Le clan de l'ours des cavernes
remplirent de larmes. Elle se sentait blessée et quelque peu terrorisée par le vieux magicien. Et, pour la première fois depuis qu'elle partageait la vie du clan, elle comprit pourquoi tout le monde redoutait et admirait le grand Mog-ur. D'un simple regard il lui avait fait comprendre sa réprobation et la distance qui les séparerait désormais.
Comprenant qu'il ne l'aimait plus, elle alla se réfugier auprès d'lza.
- Pourquoi Creb est-il en colère contre moi ? lui demanda-t-elle.
- Je t'avais bien dit de faire tout ce que Broud te demanderait, Ayla. Il a le droit de te commander, lui répondit doucement Iza.
- Mais c'est bien ce que je fais. Je ne lui ai jamais désobéi.
- Tu lui résistes, Ayla. Tu ne cesses de le défier. Tu sais parfaitement que tu es insolente. Ta conduite a nécessairement des répercussions sur Creb et moi-même. Creb a l'impression de t'avoir mal élevée, de t'avoir laissée agir avec trop de liberté envers lui, de sorte que tu te crnis autorisée à agir de même avec n'importe qui. Brun non plus n'est pas content de toi, et Creb en est conscient. Tu n'arrêtes pas de courir, Ayla.
Tu sais pourtant que les grandes filles ne doivent pas courir. Tu fais de dr‘les de sons avec ta gorge. Tu ne mets pas assez d'empressement quand on te demande quelque chose. Tout le monde désapprouve ta conduite, Ayla, et cela fait honte à Creb.
- Je ne savais pas que c'était mal, lza, se défendit Ayla. Je ne l'ai pas fait exprès.
- Mais justement, tu devrais faire plus attention à ce que tu fais. Tu es trop grande à présent pour te conduire comme une enfant.
- Oui, mais Broud est toujours méchant avec moi. Il m'a encore fait mal aujourd'hui.
- Peu importe s'il est méchant, Ayla. Il en a le droit, c'est un homme. Il peut te battre aussi fort et autant qu'il le voudra. N'oublie pas qu'il sera bientôt le chef. Tu dois lui obéir et faire tout ce qu'il te demande au moment o˘ il te le demande. Tu n'as pas le choix, lui expliqua Iza.
(Elle considéra le visage empli de tristesse d'Ayla et se sentit envahie de compassion pour la fillette qui avait tant de mal à accepter les obligations de la vie.) Il est tard, Ayla. Va au lit, maintenant.
Ayla gagna sa couche mais elle ne put trouver le sommeil avant longtemps.
Elle se réveilla très tôt, prit son panier et son b‚ton et partit sans déjeuner. Elle désirait être seule pour réfléchir. Elle grimpa jusqu'à sa grotte secrète et prit sa fronde, mais elle ne se sentait pas d'humeur à
s'entraîner.
Tout est la faute de Broud, pensa-t-elle. que lui ai-je donc fait pour qu'il s'acharne ainsi sur moi ? Il ne m'a jamais aimée. La grande affaire qu'il soit un homme ! En quoi un homme serait-il mieux qu'une femme ? Je me demande quel genre de chef il sera. Zoug est meilleur tireur à la fronde que lui. Et je suis s˚re que je tire mieux que lui.
Elle se mit à jeter des pierres avec colère. L'une d'elles atterrit dans un fourré d'o˘ elle chassa un porc-épic endormi. Les petits animaux nocturnes étaient rarement chassés. Vorn passe pour un prodige parce qu'il a tué un porc-épic. Moi aussi je pourrais le tuer si je voulais. L'animal gravissait un monticule de sable près du ruisseau. Ayla plaça une pierre dans sa fronde, visa et projeta le caillou. Cible facile, l'animal s'écroula.
Ayla, satisfaite de son tir, accourut auprès de sa proie. Mais comme elle se penchait pour toucher la petite bête, elle vit qu'il n'était que blessé.
Le coeur battant, elle contempla le sang qui sourdait de sa blessure à la tête, et elle fut tentée de rapporter le porc-épic à la caverne pour le soigner comme elle l'avait fait avec d'autres animaux. Elle s'en voulait terriblement d'avoir blessé l'animal, et elle savait qu'elle ne pourrait l'emmener à la caverne car Iza avait trop vu d'animaux tues à la fronde pour se méprendre sur sa blessure.
La fillette contempla le porc-épic blessé. Je ne peux même pas chasser, comprit-elle soudain. Et si je parvenais à tuer quelque gibier, je ne pourrais même pas le rapporter au clan. A quoi bon avoir appris à tirer ?
Creb m'en veut déjà suffisamment, que ferait-il s'il savait ? Et Brun ? Je suis censée ne jamais toucher à une arme et encore moins m'en servir ! Brun me chasserait. Alors o˘ irais-je ? qui s'occuperait de moi ? Je ne veux pas partir, pensa-t-elle en fondant en pleurs, bouleversée par la peur et par un sentiment de culpabilité.
Les larmes coulaient le long du petit
Weitere Kostenlose Bücher