Le clan de l'ours des cavernes
fit un mouvement du bras.
Thonolan arma son bras. Jondalar l'arrêta d'un geste. Seul le jeune Tête Plate avait bougé : il venait de disparaître derrière le buisson qui, un moment plus tôt, avait servi de cachette à toute la bande. Il réapparut presque aussitôt, portant la sagaie de Thonolan, et, à la grande surprise de ce dernier, la lui rapporta. Puis il s'approcha du tronc d'arbre qui enjambait la rivière et ramassa une pierre. Il revint alors vers le costaud et, tenant toujours la pierre, inclina la tête d'un air contrit. La seconde d'après, ils avaient disparu tous les six derrière le buisson sans aucun bruit.
- J'ai bien cru que nous n'arriverions pas à nous en sortir, avoua Thonolan en poussant un soupir de soulagement. Je m'étais juré d'en avoir un ! Il n'empêche que je n'y comprends rien...
- A mon avis, le plus jeune a commencé quelque chose que le costaud n'a pas voulu finir. Mais ce n'est pas parce qu'il avait peur de nous. Il fallait un sacré sang-froid pour faire ce geste en sachant que tu le visais.
- Peut-être n'avait-il pas compris ce qu'il risquait.
- Il avait parfaitement compris, oui ! Il t'avait vu lancer ta première sagaie. Sinon, pourquoi demander au jeune d'aller la chercher et de te la rendre ?
- Crois-tu vraiment qu'il lui ait dit de faire ça ? Mais comment ?
Puisqu'ils ne savent pas parler.
- Je n'en sais rien. Mais je suis s˚r que le costaud a ordonné au jeune de te rapporter ta sagaie et d'aller rechercher sa pierre. Comme ça, on était quitte. Personne n'a été blessé et je pense que c'est ce qu'il voulait.
C'était drôlement futé de sa part. Tu sais, j'ai l'impression que ces Têtes Plates ne sont pas vraiment des animaux. Je ne savais pas qu'ils portaient des fourrures, avaient des armes et marchaient comme nous.
- En tout cas, je comprends pourquoi on les appelle les Têtes Plates ! Et quelle force ! Je n'aimerais pas avoir à me battre à mains nues avec l'un d'eux.
- Oui... J'ai l'impression qu'ils doivent te casser un bras aussi facilement que s'il s'agissait d'une brindille. Et moi qui les imaginais tout petits...
- Courts sur pattes, peut-être... mais pas petits ! Je dois reconnaître, Grand Frère, que tu avais raison : allons rendre visite aux LosadunaÔ. Ils vivent tous près d'ici et ils doivent en savoir plus que nous sur les Têtes Plates. A mon avis, la Grande Rivière Mère constitue une sorte de frontière. Et j'ai comme l'impression que ces fichus Têtes Plates préféreraient nous voir de l'autre côté.
Pendant plusieurs jours, les deux hommes continuèrent à marcher dans l'espoir de découvrir les points de repère dont leur avait parlé Dalanar.
Ils suivaient toujours le même torrent qui, à ce stade, ne semblait guère différent des autres petits ruisseaux qui dévalaient le long des pentes.
S'agissait-il de la source de la Grande Rivière Mère ? En réalité, la plupart de ces ruisselets se rejoignaient pour former le cours supérieur de cet immense fleuve qui allait traverser plaines et collines sur près de trois mille kilomètres avant de décharger son énorme cargaison d'eau et de vase dans la mer intérieure du sud-est.
Le massif de roches cristallines qui donnait naissance à ce puissant fleuve était un des plus anciens de la terre. Le large lit avait été creusé par les poussées gigantesques qui avaient soulevé et plissé la chaîne de montagnes aux contours accidentés que les deux frères avaient aperçue scintillant dans toute sa splendeur. Plus de trois cents affluents, de larges rivières pour la plupart, après avoir drainé les pentes montagneuses le long de leur parcours, viendraient grossir ses flots tumultueux.
La région que traversaient Jondalar et son frère subissait l'influence océanique et continentale - modifiée par la présence des montagnes. La flore et la faune étaient un mélange de ce qu'on trouvait dans la toundra-taÔga de l'ouest et dans les steppes de l'est. Les versants les plus élevés étaient le domaine des bouquetins, des chamois et des mouflons. Dans les régions boisées, on rencontrait surtout des cerfs. Le tarpan, un cheval sauvage qui, plus tard, serait domestiqué, broutait dans les plaines abritées ou sur les terrasses fluviales. Les loups, les lynx et les léopards des neiges se coulaient dans l'ombre sans faire aucun bruit. Il y avait aussi des ours bruns omnivores, sortant à peine de leur période d'hibernation. L'ours des cavernes, énorme et
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