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Le combat des ombres

Le combat des ombres

Titel: Le combat des ombres Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Andrea H. Japp
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toute la vérité, tant sur vous-même que sur les autres. Le jurez-vous sur Dieu et sur votre âme ?
    – Je le jure. Que Dieu me vienne en aide si je tiens mon serment. Qu'Il me condamne si je me parjure.
    – Fort bien. Notaire, prenez acte du serment du comte d'Authon.
    Jacques du Pilais serra sa cape blanche autour de lui comme s'il luttait contre le froid. Artus détailla les longues mains décharnées crispées sur les pans à la manière de serres. L'inquisiteur rejoignit la lourde table et se tourna à nouveau vers Artus.
    – En l'an de grâce 1304, le 5 du mois de novembre, a comparu ici même, devant le seigneur inquisiteur Nicolas Florin, une Agnès, Philippine, Claire de Larnay, dame de Souarcy. Les soupçons formés à son égard étaient d'une extrême gravité : complicité d'hérésie, voire hérésie, aggravée d'un culte de latrie. Mes frères Robert et Foulque ont parcouru, en ma compagnie, les carnets de procès de notre frère Nicolas. Peut-être l'ignorez-vous, mais il est fait obligation aux seigneurs inquisiteurs de les tenir avec la plus grande application…
    Artus en était informé depuis que messire Joseph l'avait conduit pas à pas dans le labyrinthe de la procédure inquisitoire. Ces carnets ne servaient en aucune manière à contrôler l'équité d'un inquisiteur. Ils n'avaient d'autre but que d'éviter qu'un détail, aussi minime soit-il, échappe à l'attention des juges. Ainsi pouvait-on espérer un jour rejuger un disculpé pour un autre motif.
    – … Y sont relatées par le menu les étapes du procès de celle qui devait devenir peu après votre deuxième épouse, le parjure de sa fille, éventé par la vigilance de nos frères dominicains, et, bien sûr, le début de la Question… La procédure fut scrupuleusement respectée par Nicolas Florin. Notre infortuné frère tomba quelques jours plus tard sous la lame d'un inconnu. Une enquête vite expédiée conclut à une rencontre avec un soudard ramassé dans un bouge quelconque. Le trépas de Florin intervenant le lendemain du début de la Question, la conviction que Dieu avait jugé et protégé l'innocence, en la personne de madame de Souarcy, ne fit bientôt plus de doute pour personne. Sommes-nous en accord jusque-là ? s'interrompit l'inquisiteur en fixant Artus.
    – Nous le sommes. À ceci près qu'à son décès se sont étalés tous les vices de Nicolas Florin, cruauté, péché de chair, perversité, goût du lucre, sans oublier les extorsions d'argent ou de biens dont il se rendit coupable. Je ne mentionne même pas les infamantes rumeurs de sorcellerie qui coururent à son sujet. Il n'en demeure pas moins que, en grande justice et sagesse, l'évêque décida qu'il serait enterré en terre non consacrée.
    – Nous savons tout cela, acquiesça Jacques du Pilais d'un ton attristé. Toutefois, nous ne sommes pas réunis aujourd'hui à fin de juger un défunt. Ce serait usurper l'ineffable prérogative de Dieu. En revanche, il nous revient la redoutable tâche d'apprécier la véracité de Son jugement. S'est-on ignoblement servi de la gloire du Tout-Puissant afin de disculper madame de Souarcy ? A-t-on poussé l'inacceptable blasphème jusqu'à assassiner le seigneur inquisiteur ?
    – Comment pourrais-je vous aider à résoudre cette épineuse question ? Je n'ai rencontré le seigneur inquisiteur Florin qu'à une occasion, ici même, alors que je venais plaider la cause de madame de Souarcy. Il m'a rapidement éconduit. Nous ne nous sommes jamais revus.
    – En vérité ? Dois-je vous rappeler votre serment de tout à l'heure ?
    – Je jure sur les quatre Évangiles que je n'ai jamais revu Nicolas Florin.
    Une voix lente s'éleva, celle de Foulque de Chandars. Il lut le témoignage qu'Artus avait parcouru dans le bureau d'Agnan, quelques minutes auparavant :
    Je jure devant Dieu que je n'agis sous aucune contrainte et ne suis guidé par nulle haine ou vengeance. Peu avant le meurtre du seigneur inquisiteur Florin, le seigneur d'Authon m'a offert de beaux deniers d'argent si je suivais ledit Florin qu'il me désignerait au moment où il sortirait de la maison de l'Inquisition. Afin de récupérer la deuxième moitié de la somme, je devais rejoindre le seigneur d'Authon en l'auberge de la Jument-Rouge et lui apprendre l'adresse personnelle du seigneur inquisiteur ; ce que j'ai fait.
    – C'est mensonge, déclara platement Artus d'Authon. Je n'ai jamais revu ce galapiat. Je l'ai

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