Le clan de l'ours des cavernes
visage désespéré. Elle se laissa choir par terre, donnant libre cours à son chagrin. quand elle eut pleuré tout son so˚l, elle se redressa et s'essuya le nez au revers de la main, encore secouée par les sanglots. Je ferai absolument tout ce que Broud me demandera, sans discuter. Et je ne toucherai plus jamais à une fronde. Afin de bien marquer sa détermination, elle jeta son arme dans un buisson, alla chercher son panier et se dépêcha de rentrer à la caverne o˘
Iza l'attendait.
- O˘ étais-tu ? Tu as disparu de toute la matinée et tu reviens le panier vide !
- J'ai réfléchi, maman, répondit Ayla en regardant Iza avec sérieux. Tu avais raison, j'ai eu tort. Mais c'est la dernière fois. Je ferai tout ce que voudra Broud. Désormais, je me conduirai convenablement et plus jamais je ne vais courir ou me tenir mal. Tu crois que Creb m'aimera de nouveau si je suis bien sage ?
- J'en suis certaine, Ayla, répondit Iza en lui faisant une petite caresse, attendrie par les bonnes résolutions de la fillette.
C'est étrange, pensa-t-elle, elle a encore mal aux yeux, comme chaque fois qu'elle croit que Creb ne l'aime plus. Elle est si différente de nous.
J'espère que tout se passera pour le mieux à partir de maintenant.
il
La transformation d'Ayla était stupéfiante. Elle avait changé du tout au tout et se montrait à présent repentante, docile et prévenante envers Broud. Les hommes étaient convaincus que ce changement provenait de l'intransigeance du jeune homme et, en voyant passer la fillette, hochaient la tête d'un air entendu. Ayla offrait la démonstration vivante de leur conviction profonde : si les hommes laissaient faire, les femmes devenaient vite paresseuses et insolentes. Il leur fallait une poigne énergique, la domination et le contrôle des hommes pour devenir des membres productifs du clan et contribuer à sa survie.
qu'Ayla ne f˚t encore qu'une enfant et qu'elle n'appartînt pas au clan ne comptait pas aux yeux de la communauté. Elle était assez grande, par la taille au moins, pour être considérée comme une femme, et les hommes mettaient un point d'honneur à ne pas passer pour laxistes.
Mais c'était dans un esprit de vengeance que Broud appliquait ces principes. Il ne laissait guère de répit à Oga mais redoublait de dureté
envers Ayla, la harcelant sans cesse, la dérangeant pour un rien, la corrigeant à la moindre incartade et parfois même sans raison aucune, pour le plaisir de la frapper. Elle l'avait blessé dans sa fierté d'homme, dans sa virilité, et il entendait le lui faire payer chèrement. Elle l'avait défié, l'avait provoqué, et il s'était retenu trop souvent de la corriger.
Il la plierait à sa volonté et ne lui accorderait aucune gr‚ce.
Ayla, pour sa part, faisait son possible pour lui être agréable. Elle essaya même de prévenir ses désirs, mais mal lui en prit. Broud lui reprocha de s'être crue capable de savoir ce qu'il pouvait désirer. A peine avait-elle franchi les limites du foyer de Creb que Broud l'attendait de pied ferme, et il était difficile à la fillette de rester sans raison chez Mog-ur. On approchait de l'hiver ; il y avait encore de nombreuses t
‚ches à accomplir pour permettre au clan d'affronter la saison froide en toute sécurité. La pharmacopée d'lza se trouvant à peu près complète, Ayla n'avait plus d'excuses pour s'éloigner de la caverne, et le soir, après une journée éreintante, la fillette s'écroulait sur sa couche.
Pour Iza, le changement de comportement d'Ayla avait peu de choses à voir avec Broud. C'était par amour pour Creb plus que par peur de Broud qu'elle s'efforçait de se bien conduire. Iza raconta au vieil homme qu'Ayla avait encore souffert des yeux à la pensée qu'il ne l'aimait plus.
- Tu sais qu'elle était allée trop loin, Iza. Je me devais d'intervenir. Si Broud n'avait recommencé à sévir, Brun l'aurait fait. Cela e€t été plus grave. Broud lui rend la vie misérable, mais Brun a le pouvoir de la chasser.
Troublé par ce qu'lza venait de lui apprendre, Creb passa de longues heures à méditer sur le pouvoir de l'amour, plus grand que celui exercé par la peur. Le sorcier se reprit à regarder Ayla avec tendresse.
Les premières chutes de neige alternaient avec de froides averses. Il gelait au matin mais le temps, entre cette fin d'automne et le début de l'hiver, était instable, et parfois le vent du sud réchauffait brusquement l'atmosphère. Pendant toute
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