Le clan de l'ours des cavernes
lajument. Ce n'est pas si lourd que ça.
Le poitrail et le dos harnachés de cordes et de courroies, Whinney tirait un lourd rondin. Pour commencer, Ayla avait placé ces lanières sur le front de la jument, imitant la sangle frontale dont se servaient les femmes du Clan lorsqu'elles transportaient un lourd chargement. Puis elle s'était rendue compte que la jument avait besoin de pouvoir remuer la tête et qu'elle traînait plus facilement un poids à l'aide de son poitrail et de ses reins. Malgré tout, le cheval des steppes n'avait 1
pas l'habitude de traîner quoi que ce soit et il était encore gêne par son harnachement. Ayla était pourtant décidée à continuer car c'était la seule manière d'exécuter son plan.
Elle en avait eu l'idée au moment o˘ elle repoussait Whinney pour prendre du bois. Remarquant à quel point la jument avait grandi et était maintenant pleine de force, elle s'était dit qu'elle serait peut-être capable de sortir un renne mort de la fosse.
Ensuite, elle avait réfléchi au problème que lui posait la préparation de la viande. Si elle découpait le renne sur place, l'odeur du sang ne manquerait pas d'attirer les inévitables carnivores. Peut-être n'était-ce pas un lion des cavernes qui, cette nuit-là, s'était attaqué au troupeau de rennes, mais il s'agissait certainement d'un félin. Et même si les tigres, les panthères et les léopards étaient deux fois moins grands que le lion des cavernes, la fronde d'Ayla serait inefficace en face d'eux. Elle pouvait tuer un lynx, mais pas ces grands félins, surtout en plein air. En revanche, si elle se trouvait à proximité de la caverne et d'une paroi rocheuse pour protéger ses arrières, elle pourrait toujours les éloigner avec sa fronde. Si Whinney était capable de sortir un renne du piège, pourquoi ne le ramènerait-elle pas jusqu'à la caverne ?
Pour que cela soit possible, elle devait faire de Whinney un cheval de trait. Elle avait d'abord pensé qu'il suffisait qu'elle trouve un moyen d'attacher avec des cordes et des lanières le renne mort à la jument. Il ne lui était pas venu à l'idée que Whinney puisse se dérober. Elle s'en rendit compte aussitôt qu'elle lui mit un harnais. Whinney finit par s'y faire.
Mais cela n'était pas suffisant : encore fallait-il lui apprendre à traîner un poids derrière elle. En usant de patience et après bien des tentatives infructueuses, Ayla y parvint. Elle se dit alors que le plan qu'elle avait imaginé avait des chances de réussir.
Tout en observant ia jument en train de tirer le lourd rondin, elle songeait aux hommes du Clan. S'ils savaient que je vis avec un cheval, ils trouveraient déjà cela bizarre, se disait-elle. Mais je me demande ce qu'ils penseraient s'ils voyaient ce que je suis en train de faire maintenant. Mais eux, ils partent toujours chasser à plusieurs et les femmes sont là pour transporter la viande et la faire sécher. Tandis que moi, je suis toute seule.
Spontanément, elle se serra contre Whinney. Jamais je n'aurais pensé que tu puisses me rendre de tels services ! Sans toi, je ne sais pas ce que je deviendrais. Jamais je ne laisserai qui que ce soit te faire du mal. (Puis, après avoir débarrassé la jument de son harnachement, elle ajouta :) Il est temps d'aller jeter un coup d'oeil sur ce troupeau de jeunes rennes m‚les.
Les rennes m‚les s'étaient mis en route peu de jours après les femelles.
Ils émigraient à une allure tranquille. Dès qu'Ayla les eut repérés, il ne lui fut pas difficile de vérifier qu'ils suivaient bien la même voie et encore moins de réunir son équipement et de partir au galop afin d'arriver avant eux à l'endroit qui l'intéressait. Elle commença par installer son camp un peu en amont de l'endroit o˘ les rennes femelles avaient traversé la rivière. Puis elle prit son b‚ton à fouir pour ameublir le sol, l'os plat aux bords tranchants qui allait lui servir de pelle pour creuser la fosse, sa tente en peau d'aurochs pour retirer la terre et la transporter, et elle rejoignit le lieu de passage des rennes femelles.
Deux voies principales et deux sentiers secondaires traversaient les buissons qui bordaient le cours d'eau. Elle décida de creuser la fosse dans une des deux voies, pas trop loin de la rivière pour être certaine que les rennes avanceraient alors en file indienne et pas trop près afin que l'eau ne remonte pas dans le profond trou qu'elle allait creuser.
Lorsqu'elle eut fini, le soleil
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