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Le Coeur de la Croix

Le Coeur de la Croix

Titel: Le Coeur de la Croix Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: David Camus
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devenaient relaps. Et il fallait les tuer…
    Enfin, après la prière, Morgennes et Yahyah remontèrent dans
la carriole, Yahyah à l’arrière, Morgennes à l’avant, et le petit groupe reprit
sa route.
    Ils franchirent des déserts et des plaines, se tinrent à
l’écart des chemins les plus fréquentés, s’efforcèrent constamment de prendre
par des champs auxquels des combattants chrétiens ou mahométans avaient bouté
le feu pour incommoder l’adversaire.
    Leur parcours les mena à travers des villages aux maisons
incendiées. Bien que la région fût loin des zones de combat, nulle part ils ne
virent d’habitants : ceux-ci s’étaient mis à l’abri des murailles de Tyr,
Tripoli ou Tortose. Les pillards s’en donnaient à cœur joie. Ils prenaient par
surprise des paysans trop fatigués ou trop vieux pour partir, ceux qu’un trop
grand afflux de réfugiés avait empêchés d’entrer dans la ville, et fondaient
sur eux comme des loups sur leur proie.
    C’étaient parfois d’anciens croisés, ou leurs descendants,
qui ne trouvaient rien de mieux à faire que de s’attaquer à leurs propres gens,
et de les terroriser. Parmi ces bandits se trouvaient des Templiers, tels Kunar
Sell ou François du Meslier, ainsi que de petits seigneurs, comme Raoul de
Ménibrac ou Jean de Saint-Alban – ce dernier s’étant mis au service de
Saladin et lui versant la moitié de ce qu’il volait en échange de sa
protection.
    Ces traîtres emmenaient tout ce qui ressemblait à une femme
ou à un enfant, s’emparaient de ce qui pouvait se vendre, et massacraient le
reste.
    C’est ainsi que Fémie, Morgennes et Massada virent des
hyènes, le museau taché de sang, le poil luisant de sueur, errer parmi les
ruines d’un hameau chrétien à la recherche des morts. Elles avaient si bien
gratté la terre que par endroits des corps – qui les avait
ensevelis ? – avaient été sortis de leur trou pour être dévorés. Leur
tête aux chairs décomposées levait vers le ciel des yeux aussi vides
qu’effrayants. On interdit à Yahyah de les regarder, mais il les observa quand
même à travers les doigts que Fémie avait plaqués sur son visage. Une odeur
nauséabonde s’exhalait de ces cadavres : s’ils avaient eu un peu plus de
temps, ils auraient pris la peine de les remettre en terre. Mais d’ailleurs, à
quoi bon ? Les hyènes reviendraient les exhumer.
    Ils poursuivirent leur route, priant pour ne pas tomber sur une
de ces bandes qui, aux malheurs de la guerre, ajoutaient la rapine et le
meurtre.
    Morgennes avait recouvré la plupart de ses forces. Bien que
borgne, il se sentait aussi capable qu’aux premiers jours de juillet. À un
détail près : son épée lui manquait. L’absence de Crucifère commençait à
se faire cruellement sentir, et sa main droite s’engourdissait. Hier, l’ongle
de son pouce était tombé. Sa chair, mise à nu, avait un peu saigné.
Aujourd’hui, elle brunissait, tandis que ses doigts étaient gagnés par une
sorte de raideur.
    Il poussa un profond soupir et ferma l’œil. Il se remémora
ses blessures les plus récentes, à l’œil, à l’épaule et au flanc, et fut
content d’avoir été si bien soigné. Néanmoins, quand il se passa la main sur le
côté, il sentit un bourrelet de chair épaisse, cicatrice qui ne s’effacerait
jamais.
    Le roulis de la carriole lui donna envie de dormir. Il avait
perdu l’habitude de voyager ainsi. Alors, pour se tenir éveillé, il se
représenta le krak des Chevaliers, qu’ils ne tarderaient pas à voir se dresser
sur l’horizon. Le lac derrière eux, les premiers contours du djebel Ansariya
apparaîtraient bientôt, ainsi que, les dominant comme une proue de navire, les
robustes murailles du krak.
    Celui-ci fermait la trouée de l’émirat de Homs d’où l’on
accédait par voie de terre à Tortose ou à Tripoli. Il donnait aux Francs de
Terre sainte un avantage considérable, en termes de terrain et de temps :
Non seulement le krak permettait de détecter longtemps à l’avance l’arrivée
d’une armée ennemie, mais aussi de la maintenir sous la domination de ses
remparts.
    Plus de deux mille hommes s’y entassaient en temps normal.
Tous n’étaient pas des soldats, encore moins des chevaliers, mais jamais on
n’avait vu réunie au même endroit – sauf peut-être à Jérusalem, avant la
guerre – pareille concentration de cavaliers et de gens d’armes d’aussi
belle qualité.
    Morgennes comptait parmi eux

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