Le clan de l'ours des cavernes
qu'il en f˚t autrement, dit Iza.
- C'est une légende très ancienne, Iza, répliqua Aba, désireuse de défendre son récit. Elle est transmise de génération en génération. Et ce qui se passait il y a bien longtemps ne peut probablement plus se produire aujourd'hui. Comment savoir ?
- Certaines choses étaient peut-être différentes il y a très longtemps, Aba, mais je pense qu'Oga a raison, dit Iza. Un bébé né difforme ne peut pas devenir subitement normal, et il est peu vraisemblable qu'il puisse survivre tout ce temps sans être alimenté. Mais il est vrai que cette histoire est très ancienne. qui sait, elle contient peut-être une part de vérité.
Une fois le repas prêt, Iza prit sa part pour l'emporter au foyer de Creb, Ayla sur ses talons tenant dans ses bras la turbulente petite Uba, qui était très attachée à la fillette. Elle voulait suivre Ayla partout, et celle-ci semblait ne jamais se lasser de l'enfant.
Le repas terminé, Uba se précipita sur sa mère pour téter, mais se mit bientôt à gigoter et à pleurnicher si bien qu'lza finit par tendre le bébé
à Ayla.
- Tiens, prends-la et va voir si Aga ou Oga peuvent la nourrir, lui ditelle entre deux quintes de toux.
- Tu ne te sens pas bien, Iza ? s'inquiéta Ayla.
- Je suis beaucoup trop vieille pour pouvoir m'occuper convenablement d'un petit bébé. Je n'ai pas assez de lait. Uba a faim. La dernière fois, c'est Aga qui l'a nourrie. Amène-la donc à Oga, elle a plus de lait qu'il ne lui en faut.
Iza croisa le regard curieux de Creb mais s'empressa de détourner la tête, tandis qu'Ayla emmenait Uba à Oga, en faisant très attention à sa façon de marcher et en prenant bien soin de garder la tête baissée lorsqu'elle se présenta au foyer de Broud. Elle savait que le moindre écart de conduite lui attirerait la colère du garçon, à qui tout prétexte était bon pour la gronder ou pour la battre ; elle ne voulait surtout pas risquer qu'il lui interdise son foyer au nom de quelque inconvenance. Oga fut heureuse de nourrir l'enfant d'lza, mais sous la surveillance sourcilleuse de Broud, il n'y eut pas de conversation possible. Une fois Uba rassasiée, Ayla la ramena chez elle et s'assit par terre en la berçant, fredonnant tout doucement pour endormir le bébé. Elle avait depuis longtemps oublié la langue qu'elle parlait en arrivant, mais fredonnait toujours en tenant la fillette dans ses bras.
- Je ne suis qu'une vieille femme qui s'aigrit, dit Iza à Ayla. J'ai conçu cette enfant trop tard, je n'ai plus de lait, et il est encore trop tôt pour la sevrer. Elle marche à peine, mais je n'ai pas le choix. Demain je t'apprendrai à lui préparer à manger. Je préférerais ne pas avoir à la confier à une autre femme.
- La confier à une autre femme ! Comment pourrais-tu donner Uba à quelqu'un d'autre ! Uba nous appartient !
- Ayla, je n'ai nulle envie de la donner à qui que ce soit, mais elle doit manger, et je ne peux plus l'allaiter. Nous ne pouvons pas la faire nourrir à la ronde par les autres femmes. Le bébé d'Oga est encore jeune, c'est pourquoi elle a beaucoup de lait. Mais quand Brac grandira, elle aura moins de lait, expliqua Iza.
- Si seulement je pouvais la nourrir moi-même
- Ayla, Je sais que tu es une grande fille mais tu n'es pas encore une femme et tu ne sembles pas prête de le devenir bientôt. Seules les femmes peuvent être mères, et seules les mères ont du lait. Nous allons donc préparer des repas spéciaux pour Uba et voir comment elle réagit. La nourriture pour les bébés doit être préparée de façon particulière. Tout doit être doux sous leurs dents de lait qui ne sont pas assez fortes pour m
‚cher. Il faudra tout réduire en bouillie, aussi bien la viande que les légumes et les graines. Est-ce qu'il reste encore des glands ?
- Il en restait encore la dernière fois que je suis allée voir, mais les souris et les écureuils ont d˚ en grignoter une bonne partie, sans compter ceux qui ont pourri.
- Prends ce que tu trouveras. Nous en ôterons le moisi, et nous les ajouterons, moulus, à la viande. Elle pourra manger des racines aussi.
Heureusement l'hiver tire à sa fin et le printemps va enfin nous permettre de varier les menus !
Iza était heureuse de constater le sérieux avec lequel Ayla l'écoutait.
Plus d'une fois pendant l'hiver elle lui avait été reconnaissante pour son aide empressée. Elle se demandait parfois si Ayla ne lui avait pas été
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