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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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retour en France, j’intégrerai une mésèlerie de l’Hôpital.
    — Il faut partir ce soir, c’est déjà trop que d’être
venu là…
    — Mais je ne saigne pas, ce mal ne se transmet qu’…
    — Je sais ce que disent les Mahométans !
D’ailleurs, regarde-moi : ai-je peur de te prendre la main ? Et
Tripoli ! Il t’aurait baisé sur la bouche s’il en avait eu la force !
    — Je sais, dit Morgennes.
    — Assez bavardé. Prends Massada, Fémie et l’enfant avec
toi.
    — Il en sera fait selon tes ordres, beau doux frère
commandeur.
    Comme ils allaient sortir de l’étuve, Beaujeu reprit :
    — Retrouve ton épée.
    — Crucifère, Crucifère. J’ai l’impression d’avoir passé
ma vie à la chercher…
     
    Le corps du sergent avait été posé sur une table, dans la
chapelle du krak. Des frères priaient à genoux pour la paix de son âme. Il
serait enterré tout à l’heure dans le petit cimetière du château, ensuite
seulement une messe serait dite – conformément aux coutumes orientales qui
voulaient qu’on enfouisse au plus vite les morts, dont les chairs se
décomposaient rapidement. De chaque côté du corps, dans la lumière des cierges,
de l’encens brûlait dans des pots. Une fumée compacte montait dans l’air saturé
de chaleur. Des mouches bourdonnaient sans que les prêtres se soucient de les
chasser.
    Beaujeu et Morgennes entrèrent, et le frère chapelain courut
à leur rencontre. Il semblait à la fois heureux de voir le frère commandeur et
furieux de voir Morgennes, qui était à ses yeux pire qu’un infidèle : un
lâche et un laps.
    — Il est ici parce que je le veux, dit Beaujeu sans
laisser au frère chapelain le temps d’ouvrir la bouche. Mène-nous près du
corps.
    — Le voici, dit le frère chapelain, tête basse, en
indiquant le malheureux sergent.
    Deux clercs s’affairaient autour de lui, l’asseyant sur la
table de bois pour défaire les lanières de son haubergeon, lui ôter sa chemise
et ses braies ensanglantées ; après quoi ils le laveraient et lui
passeraient la tunique de lin blanc dans laquelle il serait inhumé.
    — Sait-on ce qui l’a tué ? demanda le frère
commandeur.
    — Il a perdu trop de sang, beau doux seigneur, répondit
le frère chapelain.
    Morgennes et Beaujeu s’approchèrent pour mieux l’examiner.
    — Attention ! dit soudain Morgennes aux clercs qui
retiraient l’armure du défunt sans prendre garde aux flèches qui l’avaient
transpercé.
    Apeurés, ils interrompirent leurs mouvements, et Morgennes
extirpa délicatement du frère sergent deux pointes de la longueur d’une main.
    — Voici ce qui l’a tué, dit-il en présentant l’une
d’elles à Beaujeu. Ces flèches sont particulières. Elles sont trempées dans du
poison et sont uniques en leur genre. À ma connaissance, seuls les Maraykhât
sont capables de les fabriquer.
    — Les Maraykhât ! Mais que feraient-ils par ici ?
demanda le frère commandeur.
    — Ils auront flairé l’or, poursuivit placidement
Morgennes.
    Puis il considéra le corps avec attention, promenant sa main
sur ses blessures, les scrutant avec soin.
    — Elles ont traversé son haubergeon si facilement, et…
regardez.
    Il enfonça l’index dans l’une des plaies, à la hauteur du
sein droit.
    — Je n’avais jamais vu ça…
    Comme il retirait son doigt, un peu de sang et du liquide
qui ressemblait à de l’eau coulèrent sur la poitrine du mort. Beaujeu
constata :
    — Il saigne encore…
    — Ce qui signifie ? demanda le frère chapelain,
pour qui ce phénomène tenait du miracle.
    — D’ordinaire, passé un certain temps, le sang s’arrête
de couler. Soit ce frère sergent a rendu l’âme il y a peu, soit son métabolisme
a été modifié, dit Morgennes.
    — Modifié ? C’est-à-dire ? insista le frère
chapelain.
    — Les Maraykhât utilisent souvent un poison pour
fluidifier le sang, expliqua Morgennes. Cela cause des hémorragies terribles
dont on ne se rend pas toujours compte sur le moment. C’est d’ailleurs un
miracle qu’il soit resté suffisamment de sang dans le corps de cet homme, après
toutes ses blessures, pour couler au moment où j’ai retiré mon doigt…
    Alexis de Beaujeu avait un air soucieux, tout à la fois
déconcerté et embarrassé.
    — La flèche n’est pas l’homme, dit-il enfin. Que ces
flèches aient été fabriquées par les Maraykhât, je le veux bien, mais qu’elles
aient été tirées par eux, cela

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