai l'enfant d'Ayla.
Pour toute réponse, Broud se contenta de lui envoyer dans la figure un grand coup de poing, qui la jeta à terre. Fou de rage, il tourna les talons et se rua vers le foyer de Brun, en se promettant qu'une telle désobéissance ne resterait pas impunie.
- Avec son esprit de rébellion, elle a commencé par contaminer Iza, et maintenant c'est le tour de ma compagne ! s'exclama Broud en franchissant les pierres qui délimitaient le foyer du chef. J'ai dit à Oga que je ne voulais pas du fils d'Ayla et sais-tu ce qu'elle m'a répondu ? qu'elle le nourrirait quand même ! que rien ne l'en empêcherait ! qu'il serait le frère de ses fils, que je le veuille ou non ! Tu te rends compte ?
- Elle a raison, répondit Brun avec calme. Tu ne peux pas l'en empêcher. Ce n'est pas à un homme de s'occuper de ce genre de choses, il a mieux à faire que de surveiller les tétées des bébés du clan.
Brun n'appréciait pas du tout l'esclandre de Broud. Il trouvait indigne d'un homme de se laisser aller à de tels éclats sur des sujets qui ne le concernaient guère. Et qui d'autre qu'Oga aurait pu se charger de nourrir Dure ? L'enfant faisait partie du Peuple du Clan, et le clan avait toujours pris soin des siens. Une femme, f˚t-elle d'un autre clan et sans enfant, recevait toujours de quoi manger à la mort de son compagnon. On ne laissait personne mourir de faim.
Broud pouvait refuser d'accepter Dure dans son foyer, car cela l'aurait obligé à l'éduquer avec les fils d'Oga. Mais pourquoi refuseraitil que sa compagne allaite un enfant du clan ?
- Tu insinues donc qu'Oga peut me désobéir en toute impunité ?
- Mais qu'est-ce que cela peut bien te faire ? Tu veux que l'enfant meure, c'est bien ça ? demanda Brun au fils de sa compagne qui rougit
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