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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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tournant.
     
    C’est ainsi qu’il avait rejoint les rangs des fameux
« Templiers blancs ». Ils s’appelaient entre eux « Templiers de
la première loi », parce qu’ils se comportaient comme les Templiers des
origines, humbles, et sans écuyers ; faisant tout par eux-mêmes, ne
comptant que sur leurs propres forces. C’était avant que l’ordre ne reçoive la
croix vermeille. Avant même que Sa Sainteté Innocent II ne rédige la bulle Omne Datum Optimum  – source de tellement de bénéfices que la jalousie
de nombreux ordres monastiques s’en était trouvée excitée, comme les braises
d’un feu qu’on attise.
    Wash el-Rafid leur avait dit : « La Vraie Croix
est perdue. Tant que nous ne l’aurons pas retrouvée, tant que vous ne
l’aurez pas retrouvée, interdiction de porter la croix sur votre manteau.
N’oubliez jamais que c’est vous qui êtes à son service, et non
l’inverse. »
    Ce à quoi les quelques hommes de l’unité d’élite du Temple
avaient répondu d’une seule voix en reprenant le cri des premiers
croisés : « Le Christ vit, le Christ règne, le Christ seul
commande ! »
    Certains étaient si enragés qu’ils parlaient, si jamais
Jérusalem venait à tomber, d’aller prendre La Mecque et Médine, et d’y
commettre tant de ravages que l’enfer en comparaison serait le paradis.
    La plupart refaisaient l’histoire, s’emportant contre ces
croisés de la première heure qui n’avaient pas su aller jusqu’au bout de leur
mission et s’en étaient repartis après avoir libéré Jérusalem, alors qu’il eût
fallu pousser jusqu’à Bagdad pour s’assurer la victoire.
    Le plus fou d’entre eux, le plus terrible aussi, était ce
colosse appelé Kunar Sell, à la croix rouge tatouée sur le front. Simon et lui
étaient allés à Damas défier l’autorité mahométane. Leur mission consistait à
acheter un esclave, un ancien chevalier de l’Hôpital répondant au nom de
Morgennes. Simon ne le connaissait pas, ne savait rien des raisons pour
lesquelles il fallait « s’emparer » de cet homme, mais s’était
exécuté sans mot dire.
    Simon était heureux. Enfin !
    Quelques jours après cette mission, qui s’était soldée par
un échec mais leur avait permis de se faire de nouveaux alliés, un pigeon
voyageur s’était posé au Chastel Blanc. Les Templiers de la première loi –
neuf en tout, comme l’étaient les premiers « Pauvres chevaliers du
Christ » – avaient immédiatement quitté la forteresse pour rallier un
bataillon de fidâï détaché d’El Khef par le puissant chef des Batinis,
Rachideddin Sinan. Quelques bédouins de la tribu des Maraykhât les accompagnaient.
Ensemble, ils avaient attaqué une caravane chargée de convoyer de l’or pour le
compte de l’Hôpital. L’étendard de saint Pierre avait été confié à Simon, ce
qui était un grand honneur. Sous son heaume blanc, il était rouge de plaisir.
    Pourtant, jamais il n’aurait cru possible de s’allier à des
Mahométans. Quant à combattre des chrétiens… Mais leur sénéchal, un homme
emmailloté de chaînes et monté sur un cheval rouge sang, leur avait dit :
« Dieu le veut ! C’est le Christ qui commande ! »
    Ils avaient chargé au cri de « Montjoie ! ».
    Simon s’était dit que les Hospitaliers avaient dû commettre
une faute horrible. Qu’ils étaient sur la voie du péché. Certainement, on lui
expliquerait tout plus tard. Le pape était de son côté. Il n’avait rien à craindre.
Non content d’être un miles Christi, il se doublait d’un miles sancti
Pétri (soldat du pape). Il ne pouvait avoir tort. Dieu était avec lui. Il
s’appliquait à lutter sans haine et sans pitié contre ces égarés, pleurant sous
son heaume, mouillant sa courte barbe de larmes en décimant ces chevaliers de
l’Hôpital qui préféraient mourir plutôt que de le frapper. Il se rassérénait en
se répétant ce que Wash el-Rafid leur criait chaque fois qu’ils partaient se
battre : « Dieu efface les fautes de ceux qui combattent pour
Lui. » Ce que Simon ignorait, c’est que c’était un verset du Coran. Au
sein de l’unité d’élite du Temple, Simon avait le sentiment d’assouvir tout ce
à quoi son âme, son cœur, sa soif d’aventure et ses forces physiques
aspiraient. Il n’y avait plus contradictions ni souffrances, il n’y avait
qu’une grande joie exaltante, l’impression d’être unique, de vivre un moment
historique. La certitude

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